2. Âcre

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La porte se ferme derrière moi dans un petit claquement strident. La pièce est blanche. Les murs et les seuls meubles, la table et le lit, sont blanc. Je m'assois sur le lit et attends comme on me l'a demandé. Il y a une fenêtre assez grande donnant vue sur la plaine alentour, les rayons du soleil y pénétrent aisément malgré les barreaux devant le cadre. Ma chambre me manque, elle avait beaucoup de couleurs, des meubles partout, une fenêtre sans barreaux et un accès libre au monde extérieur. Mes parents y avaient disposé des lampes afin que je ne sois pas souvent dans le noir. J'y avais collé des posters .
Le bruit familier de quelqu'un qui tape à une porte retentit, et la poignet s'abaisse. Un jeune homme en blanc rentre dans la pièce tout sourit.
- Salut ! Je suis Robin, un aide soignant. Alors ta chambre ? Elle te plaît ?
Il est plus âgé que moi et grand, il a de grands bras. Il semble très joyeux. Il est bizarre.
- Non.
Son sourire s'agrandit et il rit en me disant :
- Tu as le droit d'y apporter les modifications que tu veux ! Tes parents arrivent d'ici 1h et ils apportent tes posters. Je t'aiderai à les accrocher si tu veux !
Face à mon silence, il avance vers moi et s'appuie sur le mur.
- Bon je vais t'expliquer le déroulement de ce centre. Il est 11h. Le déjeuner est à 12h30, l'après midi ateliers possibles jusqu'à 16h. Goûter, temps libre puis à 19h dîner. Le matin réveil à 8h30 et petit déjeuner à 9h. Tu as besoin que je répète ?
Les arbres sont eux aussi blancs. Tout est si blanc. Est-ce que le centre et la nature se sont concernés pour adopter de telles similarités ?
- Bon si tout est clair, allons visiter le centre !
Avec son sourire Robin semble impatient à l'idée de me faire une visite. Je me lève et passe la porte qu'il me tient ouverte.

Les couloirs sont larges, il y a beaucoup de fenêtres Le carrelage sur le mur est coloré de pastel et de blancs. Le plafond est haut et les murs sont blindés de portes. Il me présente le "dortoir", couloir avec beaucoup de chambres. Puis le self, aéré et lumineux, sans oublier pleins d'autres parties de bâtiments spécifiques. Soudain il s'arrête devant une porte.
- Et la nous avons les jardins.
Il ouvre cette dernière qui laisse place à un paysage merveilleux.
De part et d'autres des bancs en bois et fer forgés, immobiles, patientent aux bords des chemins artificiels. Des buissons ronds et des petits arbres bordent les allées, d'autres, plus grands, alimentent la beauté du lieu de leurs larges branches.
- De temps en temps, si l'on observe bien, quelques écureuils courent le long des troncs. C'est assez drôle.
Je ne parviens pas à quitter des yeux l'immense jardin, l'envie de courir dans l'herbe enneigé est irrésistible. Je pose mon pieds sur le sol, dépasse lentement le cadre de la porte.
Une main attrape mon bras gauche et me retient.
- Oula, je pense que sortir maintenant est une mauvaise idée. Il fait froid et tu es en tee-shirt. Ça serait dommage d'attrapper un rhume.
Il ne fait pas froid. La seule chose que je souhaite attraper c'est la neige sur les feuilles des arbres. Je regarde Robin qui semble sourire avec inquiétude. Il serre davantage son emprise et me tire légèrement a l'intérieur. Je me laisse faire. Il ferme la porte puis me lâche, et dans un sourire de soulagement il m'annonce :
- C'est l'heure du déjeuner. Allons manger.
Il semble se méfier et prête attention à mes gestes. Je voulais juste sortir.
- Je peux avoir mon pull ?
Le son de ma voix semble le surprendre.
- Oui allons le chercher !
Peut-être qu'avec un pull il me laissera sortir.

Censure mon êtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant