Special Teacher (B&B)

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Je la regarde plein d'espoir malgré tout. Moi aussi j'ai le droit de prendre un léger tournant dans ma carrière. Rafael m'a fait prendre conscience combien j'aimais moi aussi la musique. J'ai bien le droit de concilier ma vie professionnelle avec mes plaisirs et mes loisirs, après tout. Concepción commence :

« Il y a, Florent, un léger détail que tu as omis...

— C'est non ?

— C'est non.

— Pourquoi ? Dis moi pourquoi, je t'en prie...

— Comme tu le sais, l'université ne peut pas ouvrir seule de nouvelle formation de ce type, elle a besoin d'un partenaire local.

— Tout à fait, j'avais même contribué à développer cette idée.

— C'est normal après tout, nous n'avons pas des moyens illimités. Et ton école... comment dire...

— Ils ont refusé, c'est ça ?

— Exactement... Mis à part ton directeur, tous les collègues ont voté contre. Sans exception ».

Ils viennent d'enterrer tout le projet. Il ne se sont pas mis en réserve, fait part de leurs doutes, non, ils ont voté contre. C'est terminé.

« Ils ont préféré garder leur possibilité d'ouvrir un ultime master pour eux, en propre.

— Un ultime ?

— Ton école n'a plus qu'un seul droit à la formation. Ton directeur est terriblement déçu, sache le.

— Justement, sa déception ne fait que les satisfaire... Ils se sont vengés de lui à travers moi.

— Pourquoi tu penses ça ?

— L'école m'a accueilli comme si j'étais le prof qu'on n'attendait plus. Sans compter les avantages dont je jouis. Je sais qu'ils n'aiment pas réellement enseigner, mais cette simple différence de traitement a du les mettre en colère...

— Au point de tuer dans l'œuf ton projet ?

— Quand lors de la rentrée la parole m'est donnée mais pas à un seul de mes collègues, qu'imagines-tu ? Je sais par Rafael que les étudiants qui m'ont déjà eu en cours parlent de moi, de mes méthodes même, aux collègues. Rien de plus agaçant... Et les autres écoles ?

— Elles sont bloquées, parce qu'elles n'ont plus aucune formation à ouvrir.

— Et je ne peux évidemment pas leur demander de sacrifier quoi que ce soit, ce serait absurde...

— Je pourrais te proposer de tenter d'ouvrir une formation privée, mais...

— Ma réputation en serait clairement altérée, après tant d'années à parcourir le monde...

— Je suis tellement désolée mon Flo'... »

A ces mots, Concepción me prend dans ses bras, sincèrement affectée. Je le suis aussi, pour Rafael. J'aurai donc échoué, par deux fois. Et je n'arrive pas à me faire à cette idée. Les collègues sont sortis par la seconde porte, mais reste encore mon directeur, qui m'aborde avant que je parte :

« Florent, votre projet est superbe. Je vous aiderai. Je ne sais pas encore comment, mais je vous en fais la promesse.

— Vous n'êtes obligé de rien après tout, soulignai-je.

— J'ai peut-être une part de responsabilité dans la réputation qui vous précède, je dois me racheter.

— Rien ne...