18. Interférences

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À mon réveil June n'était plus là.
Quel rêve étrange.
Non. Ce n'était pas un rêve.
June m'a emmené à ma chambre puis m'a raccompagné.
June ne peut être contradictoire.

Péniblement je me lève et emprunte les couloirs animés. Je me dirige vers la cantine. Mes pieds supportent mon poids avec peine. Je suis si fatigué, mon corps est épuisé. Je n'ai pas faim. Mais je dois aller à la cantine.

Je me suis perdu. Mes pensées s'entrechoquent, j'en perds mes sens.
Autour de moi des portes de partout, l'espace est plus large que celui des dortoirs. L'atmosphère est différente. Comme conviviale. Je n'aime pas ça. Une tête sort d'une des portes.
- Je peux vous aider jeune homme ? Vous attendez de la visite ?
Je tourne le dos, retournant sur mes pas.
Impossible de retrouver ma chambre. Chouette. Peut-être que si je la perds je n'y retournerais jamais. Je m'arrête devant une grande fenêtre. La neige s'estompe. Le soleil commence à la chasser. Il me laissera découvrir l'envers du décor. Ce qui était invisible, caché par la neige, va m'être exhiber. À moins que je ne partes avant.
Je laisse mes pieds me guider, j'erre dans ces couloirs si mornes et morts.
À nouveau, mes m'enlèves cèdent à l'épuisement. Je m'assis sur un rebord de fenêtre entrouvert. Je respire l'air frais, purifiant mon être. Une odeur dévoile en moi mes faiblesses. Celle de June. Des voix s'élèvent. Par la fenêtre, la voix de June et son odeur m'accaparent. Je me penche et l'aperçois en pleine discussion avec un homme. Je l'ai déjà vu quelque part. Grand, autoritaire, bouffie. Le directeur ?
Je tends l'oreille. Lui fait-il des avances ?
- ...il faudrait lui dire. Ça n'avance pas. Vous le voyez vous même.
- Je vous en pries, gardons le encore un temps. Je le connais, cette aventure est la nôtre. Elle lui tient à cœur. Et je suis persuadée qu'elle peut aider à sa réintégration sociale. Il vient aux activités maintenant.
- Il ne vient que parce que vous y êtes. Cessez de faire l'aveugle. Je comprends que de forts liens vous unis, mais il faut voir la réalité en face. Au pieds du mur il est inutile de se berner d'illusions.
- Ce ne sont pas des illusions. Ce sont des progrès ! Écoutez, je connais ses parents, je parle en leur nom ; gardons le encore deux mois.
- Glenn est bien trop instab...
June est si belle. Tellement belle qu'elle parvient à me rendre sourd. Elle me défend si bien. Elle veut poursuivre l'aventure avec moi. Pendant encore deux mois. Après on rentrera. J'aurai voulu qu'elle ne prolonge pas le séjour. Ses cheveux roux sont agités par le vent. Je peux cesser de me concentrer, le directeur ne lui fait pas les yeux doux. Je N'aime pas cet homme. Il me fait penser à un alpaga.
Les yeux de June s'animent aux grès de la conversation, faisant tantôt naître des flammes, tantôt des glaçons. Impétueuse est l'Ondée. Je sais la dompter.

Je me relève, et déambule dans les couloirs.

Censure mon êtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant