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ASH
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— Allez, allez, dépêchons ! On ne fait pas attendre les fans ! s'exclame Herman Steinberg, le producteur d'Apollo Faces. Allez, Jem, laisse Victor s'occuper des instruments, on est déjà en retard !

Jem s'écarte à contre-cœur des grosses malles renfermant tout le matériel de scène du groupe et les laisse entre les mains de leurs techniciens de tournée. Un grand homme aux muscles énormes s'en approche et soulève sans difficultés l'une des caisses sombres qui doit peser au moins cent cinquante kilos avant de la hisser dans la soute du bus de tournée qui nous emmène à Orlando. Après un dernier regard en arrière, Jem finit par se résoudre à nous rejoindre.

— Allez, grimpez là-dedans, qu'on puisse enfin partir ! s'impatiente le manager en désignant la porte du bus.

Carter est le premier à gravir les quelques marches de l'imposant véhicule et à disparaître derrière les vitres teintées. Je lui emboîte le pas, rapidement suivie par le reste du groupe. Jem, qui surveillait encore du coin de l'œil son staff, est le dernier à franchir la petite porte du véhicule.

J'étouffe une exclamation de stupéfaction lorsque je découvre enfin l'intérieur du bus de tournée d'Apollo Faces. Derrière la cabine du conducteur, deux banquettes capitonnées se font face et délimitent un petit espace de détente au centre duquel trône une table visiblement fixée au sol. Plus loin, une kitchenette équipée d'un mini-frigo sûrement plein à craquer de cochonneries côtoie une multitude d'étagères et autres placards fermés de différentes formes et tailles qui menacent eux aussi de déborder. Une seconde porte est découpée dans la paroi de gauche afin que l'on puise accéder à la pièce de vie de ce véhicule énorme sans pour autant déranger le conducteur. Partout, de lourds rideaux de velours rouge sombre obstruent les fenêtres découpées dans le faux lambris des murs. Enfin, de l'autre côté de la pièce, entre deux étagères submergées par des accessoires en tout genre allant du simple livre à la pile de lettres de fans, se dessine une autre ouverture elle aussi dissimulée derrière un rideau.

Je m'avance lentement dans ce nouvel univers pour m'approcher un peu plus de l'ouverture qui  m'intrigue. Voyant que j'hésite à poursuivre mon exploration, Liam qui me talonnait passe devant et m'encourage à le suivre. Il soulève le tissu rouge et m'invite d'un geste à pénétrer dans la seconde pièce de leur hôtel itinérant. Le pas incertain, je franchis le seuil et découvre avec surprise la « chambre » de Jake, Carter, Liam et Jem. Trois lits se superposent de chaque coté d'une allée centrale recouverte d'un tapis gris assorti aux rideaux qui permettent d'isoler les couchages alors que quelques guirlandes lumineuses apportent un coté très chaleureux et beaucoup plus intime que ce que je pensais à l'endroit.

Parcourant la pièce du regard, je finis par remarquer une dernière porte, presque invisible parceque découpée dans le même lambris que les murs, sur laquelle se balance un petit écriteau arborant la mention « bathroom ».
Impressionnée par tant de nouveauté, je finis par reporter mon attention sur Liam. Jamais je n'aurais soupçonné, en voyant le bus depuis l'extérieur, qu'on pouvait y faire tenir un petit loft tout entier !

— C'est incroyable, m'émerveillé-je enfin. C'est ici que vous vivez quand vous donnez des concerts ?

— Ça dépend des fois, répond Liam en enfouissant ses mains dans ses poches. Quand on est en tournée et qu'on n'a pas beaucoup de temps entre deux concerts, oui. Sinon, Herman s'arrange pour nous trouver des hôtels à proximité des salles de concert.

Il s'interrompt un instant, contemplant avec un air paisible le décor qui l'entoure avant de reprendre :

— J'aime bien ce bus. Ça fait un moment qu'il nous trimbale mais il tient le coup.

As Yet Untitled [ᴇɴ ᴄᴏʀʀᴇᴄᴛɪᴏɴ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant