As Yet Untitled [ᴇɴ ᴄᴏʀʀᴇᴄᴛɪᴏɴ]

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JEM
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Trois coups secs contre la porte du grand appartement de Jake me font raccrocher ma guitare. J'éteins mon ampli et me lève pour ouvrir le battant. Ash se tient sur le seuil, les cheveux emmêlés par les rafales puissantes du vent froid qui souffle dehors. Elle a beau n'avoir que dix minutes de retard, j'ai cru qu'elle ne viendrait pas.

— Désolée de n'arriver que maintenant mais le bus n'est pas passé alors j'ai marché jusqu'ici, s'excuse-t-elle lorsque je l'invite à entrer.

— Tu aurais dû m'appeler, je serais venu te chercher, grimacé-je.

Elle hausse les épaules :

— Je n'y ai pas pensé.

Je lui fais signe d'avancer dans le salon. Elle entre et ouvre son sac pour en sortir un manuel et ses cahiers tandis que je m'installe sur le canapé et allume mon ordinateur. J'ai remarqué qu'Ashley était de ceux qui prennent encore leurs cours à la main et lorsque je l'interroge sur la raison qui la pousse à renier la technologie, elle sourit, catégorique :

— Le bruit des claviers m'insupporte. J'ai l'impression d'être entourée de souris qui courent sur le parquet quand je suis en amphi, alors rien que l'idée de me dire que je pourrais moi aussi être à l'origine de ce bruit horripilant... beurk.

Elle fronce le nez et je souris.

Alors comme ça mademoiselle Marchal ne porte pas les souris dans son cœur ?

— Par quoi on commence ? je demande pour changer de sujet alors qu'elle s'assoit à mes côtés.

Elle ouvre son manuel et le tient devant son visage pour me montrer la page qu'elle a sélectionnée avant de répondre, la voix étouffée par l'épais volume :

— Je te propose qu'on reprenne la dernière leçon, OK ?

Je grimace, pas tout à fait convaincu par son choix quelque peu ambitieux. Je crois qu'elle sur-estime mes capacités...
Elle m'encourage en disant que mon niveau ne peut pas être aussi catastrophique que cela mais finit par se raviser lorsqu'elle comprend qu'il est en réalité encore pire que ce qu'elle avait craint. Elle revient donc quelques pages en arrière et tente de me ré-expliquer les bases.

Après une demi-heure de ce manège vain, elle décide finalement de changer de méthode :

— Est-ce que tu écoutes de la musique française ? interroge-t-elle avec espoir.

Je la regarde sans comprendre alors qu'elle se contente de sourire sans m'expliquer ce qu'elle a derrière la tête. J'entreprends donc de fouiller ma mémoire à la recherche de ce qu'elle me demande. Un titre finit par me revenir et je le lui partage, incertain.

— Amsterdam ? De... Brel, je crois.

Son regard s'illumine et elle désigne mon ordinateur.

— Je peux ?

Je lui fais signe que oui.

Elle tapote sur les touches et je souris en repensant à ce qu'elle m'a avoué lorsqu'elle est arrivée.

Elle finit par se redresser tandis que les premières notes de la chanson retentissent dans la pièce. Elle se tourne vers moi et me dévisage avec un grand sourire alors que je me demande toujours ce qu'elle a bien pu imaginer. Les notes nous enveloppent mais je n'y fais pas vraiment attention perdu que je suis dans les yeux bruns qui me fixent.

Le morceau se termine à peine qu'Ashley s'empresse de m'interroger, me révélant enfin ses intentions :

— Alors, qu'est-ce que tu as compris ?