Partie 55:

11 2 3
                                    

Je n'ai pas besoin de voir le visage de Lana pour savoir qu'elle est au bord de l'explosion. Je ne la regarde pas, mon regard est braqué sur l'écran du cellulaire dans mes mains comme si j'attendais de voir un visage apparaître. Comme par magie. Or je ne sais même pas à quoi elle peut bien ressembler. La personne au bout du fil attend encore donc je décide de lui retourner la question.

Alma anda tens alguém em o telefone celular.

Des bruits de talons se font entendre et une voix de femme retentit mais cette même voix est comme masquée. Je suppose qu'il s'agit d'elle et que l'homme a bouché le combiné pour lui toucher deux mots.

Quem é ? Demande une petite voix féminine.

Eu não sei, lui répond l'homme derrière le téléphone.

Un temps de silence se fait entendre après que l'homme ait dit, sans aucun doute à Alma, qu'il ignore qui est au téléphone.

Olá eu sou Alma, que eu posso fazer para você ?

Je sourie en entendant clairement Alma répondre. Je m'empresse de me présenter et de lui dire que Lana est présente en ce moment même avant de lui apprendre qui nous sommes exactement pour elle. Au début, on peut sentir qu'elle est anxieuse et elle ne sait pas vraiment si elle doit prendre notre appel au sérieux mais après quelques minutes d'insistances, elle comprend enfin que je ne l'appelle pas pour lui faire perdre son temps et ni le mien. Elle nous explique alors qu'elle ne peut pas s'attarder au téléphone puisqu'elle se trouve au travail et qu'elle doit accompagner son groupe de touristes faire le tour du Brésil. Elle s'excuse en nous promettant de nous rappeler avant la fin de la semaine et raccroche après nous avoir salués.

Lana se retourne enfin vers moi et me fait un faible sourire. Je sais que maintenant elle pense que sa réaction était absurde or elle était légitime. La souffrance que l'on ressent est incompréhensible pour les autres et en étant sincère au fond de soi, on sait qu'elle peut l'être aussi pour nous même. Parce que la souffrance à ce pouvoir de te couper de tout, des gens, des plaisirs simples de la vie et du monde en général. Elle te broie lentement mais violemment de l'intérieur, la souffrance est inexplicable. Je ne sais pas comment prendre cet appel wallah. D'un côté je sais que ça va nous faire du bien et d'un autre je sais aussi que l'on va culpabiliser de fou. En tous cas j'espère qu'une rencontre va s'organiser inshAllah parce que je n'aime pas trop parler au téléphone.
Ma cousine se retourne vers la fenêtre en soufflant.

— Mince cela me fait mal au cœur. Tu te rends compte que pendant toutes ces années j'ai misé sur son retour ? J'ai espéré jusqu'à la dernière seconde. J'avais misé ma confiance et ma patience.

Elle se tourne vers moi et attrape son chapelet posé sur le lit afin de le remettre à son cou. J'avance d'un pas dans sa direction et passe mon bras autour de ses petites épaules.

— Je sais et Allah aussi en est témoin. C'est le destin ma chérie. Je soupire avant de répéter dans un murmure en arabe. Rien que le destin.

Je dépose un petit bisou sur son crâne et la relâche. Finalement jusqu'ici tout va bien.

— Lana, Cynthia si vous ne vous dépêchez pas wallah que vous restez ici ! Hurle Karim.

Cela fait déjà un bon moment que l'on attend dans le salon mesdemoiselles Caralho et Merabet et apparemment elles ne sont pas décidées à se presser. D'ailleurs elles sont devenues très proches depuis qu'Alma nous a rappelé avant-hier. On est censé aller manger au restaurant avant de dire une dernière fois au revoir à la famille des deux frères. On rentre en France avec leurs parents ce soir. Enfin normalement parce que je pense qu'avec les deux gosses nous sommes jamais au bout de nos surprises.

«Se Deus quiser» Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant