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Je suis devant Matéo, quasiment glacé. Je n'ose pas comprendre cette dernière phrase. Je regarde tour à tour mon étudiant et son amie. Sans doute sa petite-amie, au regard de ces claires révélations. Matéo saisit un verre sur une autre table et me sert du vin blanc. Il me le tend avec un sourire compatissant.

Je ne réfléchis pas et avale d'une traite son contenu. Je crois que j'ai besoin de ce remontant pour parvenir à comprendre ce qui exactement est en train de se passer. C'est Matéo qui reprend la parole, sous le regard amusé de son amie, visiblement informée de la situation :

« L'adresse email que vous avez montrée à Rafael est une adresse bidon qu'il a créée il y a quelques mois. Pour vous.

— Donc toi...

— Moi je ne suis que le soutien de Rafael. Et qu'il m'ait impliqué dans l'histoire m'a déplu, c'est pour ça que je l'ai appelé.

— Tout à l'heure, c'était donc toi ?

— Oui, il m'a abandonnée pour ça, éclate de rire son amie.

— Je ne me suis pas présenté, navré, je suis... bredouillai-je.

— Florent Leprince, son super prof, je sais ! rigole-t-elle.

— Alors je suis un super prof ? répétai-je à l'attention de Matéo.

— On verra quand vous aurez corrigé mes copies ! me dit-il avec un clin d'œil.

— Tu m'avais intrigué le premier jour tout de même.

— Quand j'étais appuyé contre la porte ?

— Exactement. Que tu avais fermée quasiment sur moi !

— J'étais inquiet que Rafael soit en retard, je l'attendais. Nous sommes plus proches qu'on ne vous l'a laissé croire.

— Au point de me demander de l'attendre dans un bar pour qu'il vérifie que tout se passe bien entre lui et vous, imaginez ! continue de le taquiner sa petite-amie.

— D'où ta présence alors, très furtive ?

— Il fallait bien le pousser à vous parler...

— J'ai tant de questions à te poser, finalement...

— Le plus important, je crois, c'est d'aller lui parler à lui.

— Je sais bien, mais j'aimerais savoir deux choses.

— Dites-moi, je vous écoute.

— Quand tu avais lancé les applaudissements dans l'amphithéâtre, c'était... comment dire... prévu ?

— Vous plaisantez ? Vous nous avez bouleversés avec cette histoire ! Je crois que plus personne n'osera toucher à la drogue après ça... J'étais tellement secoué que j'ai réagi un peu vite, en applaudissant, comme si c'était de circonstance.

— Je suis plutôt content de l'apprendre alors... Et une dernière question... Tu es au courant de tout ?

— Si vous pensez aux vidéos, oui. C'est pour ça que je vous ai arrêté tout à l'heure. Je sais qu'il a été extrêmement sensible à votre envoi, et je ne voulais pas que vous m'en disiez plus. Quand vous avez joué du piano pour lui, il m'a dit une phrase que je n'oublierais jamais. Mais je préfère qu'il vous la dise lui.

— Merci Matéo. Sincèrement. »

Tous les deux sourient, alors que je m'excuse d'avoir troublé leur rendez-vous. La jeune fille balaie d'un revers mon commentaire, et me souhaite bonne chance. Quant à Matéo, il me donne le numéro de portable de Rafael. Il a raison, je dois savoir où il est pour le retrouver. Nous avons beaucoup à nous dire tous les deux.

Special Teacher (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant