Je revois Kate, le visage flou. Elle est heureuse. On se tient toutes les deux dans un champ, en plein été. Elle porte une magnifique robe à fleur bleue, ses cheveux volent autour de son visage solaire pendant qu'elle tourne sur elle-même avec un sourire enjôleur. Elle doit avoir quelques années de moins, à peine la vingtaine. Quant à moi, je suis plus petite, je tiens deux bouquets de fleurs à peine cueillies dans les mains et je m'apprête à les donner à quelqu'un, mais l'image angélique de ma tante m'immobilise totalement. Je m'élance alors vers elle et lui donne l'un des bouquet avec entrain.
Soudain, une femme qui me ressemble beaucoup m'appelle. Je me précipite vers elle, lui remets fièrement mon dernier bouquet presque fané et elle le récupère avec émotions avant de m'embrasser le front avec amour. Maman.
"Reste comme tu es, Moon. Ne laisse pas le monde te changer"
Ma mère part alors dans une quinte de toux inquiétante puis le néant m'enveloppe à nouveau, je quitte ce souvenir aussi réconfortant que précieux. Ho, maman, si tu voyais comment le monde nous avait toutes changées...
C'est alors qu'une douce odeur de feu de bois me parvient lentement, me tirant progressivement des noirceurs de mes songes. Je récupère progressivement mes sens et je sens surtout une chaleur réconfortante tandis que j'entends le bruit sec du bois en train de craquer dans une cheminée. Je suis allongée, à l'abri.
Je me rappelle alors que le dernier décor que j'ai connu n'était que les ténèbres et le froid de la Tamise en pleine nuit ! J'ouvre subitement les yeux et me redresse avec angoisse. Bordel, où est-ce que j'ai atterri ? Je regarde autour de moi en sentant mon cœur battre la chamade. Je me trouve dans un appartement sacrément grand et très bien décoré : il y a bien une cheminée à côté de moi où brûle un feu, et la pièce ressemble à un salon, avec des briques rouges aux murs et du mobilier en bois sombre. Quelques plantes complètent le tableau.
Je tends l'oreille quelques minutes, complètement immobile, pour m'assurer que je suis seule. Avec soulagement, je constate que personne d'autre n'est présent. Où est-ce que je suis ? Je me redresse rapidement, prise de vertiges, puis explore cet appartement. Mon premier réflexe est d'observer depuis la fenêtre : peut-être aurais-je une indication sur le lieu où je me trouve.
A ma grande surprise, je reconnais parfaitement le cœur de Londres, l'appartement se trouve en plein milieu de la ville ! De plus, il fait nuit, dehors. Je dois être au cinquième étage au moins. Je reconnais sans problème les quelques commerces, les usines et je vois même la Tamise, plus loin. Je repense à ma chute et un frisson d'effroi me prend alors. La personne qui m'a amenée ici m'a sauvée la vie, j'en ai conscience. Cependant, je ne sais absolument pas chez qui je me trouve ni ses intentions, donc je me méfie comme de la peste.
J'essaie d'ouvrir la fenêtre mais elle se trouve être fermée à clé et je m'en éloigne en poussant un juron. Je me dirige alors vers ce qui ressemble à la porte d'entrée mais elle est, là aussi, fermée. Je commence à sérieusement paniquer ! A tout moment, je suis dans la planque d'un taré qui veut juste me torturer, ou une connerie comme ça. Avoir grandie à Castle Gate ne m'aide pas à relativiser, j'imagine toujours le pire scénario possible. Je cherche mes lentilles pendant de longues minutes mais je ne les trouve pas. C'est pas vrai !
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Réalité augmentée
Fiksi IlmiahDans un monde futuriste où le jeu vidéo le plus connu sur Terre est devenu un monde à part entière, Moon est une simple étudiante. En tout cas, dans la réalité. En effet, elle est un élément clef du jeu, elle le défend et assure la sécurité de ses d...