Chapitre 11 / Campagne

6 0 0
                                    

Je réfléchis quelques minutes durant lesquelles Kate ne bouge pas d'un iota

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Je réfléchis quelques minutes durant lesquelles Kate ne bouge pas d'un iota. J'ai beau retourner le problème dans tous les sens, le souci n'est pas le dilemme mais l'absence totale de contre-arguments qui irait à l'encontre de ma décision. Je sais déjà ce que je veux faire, même si ça va faire mal. Je souffle pour me donner du courage et réponds sans trembler :

« Dans ce cas, dans 10 minutes, je serais partie. Laisse-moi juste rassembler mes affaires.

-Tu es sérieuse, alors ? Sort ma tante, le regard effaré.

-Évidemment. »

Je la dépasse sans ménagement et ouvre grand mon placard. Je récupère un vieux sac à dos enfoui au fond et y balance mes maigres possessions : une petite boîte contenant mes économies non numériques, deux ou trois vêtements, l'impression de mon passeport, une copie de ma carte d'identité, la boîte de mes lentilles et la nouvelle clé USB associée... J'ajoute aussi l'arme à feu que je cache sous mon matelas et une vieille photo de mes parents. Dessus, on les voit dans un parc d'attraction et malgré leurs cernes bien visibles, ils ont l'air heureux. Cette photo date d'une petite vingtaine d'années. J'essuie la larme rebelle qui dévale ma joue d'un geste rageur puis referme mon sac avant de quitter cette pièce qui ne me semble plus du tout accueillante.

J'entends les protestations de Kate mais je ne retiens rien. La douleur est si grande que je n'écoute plus. Elle a l'air de faire de grands gestes. A quoi bon ? Elle veut que je parte, alors je pars. La seule chose qui me semble inconcevable est de rester ici sans rien faire pour Alisia et ses joueurs. Je ne peux cependant pas empêcher ma poitrine de serrer douloureusement.

Je récupère quelques sachets de nourriture -même si actuellement, la simple idée de manger me tord l'estomac- et une bouteille d'eau à la cuisine puis ouvre la porte d'entrée.

« Ne fais pas ça... s'étrangle Kate.

-Tu ne me laisses pas le choix. Dis-je sans me retourner. Prends soin de toi. »

Je pars en claquant la porte et dévale l'escalier. Il n'a pas plu récemment mais je prie pour ne pas tomber. Où vais-je aller maintenant ?

Je peux aller chez Evie ? Cette idée me semble bonne mais alors que je tape un message à destination de la rousse, je m'arrête. Kate travaille chez elle, ça complique un peu la tâche. Je ne peux pas l'abandonner et la croiser tous les jours chez les Lindsey, ça serait cruel et inutile. Lily, peut-être ? Je rédige un rapide message à mon amie et lui explique que je suis officiellement à la rue et demande à passer la nuit chez elle.

Alors que j'avance dans les rues sombres de la ville, déjà en route vers la petite maison de mon amie, je reçois une réponse positive. Je soupire de soulagement et accélère le pas. Les rues ne sont jamais sûres, elles ne l'ont jamais été. Les multiples publicités de mes lentilles commencent à sérieusement me taper sur le système et je retire ces dernières lorsque je suis au niveau de Big Ben.

Réalité augmentéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant