La foule

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Il devait être autour de trois heures vingt-cinq.
Nous étions de retour à la plage, au même endroit que tout à l'heure et le froid de février fut remplacé par la douce chaleur du soleil. C'était déjà plus agréable d'être en bord de mer.

Le calme de tout à l'heure fut remplacé par la foule venant de tout côtés, mes tracas sont alors évaporés, et je peux enfin essayer de profiter du moment. Enfin, quel moment? On ne se parle presque pas, j'ai la tête toujours tournée à l'opposé de son regard, pour qu'il ne me fixe pas, c'était vraiment trop insupportable. Alors je fixais le soleil et ses rayons, je m'imaginais une scène de film ou quelque chose qui pouvait me faire rêver, puis j'osais enfin le regarder.. cinq secondes.

Je grillais mes yeux en sachant inconsciemment qu'il allait griller mon âme, mes yeux pleuraient à cause des rayons du soleil sans savoir qu'ils pleureront durant des mois, mon corps frissonnait sans comprendre qu'il frissonnerait encore sans raisons quelques mois plus tard, en sentant ses mains sur moi, en sentant le froid glacial pénétrer mon existence.

Je n'avais plus peur de la foule : elle me rassurait. Elle était là comme pour me permettre de tenir le coup, comme pour me soutenir. Ce fut la seule fois où j'aimais la foule.

Cette foule bruyante, agaçante au bout d'un
moment, fut balayée par la demande de l'homme fort aux muscles saillants à côté de moi. « Ça te dit qu'on aille dans un endroit plus calme? »
D'un mouvement de tête je fis « oui ».

Une armoire à glace.. Si grand.. Si fort... Si puissant... Je ne savais pas encore que j'allais en garder des bleus.

Il joua à la bagarre au tout début de notre rencontre. Il m'attrapait les bras ou bien appuyait sur les points vitaux. C'était si douloureux que si ma fierté ne m'en avait pas empêchée, j'aurai hurlé. Mais elle était là, alors je me contentais de faire la forte tête et de lui montrer que j'étais forte, moi aussi, et que je pouvais l'empêcher de me faire mal. J'y arrivais, j'arrivais à contrôler ses membres, c'était moi qui avait le pouvoir à présent, je le poussais aussi fort que je le pouvais, j'appuyais sur les mêmes points que lui, mais il était plus fort que moi, ce fut une évidence, et même avec le mental, quelqu'un comme moi n'aurait pu le battre, c'est le genre de situation qui démontre totalement l'impuissance de la femme face à la force de l'homme. Déprimant, j'en fus l'exemple.

Ah, la foule. Cette foule. Pardonnez-moi de ne pas avoir compris que vous étiez mon soutien.

Au revoir, la foule.

08:29

Lettre à mon traumatisme.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant