Lettre à mon traumatisme.

Silence.

Les trois semaines sont bouclées.
J'ai compris.
Réellement.
Je sais ce qu'il s'est passé, je m'en rappelle, mon corps s'en souvient et j'ai encore les douleurs qui parcourent mon être tout entier.
Trois semaines. C'était nécessaire pour se rappeler d'un viol, sérieusement ? Je n'en sais rien.
Avant ces semaines, j'étais pleine de trous noirs, de doutes et d'interrogations.
A ce jour, j'avais la scène bien inscrite en moi, les images et les sons, les sensations et les gestes.

Lundi, quatrième semaine, un mois plus tard.J'étais avec ma meilleure amie et mon autre copine. J'étais avec les deux filles les plus merveilleuses que j'ai pu connaître. Mes amours. 

Hélène et Thalia m'accompagnaient près de chez mon père, pour acheter un test de grossesse. J'étais très anxieuse pour le prix, le jugement de la pharmacienne et surtout.. le résultat du test.
Il pleuvait ce jour-là, de petites gouttes et la route était en travaux. C'était assez agaçant de faire le chemin mais il n'y avait pas d'autre choix.
Alors nous sommes rentrées dans la petite pharmacie à 5 minutes à pied de chez mon père, et j'ai acheté le test de grossesse. J'ai pris le moins cher, à 5€.
J'étais très gênée et la pharmacienne, neutre et silencieuse, brisa l'atmosphère en me disant qu'il était préférable de faire le test le matin, quand l'urine était plus concentrée et je passe les détails.
J'ai acquiescé et je l'ai mis dans mon sac. Nous sommes parties.
Le soir, j'ai dormi chez ma grand mère.

Je gardais le sourire en cachant mon stress tout en gardant à l'esprit qu'il fallait que je fasse le test le matin suivant.
Ça devait se faire discrètement, car ma grand mère n'était au courant de rien. 
En attendant, nous avons passé une soirée sympathique, comme à l'habitude, devant la télé.
Le soir, nous sommes parties nous coucher, et je n'ai pas réussi à dormir, j'étais bien trop stressée.
Alors, je me suis levée et je suis allée dans la réserve, j'ai pris une jolie bouteille de Whisky et j'ai bu, bu, bu, 4 verres à peu près. C'était la première fois que je buvais autant.
J'étais saoule autour de 7h et à 7h30 je devais me préparer pour les cours. Comment dire.. j'étais toujours saoule, en silence.
Dès que c'était l'heure de sortir de mon lit, je pris le test de grossesse et alla aux toilettes. J'arrivais à marcher correctement, du moins devant ma grand mère. J'essayais d'être la plus normale possible et ça marchait bien.
Bref, mon test à la main, je vais jusqu'au toilettes, je suis la procédure, j'attend quelques instants et je vois le résultat.
Ce résultat signifiait « vous n'êtes pas enceinte ».
J'étais ravie, même si au début le test peut se tromper. Alors, je pris la languette qui servait à analyser tout ceci pour la mettre dans un sopalin et dans sa boite, puis le remis dans mon sac.
J'étais joyeuse et ça, ça se voyait, même dans le silence.