Le soleil se couche, ma chambre devient ténébreuse. Je suis allongé sur mon lit, le plafond est haut, blanc, immaculé, déchu. Je tends le bras, voulant agripper le vide. Il reste tendu un long instant, immobile, déconnecté de mon corps. C'est si agréable.
Ma couette est roulée en boule au fond du lit. Je ne la veux pas sur moi. L'air frais effleure mon corps chaud, la lumière le caresse. L'aventure dans l'hôpital est éreintante, se lever tôt, s'ennuyer, avoir des restrictions et des obligations... être prisonnier est vraiment fatiguant. Et puis la chambre est inconfortable, dérangeante. Mais mes pensées se brouillent déjà. Mes paupières deviennent si lourdes. Aussi lourdes que les vêtements trempés par la rivière de chez moi. June et moi nous baignions parfois vêtus. C'était amusant. Nous coulions comme des cailloux, attirés inlassablement par le fond du court d'eau.Mes yeux s'ouvrent. Je suis chez moi. Dans ma chambre. Enfin ! Bon sang me revoilà libre ! Me revoilà capable d'aimer la vie ! D'aimer ma mie ! À ma guise ! Je me redresse et aperçois June dans la pénombre. Elle me regarde, souriante.
- Bonsoir mon ange.
Son chuchotement réveille mes sens, fait courir le long de mon échine, des frissons incontrôlables.
- Alors ? Cette surprise, qu'en penses tu ?
Son tendre visage m'hypnotise.
- June.
Je l'entoure de mes bras.
- Je suis si content d'être rentrer. C'est grâce à toi. Nous allons pouvoir continuer à jouer, rigoler, s'amuser. Profiter. Allons dehors !
Son visage m'implore, fendant mon coeur en deux.
- Je t'en pries... restons un peu dans ta chambre. Après tout, elle te manquait non ?
- Oui. Tu as raison.
Elle n'a plus sa blouse bleu. Elle est si belle, si libre et impétueuse. Il est si facile de se répéter lorsque l'on parle de June. Mais comment ne pas s'extasier devant une telle splendeur humaine. Elle est si belle, si profondément bonne.
- Restons ici.
Sa voix de cristal, fait vibré en moi le peu de couleur qu'il y a. Elle est Orange, et fait ressortir en moi un mélange de bleu, de noir, de rouge, de jaune, de vert. Un mélange arc-en-ciel. Je suis Violet. Un violet sombre, pouvant aisément devenir pastel, à la vue de son sourire.
- Glenn. Tu m'as laissé tomber.
Son visage se métamorphose, d'innocence il passe à feu ardent.
- Tu es parti. Puis tu t'es lié d'amitié avec une autre. D'amitié ou d'amour ? Tu es si difficile à discerner lorsque tu es loin de moi. Pourquoi ? Pour quoi ? Pour qui ?
- Tu es venue avec moi. Je ne me suis lié d'amour qu'à toi. Tu m'as suivie, tu es là, pourquoi changes tu si rapidement ?
- A l'hôpital ? Je ne suis pas venue. Tu ne peux t'empêcher de tout comparer à moi, mais tu ne te préoccupe pas de moi. Je t'en pries, délaisse la, fait la mourir pour me faire revivre. À nouveau je viendrais. Tu m'as remplacé. Tu m'as oublié, effacé. Je te déteste. Tu ne mérites pas ma venue. Tu n'es rien. Rien d'autre qu'un pitoyable humain. Tu as besoin de moi, tu m'es dépendant. Sombre ramassis de désespoir et d'ivresse.
Mes joues... les voilà trempées... ma tête... là voilà saturée... je vais imploser. Exploser. Anéantir mon corps. Faire mourir mon âme. Je ne peux... Je ne peux supporter. Mon coeur ne bat plus. Je ne pense plus. Je ne vis plus ! Je suis mort ! Ma tête est vide. Je meurs. À petit feu. June... June me tue.
- June... je t'en pries arrête... Tout est faux... il n'y a que toi à mes yeux. June ! Oh June ! Aime moi ! Autant que je t'aime aime moi ! Ne me méprise pas. June ! Ma June... nous ne formons qu'un, je ne t'ai pas remplacée ! Comme le pourrais-je ? June ! Je t'en supplies... aime moi...
Lentement, elle avance vers moi. Ses longues jambes désormais nues s'élancent en ma direction. Le temps s'allonge, les minutes s'écoulent inexorablement, les secondes deviennent heures, les heures décennies. Ses cheveux à présent attachés laisse ses frêles épaules miroiter au clair de lune. Son bras se tend, et effleure mon visage. Son buste se colle au mien, ses lèvres côtoient les miennes. Sont corps épouse le mien, nous ne sommes qu'un. Un mélange de Violet et d'Orange.
Je renais. Je vis. Mes pensées fusent. Mon coeur bat.
Soudainement, elle me griffe. Ses mains se ferment, et deviennent des poings, d'une puissance de frappe extrême. Mon souffle est coupé, mon coeur se stoppe. Je souffre. Elle glousse.
Je ne me débats pas. J'encaisse. Tel est son désir, sa volonté.Mais au fond, je le sens. Mon âme se tait, son silence écoute les hurlements de mes sentiments. Ils hurlent si fort, ils pleurent. Ils sont si tristes. June me rejete. Elle les rejete.
Ils sont si minables.
Finalement ils sont moi.
Je suis pitoyable.
Je la désire.
Je l'aime.J'aime sa colère, ses coups, sa quasi nudité. J'aime son naturel. June est
Un ange.
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Censure mon être
Genç KurguBienvenue à Skoltin Vik, Glenn est stoïque, dans cet hôpital, sa cellule l'opresse. Un bureau dépourvu d'ornements, un lit simple et des murs blancs. Il attend. La folie, la folie, la folie, la folie. Est ce la seule chose qui le définie ? Il l'aim...