Aller sans retour.

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Ma mère me dépose près de la destination. Je n'ai plus qu'a prendre le bus pendant 15 minutes et j'y suis. 

Confrontée à mon stress.

J'attend peu et monte en vitesse dans le bus, mes écouteurs diffusants ma musique préferée du moment dans les oreilles. 

--I spoke to the Devil in Miami, Xxxtentacion.--

Je me laisse bercer à travers la douce mélodie du piano sur des tons de mélancolie.

Les 15 minutes sont écoulées. 

Je sors du bus, et marche quelques minutes pour rejoindre le lieu de rendez-vous.

En marchant, j'appelle ma meilleure amie. Je lui parle de tout de rien, accaparée par la gêne je raconte n'importe quoi, je fais des blagues débiles et lui raconte combien le stress m'a envahi. 

J'arrive sur le lieu. Je reste au téléphone avec la personne que j'aime le plus et qui me rassure tant bien que mal, pendant que les minutes défilent, et que j'aurai eu tout le temps de repartir une bonne dizaine de fois. 

Je fais les 100 pas à côté d'un arbre, pendant qu'une campagne contre le sida gronde derrière moi et qu'une autre pour la lutte ouvrière s'acharne à donner des prospectus que presque personne ne lit, malheureusement. 

Toujours au téléphone, elle tente de me faire rire, de me relaxer. 

Puis, au bout de 15 minutes, je regarde en face de moi. Je regarde cette silhouette d'homme, grand comme s'il avait mangé de la soupe toute sa vie et baraqué comme une armoire à glace. 

Il ne m'avait pas vue. Je pouvais encore partir. Puis, je reçois un sms de sa part me disant qu'il venait d'arriver. 

Sans pouvoir dire autre chose que "Il-est-en-face-de-moi-il-est-là-il-est-en-face-de-moi-il-est-là-il-est-en-face-de-moi-il-est-là........." à ma meilleure amie, Il se retourne, et me regarde. Il me fixe. Il sait que c'est moi. Nous étions à 10 mètres de distance. J'avais déjà peur. Je le voyais qui souriait, et je sentais ma peur qui me frappait de l'intérieur. J'ai pris le prospectus de la lutte ouvrière, et je me suis cachée derrière. 

Seule réaction possible à faire parmi toutes les autres. 

J'ai enlevé le petit journal de ma tête pour voir s'il était toujours là. Merde. Il était toujours là.

Je ne le trouvait pas repoussant, mais j'en avais peur. Pourtant, je n'ai peur de personne. 

Je me rapproche peu à peu de lui en annonçant à ma meilleure amie qu'il va falloir raccrocher. 

La partie commence. Il est le prédateur, je suis la proie. Je suis en rouge, il est en noir. Cela ressemble au petit chaperon rouge et au loup.  

Coïncidence? 

J'aurai dû comprendre dès le départ.

--01h35--


Lettre à mon traumatisme.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant