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ASH
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— Lucyyy ! Qu'est-ce que tu as fait de mon sac ? On va être en retard ! je grogne en regardant sous la table du salon puis derrière chacun des coussins du canapé. C'est quoi cette manie de toujours tout ranger ?

— Dans le placard de l'entrée ! l'entends-je répondre depuis la salle de bains.

Je pousse un soupir et me précipite vers ledit placard pour tenter de retrouver mes notes et cahiers. Malheureusement, j'ai beau chercher, Lucy a si bien rangé le loft que je ne parviens pas à le dénicher. Chaque chose a désormais sa place et je n'ose rompre l'ordre martial des chaussures alignées avec soin les unes à côté des autres. Je scrute avec attention chacune des étagères mais aucun sac à dos n'y est entreposé.

Depuis qu'elle a retrouvé l'usage de sa main, ma colocataire ne peut s'empêcher de s'en servir en passant derrière tout le monde, rassemblant ça et là le désordre laissé par chacun si bien que je ne peux même plus abandonner mes crayons une seconde pour aller me servir un verre d'eau sans qu'elle n'entreprenne de les faire disparaître je ne sais où.

Déjà maniaque du rangement avant sa chute dans les escaliers, cela n'a fait qu'empirer pendant ses trois semaines de convalescence lorsqu'elle a constaté que le ménage et l'ordre n'étaient pas notre fort à Jem, Jake et moi. Contrainte au repos par son médecin, elle a fini par s'arracher les cheveux en constatant que la vaisselle n'avait de cesse de s'empiler dans l'évier et formait des pyramides de verre et de terre cuite avant que nous ne nous résignions à tout nettoyer et ranger. Alors, dès qu'on l'a autorisée à retirer son attelle, elle s'est précipitée sur les placards et autres tiroirs et a entrepris de rattraper presque un mois de négligences.

Si Jem et moi avons fini par être de nouveau autorisés à mettre les pieds sur le campus, je n'en ai pas pour autant regagné ma chambre universitaire. J'ai au contraire continué à squatter plus souvent que je ne l'aurais dû l'appartement de Jake si bien que je n'ai plus la moindre idée de l'endroit où se trouvent mes affaires. Je mets dès lors des heures à fouiller l'appartement avant de me souvenir que cette boîte de pastels est restée sur le campus ou que mes baskets de footing ont glissé sous le lit que je partage avec le chanteur d'Apollo Faces.

— Alors, t'es prête ? me presse d'ailleurs Jem en me rejoignant dans le hall d'entrée.

Je grogne, la tête enfouie entre les blousons et autres vestes en jean pour tenter de remettre la main sur mon sac de cours. Je l'avais laissé sur la table du séjour pour pouvoir l'attraper rapidement en partant mais évidement, Lucy a fait une insomnie et décidé de ranger tout le loft au beau milieu de la nuit.

— Si on ne part pas tout de suite, on n'arrivera jamais à l'heure pour l'exam de français, rajoute le chanteur.

— Bon, laisse tomber, fais-je en me redressant. T'as un stylo ?

Il hoche la tête.

— Alors on y va.

Nous arrivons juste à temps dans l'amphithéâtre. M. Sorel a déjà distribué les sujets de l'examen mais il nous autorise tout de même à nous asseoir.

En retournant ma feuille, je jette un coup d'œil à Jem qui panique déjà. Il me glisse un stylo dans la main et baisse la tête vers sa propre copie pour se concentrer.

Je souris en découvrant le QCM que nous a préparé notre enseignant et coche rapidement les premières cases. La question douze me donne un peu de fil à retordre mais je finis par m'en sortir et termine mon examen bien avant tout le monde. Quarante-cinq minutes m'ont suffi pour répondre aux quarante questions et relire trois fois ma copie pour être certaine de n'avoir laissé passer aucune erreur. Je remercie silencieusement mon père de m'avoir emmenée quelque temps avec lui en France quand j'étais plus jeune.

As Yet Untitled [ᴇɴ ᴄᴏʀʀᴇᴄᴛɪᴏɴ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant