Special Teacher (B&B)

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J'émerge doucement dans ses bras. Contrairement à notre dernière nuit, nos corps sont entrelacés, autorisés à se réchauffer l'un et l'autre. Ma tête est posée contre son torse, je respire son odeur, encore marquée par son parfum que j'aime tant. Il dort profondément, semblant avoir le sommeil lourd.

Ce n'est pas le soleil qui me réveille, comme la dernière fois. Non, c'est bien mon propre réveil, que j'avais mis en vibreur pour ce matin. J'ai quelques rendez-vous aujourd'hui, je dois les préparer et, surtout, être à l'heure. Mon argumentaire doit être direct, clair et efficace. Je n'ai pas droit à l'erreur.

Mais d'abord je constate les traces de notre nuit. Tel que je l'imaginais, Rafael et moi avons franchi une nouvelle étape. Et tel que je l'avais pensé, tout s'est déroulé sans encombre. Oui, nous avons été maladroits, nous avons éclaté de rire devant notre indélicatesse respective, nous avons du recommencer parfois plusieurs fois pour arriver au résultat escompté.

C'est une grande découverte, pour lui, pour moi. Avoir vécu avec lui cette première fois, un peu spéciale, il faut l'avouer, a considérablement contribué à notre rapprochement. Après ce moment intime, nous sommes restés de longues minutes à nous regarder. Ses yeux avaient changé de couleur, mais aussi d'intensité. Ils n'étaient plus seulement pétillants.

Désormais, je vois dans son regard le reflet de mon être, de mes sentiments, de mon attachement. Rafael entre peu à peu dans ma vie, et sa pupille me le rappelle. Je ne le regarde plus comme avant, de moins en moins en tout cas. Ses yeux ne font plus que pétiller, ils sont chaleureux, comme si un fluide brûlant les traversait.

C'est peut-être surprenant mais j'ai l'impression que quelque chose s'est éteint en moi. Comme si une partie du poids que je devais supporter s'était volatilisée. Une sorte de légèreté, une volupté, bref, un idéal a été atteint. Il m'a débarrassé de mes vieux démons, de mes inquiétudes, de mon anxiété généralisée.

Toujours contre lui, je sens sa main parcourir mon dos. Il est en train de renforcer l'étreinte que ses bras ont sur moi. Il est réveillé. Sa bouche se perd dans mes cheveux, qu'il hume comme si un air marin venait de pénétrer dans la pièce.

« Bien dormi mon Florent ?

— Se dépenser avant de se coucher aide toujours, tu ne crois pas ? dis-je sans bouger, profitant de souffler sur sa peau.

— Uniquement quand le sport est pratiqué à deux, tout seul, ça n'aide pas énormément.

— Je te sens très concerné, voire très informé par le sujet, rigolai-je.

— Que veux-tu, dès lors que tu es entré dans ma tête et dans mon cœur, impossible de penser à quelqu'un d'autre...

— Je ne veux pas savoir ! éclatai-je de rire.

— Inutile, puisque tu as pratiqué directement, sourit-il en menant ma tête vers lui pour m'embrasser.

— C'est mon réveil qui t'a dérangé ?

— Du tout, le mien n'allait pas tarder à s'enclencher aussi.

— Pourquoi ? Tu n'as pas cours aujourd'hui.

— A l'école non, mais j'enfile mon costume de prof et retrouve mes petits étudiants au conservatoire ».

Finalement, je commence à croire que ses vraies-fausses questions sur la profession d'enseignant avaient un fond de vérité. Il a l'air d'aimer ces cours. Et comment ne pas le comprendre ? Ces enfants ne savent rien de la musique, ils ont donc tout à apprendre, à découvrir, à expérimenter. C'est le meilleur moment pour être enseignant.