Chapitre 8 - Mars - Il y en a une qui profite!

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Finalement, ils réussirent à la convaincre. Le policier insista pour attendre avec elles, ce que Margaux trouva louche. Méga louche même. Mais Théo, elle, trouva ça incroyablement gentil. Plus le temps passait, plus Margaux se plaignait de douleur au crâne et à l'épaule. Mais après examen, ces plaintes se révélèrent légitimes étant donné qu'elle avait un muscle froissé et une légère commotion. Théo s'en sortait avec des ecchymoses le long de la ceinture de sécurité. Après les résultats, le policier, qui les pria de l'appeler Silvano, proposa de les ramener jusque chez Théo. Au bout du rouleau avec le contrecoup de l'accident, les filles acceptèrent. Quand elles arrivèrent à la maison, il faisait nuit et Luce ne faisait pas la gueule. Au contraire, elle se jeta au cou de sa sœur, imitant Louane et Axelle.

— Tu nous as fait peur ! la gronda Luce. Plus jamais tu nous envoies quelqu'un sans nous expliquer ce que tu as.

— J'ai rien, c'est Margaux qui a tout pris, fit remarquer Théo en pointant Margaux et son bras en écharpe du doigt.

— Ah ! gémit Luce dégoûtée. Ton visage est trop bizarre !

— Je t'avais dit que j'étais défigurée ! s'écria Margaux, horrifiée. Mon visage ! Mon beau visage !

— Pourquoi ce n'est pas Val qui est venu ? interrogea Louane avec sa petite voix qui faisait culpabiliser le monde entier quand elle voulait.

— Parce que. Je vous présente Silvano, il est policier. Je l'ai invité à manger avec nous puisqu'il a veillé sur Margaux et moi.

— Ouh, un policier ! On te pardonne alors ! se moqua Axelle en roulant des épaules.

Théo se retourna un peu gênée vers le jeune policier et lui sourit. C'est vrai qu'il était beau comme un dieu. Sous son sweat à capuche zippé bleu marine ouvert sur un t-shirt gris souris, on pouvait deviner une musculature plus qu'agréable.

— J'espère que vous aimez les pâtes à la carbonara, souhaita Axelle. Parce que Théo est très à cheval sur le menu de la semaine et c'est ce qui est prévu pour ce soir.

— Je t'en prie, tutoies-moi, je ne suis pas un vieil homme, proposa Silvano en lui décochant un sourire à tomber.

Théoxane insista pour que Margaux s'asseye sur une chaise et Axelle l'aida à préparer le repas. Silvano accepta avec chaleur le verre de jus de fruits que lui proposait la plus jeune de la maison. Comme d'habitude, pour l'apéro, Louane brancha très fort la chaîne Hi-Fi et choisi pour l'occasion l'album best of de Céline Dion sur l'iTunes. Margaux qui adorait faire la folle, décida de créer une chorée avec la petite qui ne demanda qu'un seul bras. Cependant, elle préféra rapidement se reposer, son cerveau voulant d'après elle, sortir par ses trous de nez. Pendant ce temps, Théoxane discutait avec Silvano dans la cuisine.

— On dirait que vous êtes bien retombées sur vos pattes, fit remarquer le beau policier.

Les joues rosies, Théo acquiesça.

Le weekend, Alice alla tenir compagnie à Margaux qui se plaignait de sentir la mort arriver. Dans sa chambre d'étudiante, Margaux végétait en recevant les bons soins de sa meilleure amie. Alors qu'elles regardaient un film à l'eau de rose, Alice reçu un message de Ben auquel elle ne répondit pas.

— Pourquoi tu l'as à peine lu ? l'interrogea Margaux.

— C'est Ben.

— Je m'en doute.

— Il demande pour me voir.

La blonde remonta la couverture sur elle et se retourna vers l'écran.

— C'est bon, vas-y.

— Non, je suis venue pour toi. Je ne suis pas à sa disposition. Tu m'as bien appris ça.

Elles se sourirent et se replongèrent dans le film. Jusqu'à ce que la sonnerie de la porte d'entrée résonne.

— C'est Ben, signala Margaux en montrant son téléphone. Je lui ai dit de passer te chercher.

— Mais... Pourquoi ?

— Parce que tu mérites qu'on se bouge pour toi. Vas-y, file.

Alice n'avait pas assimilé ce qui venait de se passer mais s'habilla en vitesse et rejoins Ben à la porte.

Il avait envie de se promener. Un samedi soir sur Louvain-la-Neuve, en hiver, il ne se passait pas grand-chose. Mais il insista pour aller au moins boire un verre. Sans même le montrer, Alice était aux anges. Elle avait l'impression qu'elle sortait peu à peu du placard dans lequel elle était enfermée. Comme si elle méritait enfin d'être montrée. Bien sûr, les petites réflexions de David restaient imprimées dans sa mémoire mais quand Benjamin l'attirait contre lui dans un coin noir pour lui faire croire qu'il l'emmenait dans une ruelle malfamée, elle sentait son cœur rire de bonheur.

Ce samedi, Benjamin oubliait tout. Il oubliait de se cacher, d'être comme il faut. Il profitait dans les rues désertes avec celle qui lui montrait ce qu'était le bonheur. Les joues rosies par le froid qu'ils venaient de quitter, elle était magnifique, là en face de lui dans ce restaurant. Sans savoir pourquoi, il avait eu envie de lui sortir le grand jeu. Lui faire goûter au bonheur. Ce n'était pas son genre, le romantisme, mais elle était si patiente et si douce qu'il se doutait qu'il n'en existait pas mille des filles comme elle. Il osait se confier à elle et elle ne le jugeait jamais. Il parlait de ses peurs, de ses cours, de son comité, elle comprenait tout sans jamais lui dire qu'il se faisait du souci pour rien. Avec elle, il pouvait être vrai. C'était si facile d'être lui-même face à elle. Elle le conseillait, elle écoutait et le félicitait lorsqu'il prenait les bons choix. C'était plaisant. C'était rassurant. Il aimait ça être rassuré. Savoir qu'elle acceptait la relation sans jamais lui mettre la pression. Elle était différente.

Dans sa chambre d'étudiante, devant la fin du film, Margaux faisait l'état des lieux de sa vie. Elle était seule. Définitivement seule. Pourtant, elle n'avait pas l'impression de le faire exprès. C'est juste que jamais elle ne s'attachait aux hommes comme les autres filles. Elle refusait de croire qu'elle se protégeait. Le déni dans lequel elle baignait lui donnait l'impression de se faire jeter à chaque fois. Son cœur s'était brisé les deux matins où Hugo s'était levé. Et le jour où BMS s'était présenté saoul. Elle envoya un message. Que le destinataire reçu et lu. Et quelques minutes plus tard, l'on sonna à la porte.

— Ça va, marraine ? s'enquit Antonin en passant la porte qu'elle lui avait ouverte.

— Non, t'es le seul type que j'accepte de fréquenter en ce moment.

Il se pencha en souriant et l'étreignit.

— J'ai du chocolat dans mon sac. Le noir de noir de Côte d'Or.

— Mon préféré, saliva Margaux en relâchant son filleul de baptême.

Je sais, marraine. Je sais.    

Embrassez qui vous voudrezOù les histoires vivent. Découvrez maintenant