Partie 72:

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Je m'assois lourdement sur mon lit et porte mes mains à mon visage tout en essayant de paraître bien dans mes baskets. Cynthia est en face de moi et comme à son habitude depuis quelques temps, elle se lance dans un des ses innombrables monologues. Et le plus inquiétant est qu'elle ne tente jamais d'ouverture pour que je puisse lui répondre. À vrai dire je ne serai lui répondre, cela fait déjà bien longtemps que je ne l'écoute plus. Ni elle, ni personne wallah. Je m'inquiètes énormément pour Lana, et je culpabilise beaucoup. Dans ce mois de ramadan j'aimerai qu'elle me pardonne, non autant que je demande pardon à Allah mais simplement qu'elle me fasse un quelconque signe. Depuis qu'elle est partie avec Jawad je n'ai plus de ses nouvelles, enfin si mais non pas directement par elle. Non pas que je doute des dires de son mari et de son cousin, mais j'ai besoin de savoir que pour le moment je n'ai pas échoué. Le coup du cadre était un coup de chance pour Tobias, il ne savait rien d'où est-ce qu'ils étaient. Je me suis renseigné et il faut savoir qu'il a envoyé le même colis dans toutes les grandes villes du Brésil. C'était un vrai coup de chance pour lui mais un soulagement pour nous tous d'avoir ce détail. Cela m'a permis de souffler cinq secondes sans suffoquer parce qu'à la sixième j'étais déjà entrain de retourner le plan dans tous les sens. Mais j'ai beau faire cela, il n'a aucune faille. Le père de Mourad nous a vraiment aidé à qu'il soit parfait dans les moindres détails. Rien n'a été laissé au hasard, et je lui en suis très reconnaissant. Je sens peu à peu que je vais enfin arrêter cet assassin et j'en suis heureux mais inquiet. Je reste sur mes gardes. Je cherche un minuscule détail qui pourrait me certifier que tout se passe comme prévu mais pour l'instant je n'en trouve aucun. Tobias est ici. C'est la seule chose positive. Lana Lana Lana, j'aurai aimé que tu me pardonnes en ce mois sacré pour m'être comporté de cette façon avec toi même si dès le départ je n'avais pas le choix de jouer la comédie. Je devais entrer dans le jeu de Nabil, je savais très bien que les rumeurs qu'il propageait autour de nous à ton sujet étaient totalement fausses mais il fallait que tu y crois. Ainsi que ta petite bande, il fallait que vous ne vous doutez de rien au sujet de Tobias. Mais aujourd'hui je me rends bien compte que tout cela n'a servi à rien, la vérité a fini par éclater et c'est le temps qui a empiré la chose.

Flashback lendemain de la mort d'Isma, le frère de Samir. Quatre ans en arrière.

Le soleil entre par ma fenêtre, la vie est dure et un jour elle s'arrête. Mon corps est pris à jamais au piège sur terre mais mon âme restera libre quoiqu'il puisse arriver. Tous les sentiments qui me submergent, tous les souvenirs qui à chaque fois me font tomber un peu plus mais aujourd'hui c'est différent. Aujourd'hui, je viens de me frapper la tête contre un iceberg. Je sens que je te perds un peu plus au fur et à mesure que le temps passe à chaque fois je reviens à la réalité, je ne peux plus me regarder dans le miroir. Je ne sais pas où se trouve mon âme ni dans quel état elle est mais je me sens comme enfermé dans un château sans sortie et chaque porte là bas est l'un de nos nombreux souvenirs pour ne pas dire milliers. Quand tu te sens seul souviens toi que le jour suivant ses blessures laisseront des cicatrices, elles conterons chacune une partie de ton histoire. Quand tu ne sais pas où ni pourquoi il faut avancer, pense que dans cette vie tu es né pour lutter. Je rêve comme si j'étais destiné à vivre pour toujours alors qu'on doit vivre comme si on allait mourir demain, parce qu'un jour tout change et on prend conscience de la réalité. Tout est différent entre la réalité et notre pensée, ainsi dans cette vie toutes les bonnes choses s'achèvent. Il se peut qu'un jour on arrive à la fin de cette route qu'on suit depuis toujours et oui, nous sommes nés pour vivre mais mourir est notre but. Seul Dieu peut juger mes erreurs mais je me demande bien ce que tu as bien pu faire pour mériter ce destin, ton destin. Donc c'est cela ? Nous naissons pour être libres mais c'est faux, je préfère mourir en rêvant que vivre cadenassé. Isma tu es excusé d'avoir voulu vivre comme ça je comprends que tu es voulu essayé de t'intégrer mais il faut se rendre à l'évidence, cette société ne nous inclura sans doutes jamais. Je veux m'enfuir mais je ne trouve pas la sortie et si j'y arrive combien de choses tenterons de m'achever ? Maintenant c'est trop tard, rien ne sert de s'apitoyer sur son sort quand ton meilleur ami a déjà donné sa vie pour une bonne cause. Une cause qui ne sera même pas reconnu par le gouvernement, « pas de preuves » m'a-t-on dit. Mais je lutterai pour les miens quoi qu'il puisse m'en coûter, pour les vivants et les morts.
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Le temps passe, il faut se dépêcher pour lutter contre une injustice mais aussi contre une vie beaucoup trop courte... Alors oui quand tu te sens seul je te rappelle de te souvenir que le jour suivant ses blessures laisseront des cicatrices, elles conterons chacune une partie de ton histoire mais aujourd'hui ton enterrement en a laissé plus d'une, Isma. Ils connaissent ton nom mais pas ton histoire, ils ne savent pas d'où tu viens ni tout ce que tu as pu traverser pour être cette personne que tu étais et pourtant ils prétendent que ce n'était qu'un règlement de compte permis tant d'autre. Nous avons tous vu ce gars à peine plus âgé que nous essayer d'emmener de force cette fille et pourtant personne n'a rien dit. Ou alors l'affaire a été étouffé.. Et le pire est qu'ils ont osé se présenter devant nos parents pour présenter leur condoléance, simplement pour cela mon poing vient s'écraser dans le mur de ma chambre. Voir le cercueil de mon frère descendre dans sa tombe me hante, cet enterrement me bouffe l'esprit et pourtant aucune larme n'est tombée.

«Se Deus quiser» Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant