Chapitre 1 / Réalité

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Mon alarme me tire de mes songes dans un sursaut

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Mon alarme me tire de mes songes dans un sursaut. Le bruit quoique doux et supposément mélodieux est à chaque fois trop matinal pour moi. Je cligne plusieurs fois des yeux pour m'accoutumer à l'obscurité de ma chambre étroite et finis par quitter mon lit. Le matelas trop fin me renvoie une douleur lacérante dans le dos comme à chaque fois , mais je me suis habituée depuis le temps.

J'allume ma lampe de chevet qui projette alors de longues ombres sur les murs de la pièce. Alors que la musique du réveil transperce le silence de plomb comme le rire d'un enfant innocent, la lumière jaunâtre dévoile l'état plus que médiocre de mon mobilier et de mes murs : une armoire en piteux état, un bureau recouvert de papiers, quelques vêtements au sol et des murs écaillés par le manque de soin flagrant. J'attrape et mets mes lentilles de contact machinalement dans un soupir. Que je déteste le matin !

J'éteins alors mon réveil d'une simple pensée grâce à mes lentilles et me lève. Je vais alors ouvrir ma fenêtre qui donne sur l'immense rue de mon quartier, plongé dans le noir : des maisons, toutes plus rouillées les unes que les autres, empilées comme des cages, avec comme seul moyen de déplacement des escaliers en fer mal entretenus et prêts à tomber. Celui de la rue adjacente s'est effondré l'année dernière, du vingt-sixième au quatrième étage. Ça a été un raffut terrible, pas à cause de l'état des lieux alors exposé par les médias, mais plutôt à cause du nombre de personnes qui ont porté plainte contre la ville. Sans succès.

Je sors alors de ma contemplation pour m'habiller en vitesse avec un jean et un pull noir à capuche. Comme pour tous mes voisins, la règle ici à Castle Gate a toujours été de garder la tête basse et d'éviter tout conflit éventuel, que ce soit avec les organisations illégales de la ville telles que WhiteChapel qui gouverne mon quartier ou même avec les autorités. Il paraît qu'ils étaient censés défendre la population dans le passé, chose qui me laissait à chaque fois lâcher un rire amer.

Je n'ai jamais été protégée contre quoi que ce soit, ni d'une mort quasie assurée lorsque j'avais dix ans au moment de la disparition de mes parents, ni de mon voisin qui s'était montré violent avec moi et ma tante il y a de cela quelques années. C'est elle qui m'a élevée, après la perte de sa sœur et ma mère.

Elle s'appelle Kate et s'occupe de moi sans broncher, sans rien demander, alors qu'elle n'a qu'une dizaine d'années de plus que moi. Nous nous serrons les coudes, liées par le deuil, et une envie farouche d'améliorer nos vies. Elle travaille en tant qu'infirmière au manoir Lyndsey, la propriété d'une des riches familles de la région. Cela me permet d'aller étudier et d'espérer faire des études intéressantes, mais cet engagement l'oblige à sacrifier un niveau de vie correct au profit de notre vie actuelle.

Je ne la remercierai jamais assez pour ça, et mon premier objectif après avoir trouvé du travail est de lui offrir la vie qu'elle mérite.

Je quitte alors ma chambre sur la pointe des pieds pour ne pas la réveiller et passe rapidement dans notre salle de bain miteuse. J'ouvre alors le robinet mais rien ne sort. C'est pas vrai ! Encore une panne. Ça doit être la troisième du mois et si ça continue comme ça, nos réserves d'eau ne suffiront plus. J'attrape une bouteille sous l'évier puis jette un coup d'œil à mon reflet. Je fais peur à voir. Mon teint pâle fait ressortir mes cernes tandis que mes longs cheveux foncés sont ternes, tels le reflet de ma misérable vie. Je quitte la salle de bain, probablement en fuyant cette image, pour rejoindre le salon.

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