Un passé accroché [ EN REECRITURE ]

Chapitre 8

Le calme règne sur l'ensemble de la classe. La professeure d'arts plastiques, Mme MOURREAU, vient de nous expliquer très clairement qu'elle déteste le bruit. Le groupe de classe est plus petit qu'habituellement et avec peu de gens de ma classe. Aujourd'hui, un mercredi banal, seul les élèves du lycée ayant pris l'option "arts" ou "sport" sont en cours. Les premières sont en musique tandis que nous, les secondes sommes en arts plastiques. - Les terminales n'ont plus accès aux options "arts" et "sport"  - .Nous avons deux heures de chaque matière.

"Dessinez-moi quelque chose dont vous avez envie, ou votre humeur, ou votre passion... Bref, montrez-moi qui vous êtes, exprimez-vous librement, il n'y aura aucun jugement de la part de vos camarades car je déteste ça et les stoppe. Vous avez donc les deux heures entières à vous. Bon travail !" Nous annonce-t-elle.

Je vois tout le monde se pencher sur sa copie, et Claire, ma voisine de classe, fait de même. Quand à moi, je réfléchis longuement à ce que je pourrais faire.

Une heure après, la professeur se déplace dans les rangs, observe les dessins de chacun et chacune en faisant des commentaires : "Très joli" ; "Très appliqué" ; "Travail soigné, c'est bien ! " etc, etc... 

Je regarde Claire dessiner. Elle dessine vachement bien !! Sa  main droite armée de son crayon à papier et l'autre de sa gomme, elle a tracé un très joli cheval musclé et cabré. La professeur la félicite. 

Mon stylo glisse sur le papier, formant un œil. La professeure s'en approche inquiète:

"- C'est vraiment là ce que tu ressens ? m'interrogea-t-elle 

-Oui, déclarai-je d'une voix presque inaudible

-Et le début de larme aussi? Il est obligatoire ?

-...

-Bon, c'est bien... Ton dessin est très réaliste ! " 

Elle avait l'air gênée .

La sonnerie de la deuxième heure se fait entendre à travers le timbre de la cloche. Je me précipite hors de la salle, laissant mon dessin errant, seul, sur la table parsemée de déchets de gomme et de tailles-crayons .

 je prends le chemin de la salle de musique, suivie par Claire. Aujourd'hui, nous n'avons pas beaucoup parlé. 

Nous prenons place devant des pupitres côtes à côtes.

L'heure de musique se passait plutôt bien jusqu'à ce que M.CLARON  me demande de jouer du piano  -sur notre fiche d'inscription on avait dû écrire quel(s) instrument(s) nous pratiquons- .  Il a en effet demander de jouer quelque chose qui nous touche.

Je m'installe alors sur le siège du piano, hésite, puis finalement commence à jouer la berceuse que me chantait ma mère quand j'étais petite où quand j'avais besoin de réconfort: "Somewhere over the Rainbow". Les larmes restent coincées au fond de ma gorge alors que mes doigts effleurent les touches de l'instrument. Lorsque je m'arrête, le professeur me félicite et m'incite à retourner à ma place. Mon pouls s'accélère quand tout le monde applaudi.  Cette chanson me rappelle tellement de souvenirs ...

L'heure du repas arrive enfin. Je sors précipitamment du lycée pour aller manger... et aussi parce que j'ai une surprise pour ma mère !

J'ouvre délicatement la porte d'entrée. Ma mère étant dans la cuisine, dos au hall, j'en profite pour me glisser sur le siège du piano. J'entame la berceuse que j'ai jouée tout à l'heure. La mélodie résonne dans notre appartement. J'entends l'activité de ma mère se stopper net. Je m'arrête de jouer et me mets à table en face d'elle. Elle me regarde avec de grands yeux.  

"- Pourquoi as-tu joué ça ? m'interroge-t-elle

-Je sais pas, je voulais te montrer ce que j'ai joué en cours, ce matin. 

-Tu as vraiment joué ce morceau ? 

-Oui, le même ! "

Elle me regarde bouche-bée, comme si je venais de faire un grand pas et que j'avais oublié notre dispute. Ma mère s'accroche à mon cou :

"-C'est génial ma chérie ! Je suis si fière ! 

-Merci

-Tu m'as enfin pardonnée ?? 

-Non. "

Je la pousse violemment et cours me réfugier dans ma chambre. Je me mets en boule sur le lit, et attends. J'attends, j'attends éternellement, je ne sais pas ce que j'attends, mais je l'attends !