La roue tourne

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Le temps passe, et j'essaie de m'habituer à la douleur, à cet homme. J'y pense souvent, plusieurs fois par jour. Je suis épuisée mentalement et j'essaie de partir dans mon monde imaginaire en espérant du plus profond de mon âme épuiser ce souvenir dans mon esprit. 

9 mois après ce qu'il s'est passé, un soir comme un autre, un garçon est rentré dans ma vie. 

"Jack". 

C'était toujours par ce même réseau social. Je bavais un peu sur ce garçon depuis l'année dernière, même si je ne le voyais que très peu dans les couloirs de mon lycée. 

C'était un soir, je suis tombée sur son compte et j'ai demandé à le suivre, il a accepté et a fait de même, et j'ai regardé ses photos, j'ai contemplé son sourire en photo, et j'étais vraiment contente d'avoir trouvé son profil. J'aimais ses photos, puis il aima les miennes, je l'invitait, subtilement, à venir me parler. C'est qu'il fit. 

"Bonsoir"

"Bonsoir monsieur"

"Je suppose que c'était une invitation à entrer dans tes dm"

"Peut-être bien"

Bonne déduction, +150 points. 

... ... ... ... ... ...

Et c'était bon, c'était parti, on parlait bien, c'était fluide. J'aimais ça. 

On s'est rencontrés quelques jours après, sous un tunnel. J'avais confiance, aucun mauvais pressentiment, alors tout allait bien. Je me souviens, c'était un mercredi, il avait peu de temps devant lui avant de prendre son bus afin de rentrer chez lui, et il m'a proposé ce créneau pour qu'on se rencontre et pour manger un sandwich ensemble. J'avais accepté, j'étais vraiment trop impatiente. 

Je suis arrivée, j'étais timide, j'avais la gorge serrée et je pense que j'étais toute rouge tellement j'étais gênée. Mais bon, le feeling est bien passé. 

Je me souviens t'avoir dessiné quelque chose sur ta chaussure gauche il me semble, quelque chose de symbolique pour moi, une baguette magique, représentée par un point d'interrogation à l'envers en vague avec un point au nord. Pourquoi est ce que je t'avais dessiné une chose qui représentait une partie de moi, je n'en sais rien. J'étais juste satisfaite d'avoir réussi mon petit dessin, et toi tu me souriais. 

T'étais si gentil, doux, tu étais déjà rassurant. C'était agréable de ne pas avoir eu peur d'un homme, pour une fois, c'était agréable d'être à coté d'un homme sans me demander si il allait me dire des choses salaces comme la plupart ou s'il allait essayer de me toucher comme quelques-uns. Ces 30 minutes passées avec toi étaient super, même si j'ai pas réussi à manger mon sandwich tellement j'étais stressée.

Je me rappelle aussi qu'on s'est revus la semaine d'après, on s'est baladés et nous sommes allés à la gare à la fin de la journée. J'ai vu un ami à moi avec sa copine de l'époque, et elle avait sa tête sur son épaule. Je les regardait, et je me disait que moi aussi je voulais faire ça,  je voulais oser mettre ma tête sur ton épaule comme si de rien n'était, juste pour être plus proche de toi. Et j'ai osé le faire, on regardait tes photos et ça n'a été qu'un prétexte pour que je mette ma tête contre toi. J'avais un peu peur de ta réaction, et si tu avais refusé? Heureusement, tu n'as pas bougé. C'était agréable, j'aimais beaucoup être comme ça avec toi. Ça allait doucement, c'était bien, pas trop brusque, non, jamais. 

Je me souviens d'un instant crucial, de ce jour où j'ai compris que tout les hommes ne sont pas pareils, que certains peuvent être bons. Nous étions sur le chemin pour aller dans un fast-food, et on parlait de tout de rien, de nos passé respectifs et je t'ai raconté que j'avais des soucis avec la proximité des hommes, tout ça, que j'étais vraiment mal en leur compagnie et que j'avais tendance à me faire toute petite quand il y avait beaucoup d'hommes pas loin de moi. La conversation ne s'éternise pas là dessus à mon plus grand contentement puis nous arrivons devant le fast-food. Nous rentrons, c'était bondé. Nous attendions, et tu n'étais pas loin de moi. Il y avait des hommes à ma gauche, et je n'étais vraiment pas à l'aise. Tu l'as remarqué, et tu t'es mis entre eux, et moi. C'était rassurant, tu formais comme un bouclier protecteur dont j'avais tant besoin.

C'est ce jour-là où je t'ai aimé.



Lettre à mon traumatisme.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant