As Yet Untitled [ᴇɴ ᴄᴏʀʀᴇᴄᴛɪᴏɴ]

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ASH
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- Ashley ! Ash, le petit déjeuner est prêt !

Je me retourne paresseusement dans mon lit et pose la main sur mon réveil pour le faire taire mais la voix qui m'a réveillée ne s'estompe pas pour autant. Je réalise soudain que c'est mon père qui m'appelle depuis la cuisine. Je me redresse et repousse mes draps.
Posant les pieds à plat sur le sol je me baisse et touche mes orteils avec la paume de mes mains, jambes tendues. Après ma micro-séance d'étirements (habitude héritée de ma mère), je me dirige vers les escaliers et rejoins mon père.

Lorsque j'atteins le palier, une odeur d'œufs brouillés et de bacon frit envahit mes narines. Cela fait des années que je n'ai pas senti ce fumet délicat. Ma mère ne cuisine que rarement, trop occupée à peindre du matin au soir et à courir après les galeries à la recherche d'un mécène qui voudrait bien exposer son travail.
Lorsque je vivais encore avec elle à New York, je me contentais donc d'emmener une pomme, le matin, que je grignotais sur le chemin de l'école. Mais depuis que j'ai emménagé chez mon père au début du mois d'août, il met un point d'honneur à partager le petit déjeuner avec moi et à me préparer de bons petits plats.

- Bonjour papa, lancé-je gaiment.

- Bonjour ma puce. Comment s'est passée ta soirée ? Je ne t'ai pas entendue rentrer.

Je souris en repensant à ma nuit : les concerts étaient vraiment grandioses et le festival s'est terminé tard.
Une fois que la musique s'était tue pour de bon, j'avais arpenté la plaine et déambulé entre les corps pressés les uns contre les autres avec l'espoir d'apercevoir une dernière fois mes artistes favoris. Ils n'avaient malheureusement pas attendu la fin du festival pour se réfugier dans leur bus et étaient déjà prêts à quitter les lieux. Je n'avais alors réussi qu'à apercevoir une touffe de cheveux blonds et une paire d'yeux bleus qui regardaient dans ma direction. Il ne m'en avait pourtant pas fallu plus pour fondre : Jem, le chanteur du groupe Apollo Faces, m'avait vue. Au moins, m'en étais-je convaincue.

- Très bien, réponds-je à mon père qui me dévisage toujours, attendant une réponse. Je suis rentrée assez tard, en fait. Tu dormais depuis longtemps.

- Tu as réussi à voir ton groupe ? me demande-t-il en faisant glisser un œuf dans l'assiette devant moi.

- C'est pas mon groupe, papa, ris-je. C'est simplement un groupe que j'aime bien. Et oui, j'ai pu les voir.

Et mieux que ça, même, j'ajoute en pensée.

Je ne peux m'empêcher de repasser en boucle dans ma tête le souvenir de ces yeux océans qui fixent les miens. 
Le regard dans le vague et le sourire jusqu'aux oreilles, je m'empare d'une pomme et en croque un petit bout.

- Bon, tant mieux. Personne ne t'a embêtée, dis ? poursuit mon père, véritablement inquiet.

- Papa, c'était un festival de métal...

- Justement ! me coupe-t-il avec véhémence.

- ... pas une beuverie. Et puis je suis grande maintenant, réussis-je tout de même à achever.

Je le vois se renfrogner mais il n'insiste pas et change de sujet :

- Quand seras-tu prête à partir ?  J'ai déjà chargé tes affaires dans la voiture.

- Laisse-moi le temps de prendre une douche et j'arrive, je réponds en finissant ma pomme.

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Mon père a décrété qu'il m'emmènerait visiter le campus et m'aiderait à emménager dans ma nouvelle chambre étudiante pour « rattraper le temps perdu ». Je n'ai pas osé protester, trop heureuse de le retrouver. Seulement je réalise à présent que, n'ayant pas grand chose à déménager, je vais me retrouver seule avec mon lui dans un environnement inconnu.