As Yet Untitled [ᴇɴ ᴄᴏʀʀᴇᴄᴛɪᴏɴ]

-1-

ASH
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Alors que je me penche pour resserrer mes lacets, quelqu'un me heurte violemment. Perdant l'équilibre, je trébuche et atterris mains en avant dans la poussière. Le verre de bière que je tenais contre moi s'échappe de mes doigts et répand son contenu sur le sol.

- C'est pas vrai ! m'exclamé-je en me redressant.

Je vérifie rapidement que personne ne m'a vue m'affaler et cherche des yeux le responsable de ma chute. Bien évidement, tous les gens qui m'encerclent sont de potentiels chahuteurs et retrouver l'individu qui m'a projetée au sol semble mission impossible. Les corps qui m'entourent et se trémoussent au rythme de la musique sont si proches du mien que n'importe lequel d'entre eux aurait pu me bousculer par inadvertance.

Renonçant à me faire payer une nouvelle bière par celui qui a renversé celle que je tenais, je me concentre sur la scène devant laquelle je me trouve. Là-haut, trois types aux cheveux longs agitent la tête en rythme en s'escrimant sur leurs instruments de musique. Le chanteur émet des sons gutturaux étranges mais qui m'envoûtent tandis que le bassiste et le batteur enchaînent des riffs tous plus puissants les uns que les autres.

Ramassant mon gobelet désormais vide, je le fourre dans la poche de mon short et décide de m'avancer plus avant dans la foule. Je veux être au premier rang lorsque le prochain groupe montera sur scène. Je veux me perdre dans l'ivresse de la musique qui résonne dans mes oreilles et ne plus penser à rien.

La poussière que soulèvent mes Dr Martens lorsque j'avance, coincée entre les corps suants qui m'environnent, me fait tousser un peu. J'atteins finalement un espace dégagé à deux pas des barrières qui séparent la fosse des musiciens. Je me hisse sur la pointe des pieds pour tenter de voir quelque chose.
C'est l'un des désavantages qu'il y a à être petite : on peut se faufiler partout mais une fois l'objectif atteint, perdu en plein milieu d'une foule de géants, on ne voit que des épaules et des nuques tatouées. Tant pis, au moins le son me parviendra correctement.

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Les chanteurs de metalcore interrompent enfin leur set après deux pogos géants et un wall of death de-la-mort-qui-tue. Je n'en avais jamais vu un en vrai, mais lorsque j'ai constaté que la foule s'ouvrait en deux, je me suis écartée et collée aux barrières de sécurité.
J'ai beau aimer le métal, je tiens tout de même à ma vie et me perdre au milieu de ce chaos en préparation n'était pas la meilleure façon de la conserver.

Lorsque les deux moitiés des spectateurs s'étaient précipitées l'une vers l'autre, j'avais observé le face à face avec un intérêt grandissant, bien contente de ne pas m'être mêlée à cette manifestation qui faisait hurler le chanteur un peu plus fort. Avec ma chance, j'aurais encore trébuché et me serais fait piétiner. En tout cas, malgré sa violence, ce mouvement de foule avait eu l'avantage de me faire me rapprocher un peu plus de la scène. J'étais à présent debout sur les barrières, ma tête se balançant au rythme de la musique et le poing en l'air, doigts repliés pour faire apparaître les fameuses « cornes du diable ».

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Un dernier accord résonne alors que les membres du groupe quittent la scène. Je ne sais pas qui ils sont mais leur musique n'est pas mauvaise.

Le calme revient peu à peu dans la foule qui se disperse à travers la grande plaine qui accueille notre festival local. La nuit commence à tomber, si bien que la grande scène est peu à peu plongée dans l'obscurité. Les derniers rayons de notre chaud soleil floridien caressent ma peau aussi pâle qu'à l'accoutumée tandis qu'une petite brise agite mes cheveux et fait voler des mèches roses et noires devant mon visage en sueur. Cet air frais est le bienvenu après la chaleur torride de cette journée caniculaire de la fin du mois d'août.