Chapitre 35

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Des traces jaunies de larmes ont fait baver quelques mots et ont ondulé la page, mais mes écrits restent lisibles.

"SEPTEMBRE :

Cher carnet,

Cela fait bien longtemps que je t'ai délaissé... Mais aujourd'hui, j'ai besoin de toi, j'ai besoin de te raconter un événement qui a bouleversé ma vie.

Il fut un temps, Chloé et moi étions très proche. Pour faire court, nous étions meilleures amies. Nous nous connaissons depuis 5 ans. Si nous n'étions pas chez l'une, nous étions chez l'autre. Nos parents ont donc commencé à bien se connaitre, et même à se voir régulièrement. Avec Chloé, nous priions et mettions en place plusieurs "plans" pour qu'il se mettent ensemble : la mère de Chloé est décédée avant la naissance de ma meilleure amie, dans des circonstances inexpliquées, et moi, je n'ai jamais connu mon père.

Un jour, elle tomba très malade est fut amenée d'urgence à l'hôpital, après une crise. Je suis restée à son chevet pendant ses 3 jours d'hôpital, alors que nos parents travaillaient. Le deuxième jour de son hospitalisation, le médecin est rentré dans la chambre, le visage neutre mais pâle. A ce moment là, j'étais paniquée, et avec sa façon de planter ses ongles dans ma main jusqu'au saignement, je pense que Chloé l'était aussi. Le docteur a déclaré que Chloé est au stade supérieur de sa maladie, et qu'il n'y a pas de traitement, mais que les laboratoires sont très penchés sur la question de cette maladie très rare. Chloé et moi pleurions à chaudes larmes. Le médecin nous a ensuite laissées seules. Je me souviendrai toujours de ce moment émotionnel, même si aujourd'hui, je ne le vois pas de la même manière. Nos parents, peu après cela, ont finalement fini par se mettre ensemble, il y a 3 ans. Nous vivions tous dans une grande maison en campagne. 

Un mois plus tard, Chloé dû à nouveau se rendre à l'hôpital. Et cela se répéta plusieurs fois dans la même année. Elle n'en pouvait plus de tous ces traitements, de toutes ces analyses, et de tous ces tests. Elle était constamment fatiguée, elle n'allait pas souvent en cours, et elle restait presque toute la journée au lit. La fièvre la faisait s'éteindre petit à petit. Chaque soir, en rentrant de l'école, je lui racontait tout ce qui s'y passait, pour qu'elle le vive aussi puisqu'elle ne sortait jamais. Mais je ne lui faisait pas écho des rumeurs qui disaient "Chloé est morte dans un accident" ou "son cheval lui a marché dessus", car elle faisait de l'équitation. Cette situation a duré 2 mois, 2 longs mois. Nos parents étaient omnibulés par cette maladie. Ils s'occupaient de Chloé jour et nuit. Ma mère avait quitté son boulot pour être à son chevet toute la journée. La plus part du temps, je mangeais seule le soir, mais cela ne me dérangeait pas, ce qui m'importait était que ma meilleure amie, maintenant demi-sœur, se sente bien et entourée. J'avais abandonné ma chambre pour venir dormir avec elle. Comme cela, en cas de crise, je l'entendais et pouvait prévenir nos parents.

Un jour de nouvelle hospitalisation, Chloé m'a dit, d'un air horriblement sérieux : "La prochaine fois que je me retrouve à l'hôpital, je me suicide". C'était la troisième fois en un mois qu'elle était à l'hôpital. Les larmes me montaient aux yeux et brûlaient mes rétines. Je la supplia de ne jamais faire ça, je lui promis qu'elle sera guérie et que tout s'arrangera, qu'il suffit juste d'être patiente. Mais elle ne m'a pas écouté et me répondit  : "Écoutes Ana, tu es ma meilleure amie et maintenant  ma demie-sœur, j'ai eu tout ce que je voulais, je peux partir". Entendre cela de la bouche de sa meilleure amie qui n'a que 15 ans est très difficile. Je lui criais dessus en disant que ses paroles étaient égoïstes et que je tenais trop à elle pour la voir partir, et que nous n'avions pas fait tous ses sacrifices pour rien. Elle n'a pas répondu. Nous sommes restées plusieurs minutes, ou plusieurs heures, assises l'une en face de l'autre, en tailleur sur mon lit, sans rien dire. Elle ne savait pas comme moi aussi je pouvais souffrir de cette maladie, de l'abandon des adultes qui se sont entièrement consacrés à elle. Je voulais qu'on s'en sorte, mais ensemble !

Un passé accroché [ EN REECRITURE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant