Chapitre 19

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-Euh, c'est plus compliqué que ce que tu crois ma puce...

-Tu ramènes toujours le mot "compliqué" sur le tapis ! Merde maman ! Tu es assez grande pour assumer ce que tu fais et je suis assez grande pour le comprendre !

-Alors oui...

-"Alors oui" quoi ? Tu étais en contact avec lui ? 

- Oui... dit-elle timidement, la voix oscillante

-Ça veut dire que pendant tous ce temps tu savais ou il était et que je pouvais le voir ?! Ou même juste lui parler ! -dis-je en faisant les 100 pas, mains sur les tempes, tête penchée en arrière, énervée-.Mais maintenant c'est trop tard de toute façon !! Je te déteste maman !! Tu as intérêt à avoir une bonne excuse !!! -je m'arrête d'un seul coup- Tu as encore d'autres affaires dans le genre à m'avouer ? Si oui fait le maintenant ! C'est le moment ! Et depuis quand es-tu en contact avec lui ?

-Depuis toujours ma chérie.- Elle essaye de me caresser la joue mais je la repousse d'un geste -

-Dois-je comprendre que vous étiez encore ensemble ou pas ?

-Je suis désolée Ana... 

-Ah d'accord ! Je comprends ! Il suffirait plus qu'il réside, enfin qu'il résidait, dans cette ville ! Et pour pousser le délire jusqu'au bout, qu'il habitait dans le même quartier ! M'exclamais-je en tournant dans tout l'appartement et en faisant de grands gestes de dépit et de colère

-Euh, Ana, tu ...

-Ah ?! En plus c'est ça ?! Non mais j'hallucine ! Criai-je en me tapant la main sur le front. 

-Ana, je peux tout expliquer ...

-Non attends, j'ai une dernière question ! dis-je les larmes au yeux . Est-ce que tu as pensé à moi c'est trois dernières années quand...- je n'arrive pas à le dire - quand... Enfin bon, tu as compris ce que je voulais dire ! Est-ce que tu as pensé à moi, ou même à ... - le prénom reste coincé dans ma gorge -  ou même à... Chloé, dis-je dans un murmure cassé et inaudible.

-Oui Ana, bien sûr ! Tous les jours ! Je... 

-Je crois en avoir assez entendu pour ce soir ! La coupais-je . Je vais me coucher !" Décrétai-je sur un ton sec.

Je claque ma porte d'une telle violence que tous mes meubles tremblent. Je me saisis de mon oreiller et pleure silencieusement dedans. Je me met en position fœtal sur mon épaisse couette et reste comme cela une bonne heure. Alors que mon stock de larmes est écoulé, ma rage, elle, n'est toujours pas partie. 

Je prends mon téléphone d'un geste et cherche au fin fond de mes contacts avant de tomber sur le prénom "Chloé". Je l'avais bloqué depuis l'incident, mais j'ai besoin de lui parlait. Je la débloque alors et je remarque qu'elle m'a envoyé beaucoup de messages depuis que l'on ne se voit plus. Le dernier m'interpelle. Il date de deux semaines avant que je la trouve sur mon pallier :

"Ana,

Je sais que tu m'as bloqué, mais j'espère qu'un jour ou l'autre tu tomberas sur ce message.Si je t'écris aujourd'hui, c'est pour m'excuser. Je m'excuse sincèrement😔😔. Tu me manques beaucoup. J'ai besoin de te parler. S'il te plaît Ana ! Tu sais aussi bien que moi que nous devrons avoir cette discussion que nous redoutons toutes les deux. Mais je m'engage, ce n'est pas dans 20 ans, 30 ans, ou encore 40 ans, qu'il faudrait recoller les morceaux.

Je veux juste te parler. Te parler, c'est tout ce que je demande, ainsi que te voir, te revoir. Je voudrais m'expliquer à propos de ... Enfin tu sais de quoi je veux parler, je n'ai pas besoin de débattre à ce sujet... Je ne veux plus en parler.

J'ai vraiment besoin de toi, et toi de moi! Saches que si tu ne réponds pas à ce message, je ferais tout pour te retrouver. Je veux juste que nos retrouvailles se passent bien.

Je t'aime Ana.

Chloé"

Nos retrouvailles sont déjà passées, et cela depuis deux semaines. Mais je ne pense pas que cela s'est passé comme elle l'aurait voulu. Comme on l'aurait voulu...

J'hésite longuement et je me décide finalement à lui répondre:

"Salut Chloé...

Rendez-vous au square FAURE, à 18h30, samedi prochain. Sois à l'heure et ne prévient personne, ce sera mieux comme ça ..."

Mais j'ai une mauvaise surprise en envoyant le message. Je reçois un message me disant "Ce numéro n'est pas attribué."

Je commence à paniquer. Comment vais-je la retrouver sans que ma mère le sache ? 

Je pose mon téléphone sur la table de nuit et essaie de trouver le sommeil. Mais pleins de questions sans réponses se bousculent dans ma tête. J'ai alors, après une heure et demi de réflexion, LA solution pour retrouver Chloé. Je me dépêche de prendre un bout de papier et de la noter. 

Je peux maintenant dormir l'esprit tranquille. Enfin, presque tranquille. 

***

On est dimanche. En ce beau jour de Janvier, je décide de mettre mon plan à exécution. Je déjeune rapidement et dis à mère que je sort, prétendant une sortie avec Claire. Ce qui lui fait très plaisir puisqu'elle croit que je suis devenue plus sociable. 

Je descend les marches de mon immeuble, légère dans la tête, malgré une ombre au tableau.

Je marche doucement dans la rue, respire l'air frais du matin et pour la première fois depuis plusieurs mois, je me sens libre!

Alors que je suis sur le point de sortir de mon quartier, une main m'attrape par l'épaule. Je sursaute et par réflexe donne un coup de poing dans le ventre de mon interpellateur. Je prends mes jambes à mon cou. 

Je me retourne pour savoir si il me suit.

Et je découvre avec surprise qu'il s'agit d'Alex. Il est recourbé, les mains sur son ventre. Je m'approche alors de lui en m'excusant. Il lève sa tête et me regarde droit dans les yeux.

Ses yeux sont bouffis de fatigue, ses cheveux sont de toute part emmêlés, son visage est flétri et sa bouche grimace. 

Il me fait asseoir sur un banc. 

Nous restons silencieux un moment, jusqu'à ce qu'il engage la discussion.  

Un passé accroché [ EN REECRITURE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant