As Yet Untitled [ᴇɴ ᴄᴏʀʀᴇᴄᴛɪᴏɴ]

-20- Bis

ASH
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Lucy est plutôt du genre matinal en règle générale ; même après une soirée qui s'est un peu éternisée. Alors lorsque j'ouvre les yeux, je m'attends à la trouver appuyée contre le mur, quelques coussins calés sous le dos et un livre ouvert sur les genoux. Pourtant j'ai beau fouiller la pièce du regard, je ne trouve aucune trace de mon amie. Un bruissement ténu me fait tout de même tourner la tête vers notre petite salle de bains et je remarque qu'un rai de lumière jaune filtre sous la porte. Je me lève et frappe délicatement au battant.

Aucune réponse.

Je pousse la porte et pénètre dans la pièce sans provoquer la moindre réaction. Pourtant Lucy est bien là, agenouillée sur le carrelage froid, la tête nichée au creux de son coude lui-même posé sur le rebord de la cuvette des toilettes. Ses yeux clos sont soulignés d'épais cernes sombres et ses sourcils, froncés. D'ailleurs, tout son visage semble crispé ; elle n'a pas dû beaucoup dormir.

J'hésite à la réveiller pour l'aider à regagner son lit — elle y serait bien plus à l'aise — mais avant que j'aie pu esquisser un geste, elle se redresse et plonge la tête dans la cuvette pour vomir. Je me précipite vers son petit corps frêle pour retenir ses cheveux et lui caresse doucement le dos pour lui manifester mon soutien mais elle ne semble pas s'en rendre compte. Qu'est-ce qui a bien pu la mettre dans cet état ?

Une fois qu'elle s'est un peu remise de ses émotions, je m'écarte et m'assieds à ses cotés.

— Désolée, commence-t-elle mais je l'interromps d'un geste.

— Arrête, ça arrive à tout le monde d'être malade.

— Je ne voulais pas te réveiller, poursuit-elle malgré tout.

Je secoue la tête pour lui faire comprendre que ce n'est pas à cause d'elle que je suis debout et lui suggère de regagner son lit. Elle acquise et je la borde de nouveau.

Alors que j'enfile un sweat informe pour sortir chercher un café, le téléphone de Lucy se met à sonner. Je me précipite vers l'appareil afin d'éviter que mon amie ne quitte son lit et le lui tends rapidement.

— C'est Jake, annoncé-je après avoir tout de même jeté un coup d'œil à l'écran. Il doit sans doute vouloir prendre de tes nouvelles. Je lui ai envoyé un message hier soir.

Mon amie décroche en levant les yeux au ciel :

— Tu n'as pas pu t'en empêcher hein ? Allô ?

— Mais je me faisais du souci pour toi ! rétorqué-je alors qu'elle ne m'écoute déjà plus.

— Oui, je vais bien, l'entends-je dire dans le combiné d'une petite voix guillerette.

Elle a sans doute été actrice dans un autre vie : même avec l'estomac embarqué contre son gré dans un grand-huit, elle parvient à donner le change pour ne pas inquiéter les autres.

— J'ai simplement dû manger un truc pas frais. Ne t'en fais pas, ça ira mieux demain. Et toi, comment ça s'annonce le concert ? Ah. Zut. Vous rentrez bientôt alors ? D'accord. J'espère que ça va aller. Oui. Moi aussi. Je t'aime.

Je fixe mon amie, un grand sourire aux lèvres.

— Qu'est-ce que j'ai raté ? demandé-je innocemment.