Lettre à mon traumatisme.

Un fleuve tranquille

Un peu plus tard, on a commencé à sortir ensemble.

Tu m'as embrassé, à notre endroit habituel, celui où on se réfugiait, cet endroit où on était que nous deux, à chaque pause, à chaque fois qu'on en avait l'occasion. C'était bien, c'était chouette, mais j'ai pris peur.

Pendant des jours et des jours, je n'ai pas réussi à te rendre ton baiser. Je sentais encore les lèvres de mon ravisseur contre les miennes, je sentais encore sa langue. C'est comme s'il me hantait toujours. J'étais pourtant si bien avec toi. Peu à peu, tu doutais de mes sentiments, tu te posais des questions, puis j'ai réussi. J'ai dépassé cette sensation abominable que je sens encore rien qu'en y repensant, pour toi, pour moi, pour nous.

C'était si bon d'être avec toi, si tu savais. J'avais l'impression d'être unique, d'être aimée et toute cette relation, nous deux, c'était harmonieux.

Mon dieu, je deviens fleur bleue, c'est d'un ridicule..

Jack, notre relation était atypique.

Notre première sortie dehors en couple fut la preuve qu'une attirance physique joue beaucoup dans les relations entre êtres humains. Sans détails, c'était juste particulièrement bien, c'était amusant. Personne n'aurait pu nier la connexion qu'il y avait entre nous.

Peut-être même une trop grande attraction physique. Ça dépassait l'amour naissant, et je ne voulais pas n'être qu'un corps. C'était quelque chose d'impossible pour moi. Le lendemain, on en a parlé, et je me rappelle combien j'ai cru que mon petit rêve s'effondrait parce qu'encore une fois, c'était le physique qui prenait le dessus, et que ma personne n'était pas aimée, que c'était mon enveloppe corporelle qu'on appréciait mais qu'à l'intérieur personne ne cherchait à me découvrir, peut-être que je n'étais pas assez intéressante au fond, et avec un manque de confiance aussi élevé, tout était bon pour renforcer cet avis de moi-même.

Les jours sont passés, et tout s'est arrangé. On ne jouait plus à ce qu'on faisait, on évitait de se toucher, pour mieux apprendre à nous aimer et ne pas approfondir cette attirance déjà élevée.