Chapitre 8 - Mars - Perdre la tête

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Théoxane était DÉ-BOR-DÉE. Elle courrait partout entre son stage, les petites et la maison, elle ne savait plus comment s'organiser. De plus, elle ignorait le pourquoi de l'affaire mais Valentin était de moins en moins là. Il avait apparemment été promu à un nouveau poste et ne passait plus trop à la maison du bonheur. Elle avait bien eu l'idée de dézinguer la chaudière histoire d'avoir une raison de l'appeler mais ça avait un côté psychopathe, un côté désespéré et un côté immature. S'il lui manquait vraiment, elle n'avait qu'à passer un coup de fil et voilà. Mais elle avait décidé de ne rien lui envoyer tant qu'il n'envoyait rien. Et ça faisait une semaine qu'elle n'avait plus vraiment de nouvelles. Déjà à l'anniversaire de Margaux, il avait été assez distant et depuis, silence radio. Pourtant, elle avait beau remuer dans sa mémoire, elle n'avait rien dit qui mérite tant de distance.

Aujourd'hui, samedi, c'était le jour des courses. Et Margaux avait accepté de venir lui tenir compagnie dans cette épreuve. D'habitude c'était Valentin qui venait pour les courses du mois parce qu'il aimait faire comparer les prix ou un truc du style. Mais Théo avait attendu jusqu'à dix heures trente et il ne s'était pas pointé. Il avait intérêt à avoir une bonne raison pour la planter là.

— J'ai mis mon K-way comme ce sont les giboulées ! s'écria Margaux en arrivant près de la porte de la cuisine, Théoxane étant déjà prête à partir.

— Il est en imprimé léopard avec des tirettes roses...

— Classe, hein ? se vanta Margaux avant de tourner sur elle-même.

Au moins, Théo ne la perdrait pas dans le magasin. Elle n'aurait qu'à demander à faire un appel pour la petite Margaux en K-way qui pique aux yeux.

— On y va ! En route pour le Aldi puis le Lidl pour terminer par le Colruyt ! déclara Théo.

— Quelle expédition !

Faire les courses avec les petites c'était une corvée. Mais avec Margaux, c'était pas loin d'être la même idée. Elle commentait tout, c'était amusant mais aussi un peu gênant quand les passants se retournaient pour la juger du regard. Elle parlait fort et rigolait tout le temps. Mais au moins, elle avait le don de lui changer les idées. Théo oublia ses préoccupations le temps des trois magasins. Dans la voiture pour rentrer, Margaux s'endormit contre la vitre. Ce qui mérita un snap chat d'après Théo qui s'arrêta sur un trottoir du village proche de la maison pour la photographier. Mais à peine eût-elle fait la photo que quelqu'un lui rentra dedans, en pleine face, déclenchant les Air Bag. Le bruit lors de l'impact glaça le sang de Théo, qui se paralysa, choquée.

Le mec était arrivé devant, dans le mauvais sens. Le capot était écrasé. Sa voiture. Théo n'y croyait pas. Sa. Putain.De. Voiture. Son pare brise était entièrement fissuré, la résine de monsieur Cargalss ne pourrait même pas sauver ça.

Margaux s'était réveillée et gémissait de douleur à cause de la ceinture qui lui avait explosé l'épaule et la clavicule.

— Oh mon dieu, murmura Théo en se détachant.

Une vieille dame arriva et frappa à la fenêtre.

— Ça va mademoiselle ? Vous n'avez rien ?

Théo observa Margaux qui se tenait le sternum en grimaçant.

— Je pense que ça va. Sors Margaux.

Elle ouvrit la portière en même temps que le conducteur en face qui titubait. La portière lui semblait lourde, son bras l'élançait.

— C'est quoi ce bordel ? demanda-t-elle.

— Désolée. Y a pas de mal, j'espère ?

— Vous êtes bourré ? Je rêve ! s'exclama Margaux en reconnaissant la voix typique du bourré.

Embrassez qui vous voudrezOù les histoires vivent. Découvrez maintenant