Un passé accroché [ EN REECRITURE ]

Chapitre 3

Je me rends pour la deuxième fois dans le bureau du directeur. Il doit me faire visiter le lycée. On commence par la partie administrative avec son bureau, le secrétariat, la vie scolaire, la comptabilité et... l'accueil.

Il m'emmène ensuite devant un couloir interdit aux élèves, nous n'avons pas le droit d'y aller, sous aucun prétexte. C'est ici qu'il y a la salle des professeurs. Nous nous dirigeons ensuite vers les laboratoires-il y en a quatre-, puis vers la salle de musique, voisine de celle d'art plastique. Mais ces salles ne servent que pour ceux ayant l'option art, donc, pour les élèves comme moi. 

Il me montre du doigt la cour de récréation, qui parait plutôt petite, et m'emmène au self: 

"-Je suppose que tu connais déjà le lieu ?

-Oui oui, bien sûr, mais contrairement à tout à l'heure, il est presque vide. 

- Oui, c'est normal, les cours recommencent bientôt.

-Ah... oui... bien sûr"

Je n'ai pas vraiment envie de retourner en cours, j'ai peur de la réaction de mon fameux professeur d'anglais. On peut dire que pour un premier jour je ne passe pas si inaperçue que ce que j'aurais voulu...

Le directeur retourne dans son bureau et me laisse de nouveau seule, mais cette fois,  dans les couloirs où là il n'y a vraiment personne sauf une ou deux mouches par-ci, par-là. Même pas un camarade de ma nouvelle classe ! Je suis perdue, au milieu de ces grands murs grisâtres dont la peinture s'écaille.

"-Ah encore toi ! cria Mme.SHARON, tu t'es perdue c'est ça ?!

-Euh...

-Bon allez suis -moi , t'as de la chance que j'ai du cœur !"

A peine ai-je eu le temps de parler qu'elle m'attrape violemment par le bras et me traîne jusque dans la cour.

Une fois dans la cour, j'aperçois de loin les filles. Elles commencent à s'avancer vers moi, mais je n'ai aucunement envie de leur parler. Elles ont été très gentilles avec moi, mais je ne souhaite pas être obligée de parler de mon départ si brutal de tout à l'heure, et je n'ai pas l'attention d'avoir des amies non plus. Je commence donc à me détourner et à marcher, lorsqu'une main se pose sur mon épaule. Je n'ose pas me retourner et part en courant. J'entends Karine crier "Eh! attends nous Ana". Mais je l'ignore. Je cours le plus vite que je peux et le plus loin. Arrivée à la limite de la cour, à bout de souffle, je me laisse tomber dans le coin et mes larmes coulent sans que je puisse les arrêter. Leur chaleur inonde mon visage, laissant derrière elles des traces séchées par le sel contenu dans mes pleurs. Pourquoi je ne le connais pas ? Pourquoi ma mère me cache son histoire avec lui ? Pourquoi j'ai constamment l'impression d'être la seule à ne pas connaître mon passé, la rencontre de mes parents etc ... ce qui fait de moi ce que je suis aujourd'hui ? Pourquoi Dieu me prive-t-il d'une vie de famille ? Et d'une vie normale, tout simplement ? Pourquoi j'ai l'impression d'être haie par l'ensemble de ma classe ? Pourquoi mon passé fut si violent ? Pourquoi elle m'a fait ça ?  Pourquoi J'AI fait ça ? 

La sonnerie retenti d'un bruit strident. Je me lève, essuie mes yeux avec la manche de mon polo et me dirige vers la classe. Lorsque j'arrive devant la porte, je baisse la tête pour qu'on ne voit pas mes yeux bouffis et rouges, et fonce dans la classe. Le professeur fait l'appel, je n'ai toujours pas levé la tête. Quand on arrive à la fin de l'appel, le professeur demande qui n'a pas été appelé et je lève la main tout en gardant la tête basse. Il demande mon prénom, je le lui donne et il me dit "Pardon mais ton prénom ne figure pas dans ma liste". Je lève alors subitement la tête et me rends compte que je me suis trompée de salle ! Je m'excuse et sort en courant pour rejoindre ma salle de classe. J'entre en trombe, lorsque j'entends mon prénom. Je comprends que c'est l'appel et que j'arrive au bon moment:

"-présente ! 

-Ah! eh bien, vous avez du retard Mlle.RENARD. Mais le nom de famille pardonne tout. répond-t-il avec un clin d'œil un peu effrayant. File t'asseoir !

-Euh... merci monsieur"

Je prends ma place et suis le cours avec attention. Je déteste les cours d'anglais, mais je le remercie de m'avoir bien accueille en l'écoutant... ou en tout cas, en faisant mine de l'écouter.