Chapitre 5 / Avertissement

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En ce vendredi soir, la foule dans les escaliers est extrêmement dense, chacun se rend à son bar préféré et la plupart va en profiter pour se soûler jusqu'à oublier sa vie

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En ce vendredi soir, la foule dans les escaliers est extrêmement dense, chacun se rend à son bar préféré et la plupart va en profiter pour se soûler jusqu'à oublier sa vie. Des éclats de rire forcés, des explosions de colère, des bouteilles fracassées contre les murs... Voilà à quoi ressemble l'amas d'appartements qui me sert d'immeuble le week-end.

C'est dangereux de traîner, de s'attarder. Je me dépêche de descendre et plusieurs personnes, dont certaines déjà complètement dans les vapes, m'abordent. Je feins l'indifférence comme toujours, mais mon pouls bat à tout rompre. Je panique intérieurement. J'ai beau savoir depuis des années comment éviter les situations périlleuses, ce sentiment d'impuissance me rend nauséeuse.

Il ne me reste qu'une poignée de marches à descendre et je pourrais accélérer le pas pour rejoindre la bibliothèque du coin. Soudain, un homme m'attrape le poignet et rapproche son visage du mien. Il est en piteux état mais je le reconnais : c'est Adrien Finch, mon voisin de palier. Il est dans le gang dominant du quartier -WhiteChapel- depuis quelques années et n'est pas plus âgé que moi. On était amis, autrefois. Évidemment, je me suis éloignée de lui dès que j'ai compris dans quoi il traînait pour éviter tout conflit. Son haleine empeste l'alcool et vient s'abattre sur mon visage. 

« Tu veux pas rester un peu, Moon ? On pourrait te trouver un travail rentable, tu sais. Pour aider ta tante. Un travail, ça te dit pas ? Y'en a qui serait prêt à payer pour toi. » Dit-il sans mâcher ses mots et en promenant son regard le long de mon corps.

Je le repousse de la main calmement, une sueur froide le long du dos. Ce n'est pas la première fois qu'on me propose de vendre ma dignité pour quelques pièces. Une jeune personne sans emploi qui étudie, ça n'est pas normal. Normalement, je devrais avoir déjà intégré une organisation illégale du coin pour aider ma tante qui elle, est passée entre les mailles du filet. Une personne dans un foyer avec un diplôme peut être tolérée mais deux, cela devient une véritable insulte, une provocation à l'encontre de tous ceux qui ne peuvent pas se le permettre.

Je lâche alors à Adrien que son patron l'appelle depuis le bar de son organisation, au-dessus de nos têtes. Il blême alors et s'en va au pas de course, titubant et paniqué. S'il y a bien une chose qui est respectée ici, c'est la hiérarchie. Manquer de respect à quelqu'un au-dessus de nous revient à signer son arrêt de mort. Pour ma part, je me situe vers le bas de l'échelle, à la merci de tous ceux qui ont du pouvoir, une arme ou de l'argent.

Je file aussitôt dans l'escalier pour reprendre ma route et rejoins le trottoir bondé rapidement. Entre les hologrammes et les passants, je ne peux plus me fier à ma vue et décide de suivre mon instinct. Je connais la route par cœur, je sais où je vais. Je me répète cette phrase en boucle, espérant former un barrage entre cet environnement bruyant et agité et mon esprit. Je passe alors dans une rue presque vide, étroite et sale.

Il ne me reste qu'une rue à traverser et j'y serais. Je tourne alors à gauche, mon immeuble désormais dos à moi, et vois finalement ma destination. Le bâtiment, une ancienne chapelle, a été abandonné il y a longtemps. Désormais, il n'y a pas assez d'argent pour réhabiliter le bâtiment, ni le détruire. A la place, tous ceux qui en avaient envie ont décidé de le remplir avec des livres. Ces derniers sont de plus en plus rares, remplacés par leurs versions numériques sur Alisia. Ainsi, conserver les œuvres au format papier est devenu l'occupation de certains.

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