"Chloé ! Non ! Ne fais pas ça !" " Ana !..."
Bip...bip...bip...bip...
J'arrête le réveil d'un violent coup de main. La voix de Chloé résonne comme si elle était à côté de moi. Je passe ma main sur mon front suant et brûlant. Sa voix me hante, me donne mal à la tête, s'empare de moi. Je place mes paumes de mains contre mes tempes et sert très fort mon crâne. Je tente de me lever sans succès, les mains toujours sur la tête. Mes jambes sont flasques, tremblent et me font tomber sans arrêt ! Mon corps reste plaqué au sol. Je me recroqueville sur le froid parquet. Mes mains n'arrivent plus à se détacher de ma tête qui tourne inlassablement. Mes yeux sont fermés et humides. Quand je me décide à les ouvrir, ma chambre paraît sombre, presque terrifiante. Mes rideaux volent sous la pression que leur donne le vent glacial d'un matin de Novembre.
Lorsque j'arrive difficilement à me lever, je me traîne jusque dans la cuisine et me force à avaler quelque chose. Je m'habille très lentement, prends un cachet pour la tête et me dirige vers la sortie. Je ferme la porte à clef, me tourne vers l'escalier et commence à marcher. Ma tête me fait horriblement souffrir; le cachet n'a eu aucun effet. Je m'avance d'un pas, à peine, vers les escaliers et tombe inconsciente sur le sol.
*********
Je me réveille lentement, ne réalisant pas où je suis. Ma vue est trouble. Je vois s'approcher une personne au-dessus de ma tête.
"Tu vas souffrir Ana !" me dis une voix grave et pleine de haine.
Je cris de terreur. Je me redresse d'un seul coup et place mes mains sur mon visage, comme signe de protection. Il ne se passe rien. L'odeur d'un pain d'épice monte jusqu'à mes narines et je réalise alors que ces paroles n'étaient encore une fois qu'une remontée violente de mon passé.
J'enlève avec précaution les mains qui sont devant mes yeux. Une silhouette assez forte et petite se tient devant moi. C'est Mme. MARTIER, ma voisine d'en face. Un sourire se dessine sur ces lèvres pincées, elle passe une main gênée dans ses cheveux grisonnants, tenus en une longue tresse.
Elle me tend une part de son fameux pain d'épices qu'elle est la seule à réussir. Je le saisis et l'entame avant de demander :
"- Bonjour Mme. MARTIER, comment se fait-il que je sois dans ma chambre et que vous ayez réussi à rentrer ?
-Bonjour Ana, dit-elle en s'asseyant sur le bord de mon lit, je t'ai trouvé inconsciente dans le couloir, les clefs de ta maison à la main, je me suis donc permise de te mettre sur ton lit, pour que tu te reposes.
-Merci beaucoup madame !
-Mais de rien ma petite ! "Dit-elle en me caressant la joue.
Dès notre premier jour dans cette ville, elle nous ai venu en aide pour le déménagement et pour nous montrer un peu la ville. Je la considère un peu comme ma grand-mère.
Elle se lève, dépose un léger bisou sur mon front, va chercher un gant humide et me le pose sur le front. Elle me dit ensuite "au revoir" et me laisse. Je saisi mon téléphone et envoie un texto à ma mère pour lui dire que je n'irais pas au lycée aujourd'hui. Elle m'appelle pour plus de détails que je lui donne, le souffle coupé par mon épuisement. Elle comprends vite et raccroche d'elle même - ce qui est rare - pour me laisser me reposer.
La journée est très longue. Ce midi, je n'ai même pas mangé tant j'avais de mal à me lever. Les souvenirs de mon passé se sont tous jetés sur moi aujourd'hui. Je n'ai pas compris pourquoi. Il n'empêche, que à cause de tout cela, j'ai d'énormes courbatures qui retiennent mon corps dans le lit. Mon mal de tête n'a pas diminué, bien au contraire.
Il est maintenant 17 heures. J'entends frapper à la porte. Avec le peu d'énergie qu'il me reste encore, je cris "j'arrive", me redresse très difficilement sur mes deux jambes engourdies et prends la direction de la porte d'entrée. J'ouvre le porte qui me laisse découvrir Claire. Je l'invite à entrer. Nous nous installons dans le salon :
"-Ça va Ana ?commence-t-elle par dire, tu sais on s'est inquiétée pour toi au lycée. Tu n'as donné aucune nouvelle, et tu ne répondais pas à nos textos ! - il est vrai que j'ai entendu mon portable vibré plusieurs fois, mais je n'avais pas eu le courage de regarder qui c'était -
-Désolée Claire... J'ai eu ... un problème, voilà tout. Mais rien de bien grave...
-Bon c'est pardonné pour cette fois, mais la prochaine fois réponds nous ! Voilà les devoirs pour lundi et les cours.
-Merci beaucoup Claire ! Mais tu sais, il ne fallait pas ! Et, comment tu as eu mon adresse ?
-J'ai entendu Alex dire ce matin qu'il t'avais attendu au bas de ton immeuble et que tu n'étais pas venue - je soupire - . Il a alors dit qu'il apporterai tes devoirs et j'ai pensé que ça ne te plairai pas trop, du coup je me suis proposée et il m'a donné l'adresse !
- Tu as bien fait ! Vraiment ! Merci ! C'est cool d'avoir quelqu'un sur qui compter. " déclarai-je en lui adressant un sourire.
Elle prends le temps de tout m'expliquer et de me raconter les anecdotes de la journée. J'ai bien envie de rire, mais mon mal de tête m'en empêche. Elle le comprend rapidement et s'en va. Je la remercie encore, la regarde s'approcher de l'escalier, et le descendre. Je claque ensuite la porte et retourne me coucher, espérant ne pas être réveillée par ces horribles cauchemars une fois de plus.
Dans mon sommeil profond, je suis réveillée par ma mère qui s'excuse de m'avoir dérangée. Je ne dis rien. Elle me fait un bisous et sors de ma chambre en fermant délicatement la porte.
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Un passé accroché [ EN REECRITURE ]
RandomTimide, secrète et discrète, avec un passé difficile, Ana est une jeune fille arrivant dans un nouveau lycée. Tout change pour elle: les ami(e)s, les professeurs, le cadre de vie... C'est une nouvelle vie qui commence. Enfin... jusqu'à ce que son pa...