Chapitre 6 - Janvier - Dérapage incontrôlé

98 4 18
                                    


Théoxane, Lucille et Juliette avaient découvert une nouvelle Alice. La journée passée sur les Champs Elysées pour faire du shopping avait été instructive quant à l'état d'esprit de la jeune femme aux cheveux de jais. Elle avait acheté des dizaines de robes, toutes plus belles les unes que les autres, des débardeurs qui lui donnaient un air romantique, chic ou mature (pour les évènements du magazine), des pantalons moulants, slim, jegging, même un plus larges resserrés aux chevilles qui lui faisait des fesses sexy, un pull en cachemire anthracite dévoilant ses épaules et des bijoux par centaines... Théo n'en revenait pas, il y en avait pour des centaines d'euros. Heureusement, c'était la dernière semaine de solde, sinon la jeune chroniqueuse aurait dépensé le double.

- J'ai économisé pour acheter une maison avec David. J'ai passé environ deux ans à compter le moindre centime et à m'habiller comme une nonne. J'ai décidé de changer et de me faire plaisir.

- On voit ça, souffla Juliette, emmitouflée dans son caban en feutrine beige et son écharpe brun foncé.

- Et j'ai toujours rêvé d'avoir un vernis à ongle Dior ! avoua Alice en montrant le mini sac Dior, des étoiles plein les yeux.

- J'aime bien quand tu craques, fit Lucille. J'ai l'impression d'être raisonnable.

Mais elle avait dépensé la moitié de son budget juste en chaussure, ce qui lui permit de recevoir un regard qui juge de la part de Théoxane.

- Si je devais craquer chaque fois que je passe ici, commença Juliette, je serais à la rue.

- Écoutez la parisienne, ici, se moqua Lucille. « Moi, madame, je vis près des Champs Élysée, c'est tellement underground... » ajoute-t-elle d'une voix pompeuse.

._._._._._._._._._._._.

Les jours qui avaient suivis, Margaux avait évité Hugo comme la peste. Il était nocif pour elle s'il lui faisait un tel effet en l'embrassant. Elle avait commencé à ressentir ça avec BMS et heureusement, elle avait mis fin à cette histoire avant de trop s'attacher. Elle était une femme libre, sans sentiment et elle comptait bien le rester !

Sur les pistes, Justine, Antonin, deux ingénieurs et elle avaient vidé toute leur énergie. Pour éviter de manquer trop vite de la sensation qu'elle éprouvait en skiant, Margaux profitait un maximum, gueule de bois ou pas, le vent gerçant ses lèvres pourtant grasses de baume à lèvre, le soleil bronzant sa peau autour de ses énormes lunettes. Pour éviter les problèmes, elle n'avait plus embrassé personne en soirée. A vrai dire, elle ne s'était plus vraiment amusée non plus. Dès qu'elle fermait les yeux, elle repensait à ce baiser avec Hugo, à la sensation de bien-être qu'elle avait ressentie. Elle avait beau chercher dans sa mémoire (ça avait failli lui coûter un bras sur les pistes), elle ne se souvenait pas avoir été aussi bien un jour juste en embrassant un mec. Malheureusement, ce n'était pas avec le bon. Elle avait rêvé que ce sentiment naîtrait avec le mec de ses rêves, pas avec un gamin plus jeune qu'elle, frère d'une de ses meilleures amies.

._._._._._._._._._._.

(One Last Time – Ariana Grande)

Le départ se rapprochait pour les skieurs qui profitaient de leurs dernières journées. Un des bleus était déjà presque en coma éthylique à quinze heures. À l'heure du repas, tous les étudiants étaient ivres. Justine était pendue au cou d'un bleu encore plus ou moins en état et lui susurrait des mots à l'oreille –certainement des mots cochons, pensa Margaux qui avait du mal à rassembler ses idées mais qui avait l'œil pour remarquer quand Justine allait croquer une proie. Margaux était assise en tailleur sur le plan de travail de la cuisine, une cigarette entre les doigts, expirant par la fenêtre entre-ouverte tout en discutant avec des amis de Benjamin. Benjamin qui n'était pas là d'ailleurs. Certainement encore en train de baiser avec Carole. Depuis le soir où Hugo et elles s'étaient embrassés, des bruits courraient à propos du Vice Pré et de la brunette mais Margaux attendait qu'il vienne se confier lui-même. Pour l'instant, il n'avait apparemment rien à déclarer, contrairement à ses compagnons de chambres qui râlaient de ne pas pouvoir disposer de leurs quartiers à leur guise.

Embrassez qui vous voudrezOù les histoires vivent. Découvrez maintenant