Special Teacher (B&B)

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Instinctivement, mes doigts quittent l'instrument et viennent se poser contre sa joue. Sa peau est douce, c'est un plaisir que de pouvoir ressentir chaque centimètre de ce visage. Avec sa main droite, lui aussi saisit la mienne et lève la tête pour que mon bras vienne désormais entourer ses épaules.

Je redresse mon avant-bras pour que je puisse jouer avec ses cheveux châtains. J'ai rarement été aussi heureux, aussi bien, tout simplement. Je suis complètement apaisé, même si au fond de moi revient encore et toujours cette étrange chaleur, que je vais devoir apprendre à côtoyer je crois.

A son tour il prend l'initiative d'arrêter de jouer, me laissant ainsi, une seule main sur le clavier, tentant d'adoucir les graves notes qui pourtant ne cessent de sortir. Il semble oublier l'ambiance légèrement plus froide qu'elles créent, puisque sa main libre rejoint ma taille, sans que sa tête n'ait quitté mon épaule.

Il est ainsi, à ma droite, posé sur moi, me regardant, enserrant mon corps. J'aurais envie d'arrêter de jouer pour que nous puissions pleinement nous rejoindre. Mais je ressens le besoin. Le besoin de jouer pour lui. Je dois parvenir à surpasser toutes ces angoisses. J'y suis bien arrivé jusqu'à présent.

Je défais la prise de ma main droite, et la glisse sous lui, pour qu'elle puisse atteindre de nouveau le piano. Mes gestes sont lents, il ne doit pas penser que je veux mettre fin à cet instant. Au contraire. Ma main est posée, alors je joue. Je joue à droite, je laisse chacun de mes doigts libres de leurs envies.

Il est encore plus collé à moi, je le sens. Et je joue. Je ferme les yeux, ma tête semble suivre un quelconque rythme que j'essaie de reproduire tant bien que mal. C'est mon cœur qui tente de parler au creux de mes doigts, mais les sons que je parviens à jouer ne sont rien face à l'excitation qui l'habite.

Au fil de ces mouvements de tête, je rencontre parfois celle de Rafael, qui se retrouve encastrée. Ces cheveux titillent mes oreilles, ma joue. Les notes deviennent plus longues, j'essaie de créer une belle ambiance pour nous. Je sais qu'il regarde tout autant mon visage que mes mains s'activer. J'espère qu'il sourit encore.

Comme si tout cela n'était qu'un jeu, nous avançons nos pions chacun notre tour. C'est maintenant à lui de déplacer ses membres, tel qu'un danseur étoile, avec toute sa splendeur et sa volupté, pourrait le faire. Sa main droite remonte délicatement contre moi, n'oubliant aucune des surfaces de mon torse.

Elle parvient à mon cou, et sa pression devient légèrement plus forte. Elle m'enjoint à tourner la tête, tandis que je sens le poids sur mon épaule diminuer. Rafael se rapproche de moi, je sens son souffle doucement s'accélérer et, dans une synchronisation parfaite, nos lèvres se rencontrent une nouvelle fois ce soir. Comme si c'était la première.

J'ai du mal à jouer, mais j'ai envie de continuer. Ses lèvres, sa langue, son visage, tous se font pressants, alors je cède. Je cède à ce jeune homme hypnotique. C'est notre premier vrai baiser. Et je sens des hordes d'hormones me monter au cerveau. Je suis complètement ravagé, mais pour une fois, j'en suis heureux.

Merci. Merci. Merci.

Il vient de recommencer. De prononcer de nouveau ce mot. Trois fois. Comme la dernière fois. Il n'en fallait pas plus pour que lâchent en même temps mon cœur et mes bras. Je le rejoins, mes bras passant désormais dans son dos. Je ne veux pas que nos corps se quittent. Vraiment pas.

Sa main me saisit et me ramène sur le canapé. Il me fait signe de rejoindre ma place initiale, la méridienne. Lui s'installe à côté de moi, puis, d'un geste soudain, le voici lui aussi allongé, sa tête arrivant contre ma cuisse. Je sers de repose-tête à Rafael. Et ce me convient parfaitement. Alors, naturellement, mes doigts rejouent avec ces cheveux mi-longs.