4. Ondée

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Le paysage défile à ma droite, le dos d'une blouse blanche me conduit à une porte en fer. La pièce est immaculée, deux personnes immobiles sur un canapé ressemblent à des cotons tiges.
- Oh, Glenn ! Comment vas-tu mon chérie ?
Des bras m'attrapent.
- Nous sommes heureux de te voir.
Une main se pose sur mon dos. L'étreinte se stop, remplacée par des mains sur mes épaules qui m'assoient sur le canapé face aux cotons tiges. Ils sourient. Mes parents.
- Alors comment tu te sens ici ? Ta chambre te plaît ?
- Chérie une question à la fois, tu sais bien que sinon il ne répond pas.
- Oui. Alors, ton arrivée ?
Ici encore il y a des fenêtres. Et cette fois ci, elle donne sur un bâtiment triste et petit. Le vent carresse la vitre et son bruit pénétre dans la salle.
- Je suis arrivé.
- Oui chérie je sais bien, mais tu t'ai fait des amis ?
Une forme complice de l'interrogatoire. Je n'ai pas envie de parler.
- Non.
Mon père soupir :
- Oh... mais il y aura forcément quelqu'un avec qui tu t'entendra ! Tu n'as pas à t'en faire. Ah et nous t'avons ramené tes posters ! Ils sont dans ta chambre. D'ailleurs comment tu la trouves ta chambre ?
- Blanche.
- Le blanc c'est bien, c'est passe partout chérie ! Et puis on décorera, dit ma mère.
Ça fait longtemps que je n'ai pas vu de mouche. Chez moi, il y en avait qui couraient le long des fenêtres. Elles étaient bloquées. Beaucoup mouraient, leur cadavres reposaient sur le bord intérieur de la fenêtre. Le cimetière des mouches.
Les voix sont lointaines.
- Glenn ? Ça va mon chérie ? Tu m'écoutes ?
Il n'y a pas de rideaux dans cette salle.
- Vous avez prévenu June que je ne suis plus à la maison ?
Leurs visages se firent blanc, confus. Comme du coton.
- Glenn... On... June... Oui.
Oui. Alors elle viendra.
Elle viendra. Alors je cesse d'écouter. Je vais l'attendre. Elle viendra me voir.
Le paysage devint flou au dehors. Une fine pluie s'éparpille sur le décor naturel. Elle le trempe, brusquement. Sans prévenir. Comme mes pensées qui se transforment en paroles.
- Une ondée.

La porte s'ouvre, nous sommes debout. Je veux retourner dans ma chambre.
- Non docteur, Glenn ne s'est pas beaucoup exprimé.
- Ça va venir, le programme auquel il va se soumettre va le sociabilisé. Vous savez, il n'est pas anormal que cela reste inchangé. L'évolution peut être lente et...
Un courant d'air frais virevolte dans le couloir. Il m'aspire.
- Glenn ! Viens ici, tu ne nous as même pas dit au revoir !
Tout ce blanc, j'ai trouvé à quoi ça me fait penser. À ma salle de bain.

Les portes sont nombreuses. Voici la mienne.

Je m'assoies sur le lit. Les arbres sont loins. Je veux récolter leurs feuilles et faire un herbier. J'attends. June va venir c'est certain. Elle va arriver, à l'improviste, comme à son habitude. C'est bien une chose que j'admire chez elle. Elle ne prévient jamais. C'est agréable. Comme une surprise. June c'est un peu un cadeau. Et puis elle parle peu. C'est bien ça. J'aime son silence. Impétueuse. Comme la météo.
- June est une ondée.

Censure mon êtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant