19. Exctinction

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Les murs. Le plafond. Le lit. La chambre. Blanc. Si blanc. Je n'en peux plus. Je me meurs. Tout s'éteint. Tout s'estompe. Mon coeur va si vite parfois. Trop vite. Il s'emballe. Il fait mal. Je voudrais être sourde, ne plus rien entendre, pas même son rire. Perdre la vue. Ne plus voir ce paysage, qui me dévaste autant que ses sourires. Muet. Muette pour ne plus rien dire. Ne plus chercher à m'exprimer. Il est inutile de tenter de faire comprendre les ressenties aux autres.
Je voudrais mourir. Je n'ai pas ma place dans ce monde. Je suis chassée, mise à l'écart.
Je retiens ma respiration. Le silence me berce. Ma dernière vision de la vie, la chambre. Ma tête me fait mal. Mes poumons brûlent. Mes yeux se voilent.
Mais je reprends de l'air. J'ai peur. Peur que la mort ne soit finalement qu'une autre souffrance que la vie m'inflige. Peur que l'être cher ne soit pas assez attaché pour pleurer. Peur de moi.
Est-ce de l'amour ? Ou de la tristesse ? Suis-je seulement désespérée ?
J'attrape mon crâne, je le frappe, je m'arrache les cheveux. Voilà une douleur concrète, réelle. Je veux souffrir d'une autre manière, celle qui se guérie. Pas de l'intérieur.
Alors je me griffe. Je me mords.
Je me cogne contre les parois.
Le silence.
Suis-je déjà mort ?
Le blanc.
Suis-je au Paradis ?
Non. Je mérite l'enfer. Je mérite les souffrances.
Je fixe l'obscurité de la pièce. Mes yeux percent le noir, mais je ne vois rien. Je suis devenue aveugle de cette réalité. Ignorant. Sourd et muet. Je suis inatteignable. Je suis immobile. Intouchable.
Ma vision se brouille, lentement, des larmes s'en échappent. Elles glissent le long de mes joues, s'échappent furtivement. Je pleure.
Je pleure. Je pleure. Je pleure.
Alors c'est donc ça d'être mort dans la vie. Nous cessons d'être. Et nous pleurons. Je ne ressens rien. Je ne ressens rien. Mais je pleure.
La mort masque mes émotions ? La vie me force à croire que je peux encore éprouver des choses ?
Est-ce de l'amour ? Est-ce du désespoir ?
Tout est si noir.
Je me lève. Me poste devant la fenêtre, face aux monde extérieur. Ce Monde qui me blesse. Et si c'était moi qui le rejetais ? Et si je ne savais pas l'aimer.
Non. J'aime mon monde. Ce n'est tout simplement pas celui d'à travers la fenêtre. Mon Monde est Violet. Mon Monde est Orange.
Mon reflet se forme sur le carreau. Mon visage, gonflé, rougis, quelque peu ensanglanté. Un visage si laid. Si repoussant. Qui peut aimer cette bête ?
Un visage noyé par des larmes. Une face si pathétique.
Mon amour va-t-il s'éteindre tout comme le reste ? Pourrais-je l'aimer ?
Des larmes. Il y'a si longtemps que je n'avais pas pleuré. La dernière fois, c'était au bord de cette rivière. Pourquoi ? Je ne sais plus.
Je ne me souviens de rien.
Je suis un ignorant.
Je suis une demeurée.
Je suis Glenn. Je suis June.

Je ne suis qu'un.

Censure mon êtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant