Un océan en mouvement

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Ce qui me manquait durant toutes ces années, c'était toi. Peut-être que cette phrase est trop lourde de sens, trop riche de responsabilités et trop fleur bleue encore une fois, mais pourtant, c'est comme ça que je le ressens. 

Au fil du temps, notre couple devenait sérieux, beau et très vite, les gens proches et les proches de ces gens ont apprit pour nous. Je ne sais même pas comment à vrai dire, mais bon, c'est bien la preuve que les nouvelles vont vite dans un lycée. Jack a toujours pensé que je voulais montrer notre couple à tout le monde, comme si l'apparence était importante, mais non, je suis pudique, même dans les relations. Je voulais juste être avec lui, et j'étais fière d'ailleurs, qu'on soit heureux et qu'on s'en foute des autres. Ils savent, tant mieux, ils ne savent pas, tant pis. Ce n'est pas l'important, s'exposer, c'est si futile. 

Alors oui, c'est toi qui me manquait, c'était cette partie de moi que personne n'avait pu atteindre, c'était une découverte de moi-même, comme une introspection. Je prenais peu à peu confiance en moi, voyant que je ne faisais pas tout foirer d'un mois à l'autre. 

Mais bon, les mauvaises choses reviennent toujours un jour, et c'est revenu. Cette fameuse manie d'avoir peur de l'abandon, et de demander de l'affection. Trop. Toujours plus. Ce besoin d'être rassurée constamment, ce besoin d'oublier Romain de mon corps pour aller de l'avant avec toi, un vrai poids. 

Je demandais de l'amour, de t'attention, je réclamais, parce que je n'arrivais pas à me contenter de ce que j'avais, j'en voulais toujours plus, à la hauteur de ce que je n'avais pas eu précédemment, mais il y avait trop à récupérer, et c'était impossible pour une seule personne de me donner tout ça. Peut-être qu'il fallait que je change de point de vue, et que je change cette lacune en force, pour donner aux autres ce que j'aurai moi-même aimé recevoir? C'est ce que je fis. Je me contentais de ce que j'avais, et, aujourd'hui je réalise que c'était beaucoup, et que si j'avais compris, même si j'avais confiance, que tout ça était honnête et sincère plus tôt, j'aurai pu réparer les fractures de ce couple si harmonieux, si atypique, aux opposés si éloignés mais si proches, et je retombe dans une vision fleur bleue qui me répugne tant, comme si au fond je voulais masquer ma sensibilité, presque en vain. 

J'ai toujours voulu nier, dans ma tête, le fait que je t'aimais. C'était seulement pour me rassurer, je le sais, pour me dire "tu vois, sois fière de toi, personne n'a eu ton cœur, tu n'es pas vulnérable, personne ne peux t'atteindre, tu vas t'endurcir encore plus, jusqu'à ne plus rien ressentir un jour", mais je t'aimais. Je t'aimais de tout mon cœur. 

C'était d'ailleurs la première fois que j'aimais quelqu'un. Et comme toute première fois, première rencontre, premier baiser, premier couple, j'avais des réactions étranges par moment, parce que je voulais que tout soit toujours parfait, parce que je ne voulais pas être le boulet de cette relation, et que je voulais toujours être à la hauteur. J'ai compris trop tard que j'avais été à la hauteur, que "c'était moi la top", qu'il ne voyait pas les autres filles, et qu'il m'aimait. 

Et à présent la musique que tu m'as fait découvrir à nos débuts résonne dans ma tête, encore et toujours. C'est inconscient, c'est pour me rappeler peut-être qu'un jour tu as été là et qu'on écoutait ça ensemble. Aujourd'hui, certaines de ces musiques prennent tout leur sens, comme si notre aventure avait été dictée par telle ou telle chanson. J'aurai aimé que cela se passe autrement. 

Comment résumer une relation qui m'est encore chère aujourd'hui? Je ne t'oublierai pas. Peut-être que mes pensées et mes dires sont ceux d'un enfant qui croit ne jamais oublier son petit amour de jeunesse, mais ce n'est pas ça. C'est plus complexe, plus beau et il y a toujours ce feeling, cette chose, comme si c'était encore possible. Mais je rame, je rame, je suis perdue dans ce long fleuve pourtant tranquille auparavant, et je te vois, sans te le dire, faire des choses qui ne te ressemblent pas, comme si tu étais perdu, et que tu nageais en eaux troubles. 

Faudrait que tout soit plus simple, que je me laisse te dire ce que je pense, peut-être que ça changerait la donne, peut-être que j'arriverai à ouvrir en grand la porte à moitié fermée, pour la fermer derrière moi, afin de n'être qu'à deux, sous ces draps sentimentaux,

 et merde, je redeviens fleur bleue avec mes métaphores sentimentales. 


8:48

Lettre à mon traumatisme.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant