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C'est un endroit de fou. Je reste assise dans cette même pièce un long moment, seule, fatiguée, à tenter d'ignorer les picotements de mes blessures, sous les bandages, et à réprimer ma faim.

Un long silence me titille les oreilles. Je cligne des yeux, avant de me retrouver dans une pièce teintée de rouge. Tout autour de moi, des cadavres. Je ne parviens pas à voir leur visage, ni même à discerner une porte de sortie. La lumière clignote, et, par moment, se confond à l'obscurité. Un coup noir, un coup rouge. Je tressaille. Dans le noir, je vois deux yeux. Puis rouge, la silhouette apparait. Il y a tellement de bruit que je n'entends rien. J'ai mal à la tête. Si mal...

Le clignotement revient. La silhouette s'est rapprochée. J'essaye de m'enfuir, mais mes pieds sont lourds. Je ne parviens pas à courir. La silhouette est toujours plus proche. Toujours. Elle continue. Sa main se lève vers moi. Elle est noire et indistincte. Quelque chose coule dessus. Elle la rapproche de mon visage. Sa main devient plus grande, elle pourrait m'étouffer aisément. Puis plus rien. Le vide. Je flotte dans un flou blanc peu rassurant. Je dois ouvrir les yeux. Il le faut. Je cligne une seconde fois des yeux, et me redresse doucement. Je m'étais assoupie... Je suis allongée sur un lit fixé au mur. C'est une nouvelle cellule. Elle est grise, vide, froide. Comme tout ce qui se trouve dans la fondation, en fin de compte. Je me lève, me pose sur mes deux pieds sans trop de mal. Un haut-parleur résonne :

-SCP-2089 est réveillé. Autorisation de déconfinement.

Deux portes en fer s'ouvrent. Je remarque une pile de vêtement à mes pieds. J'enfile le nécessaire, en silence, et je sors. Les couloirs sont vides, mais j'entends des bruits. On discute, du côté droit du couloir. Je marche en limitant mes boitements. J'avance durant une dizaine de minute, en passant par divers couloirs, pour arriver enfin dans une « cantine ». Elle est différente de celle où je mangeais avec Bastien. Je dois être sur un autre site, j'ai dû être déplacée. Je m'avance jusqu'à une table proche. Je sens de lourds regards sur moi, mais j'en fais abstraction.

-Excusez-moi, messieurs, j'aimerais savoir où je suis.

-T'es qui ? Un classe-D ? Un scientif' ?

-Non... enfin... c'est dur à expliquer, mais j'aimerais savoir si...

Je me remémore le nom du lieu.

-...si je suis sur le site 27-B.

Un classe-D au regard dur et aux diverses cicatrices hausse les épaules.

-C'est juste à côté. Ici c'est le site 27-C. C'est pas très loin.

Il a une voix rauque désagréable.

-Ok, merci...

Je m'éloigne à pas feutrés, toujours sous les regards indiscrets. Je m'aventure dans d'autres couloirs, sans but précis. Je mets mes mains dans mes poches, pensive, lorsque j'entends des pas rapides. Je me fige. Je vois passer dans le même couloir que moi, quatre gardes autour de SCP-049. Ils marchent à pas rythmés, et le docteur est entre eux, au milieu, avec une sorte de collier en fer autour du coup, relié par des bâtons de même composition. Ses mains sont menottées. Il m'adresse un regard. Une boule se forme dans ma gorge. Pas une fois je n'avais pris le temps d'observer ses yeux, je n'avais pas remarqué leur couleur si particulière. Ils sont fascinants, captivants. Son regard ardent étrange se pose sur moi pendant des secondes qui semblent durer des heures. Ils passent près de moi, dans le but de re-confiner le docteur. Leurs pas se perdent un peu plus loin, jusqu'à ce que je ne puisse plus les discerner. J'inspire profondément. Un haut-parleur s'active :

-SCP-2089 est demandé à la cellule de confinement de SCP-035, merci.

-Et merde.

Je n'arrive pas à m'empêcher de le dire. Je n'aime pas particulièrement ce SCP. En fait, aucun de ceux que j'ai rencontré n'a capté mon intérêt. Je me dirige, de mémoire, dans la salle du masque. Je m'y retrouve, par chance. Le masque est ici, dans sa salle, déjà sur un classe-D. Il semble attendre patiemment... Non. Impatiemment. Cela se voit aux gestes qu'il fait. Une scientifique m'accueille. Elle a une queue de cheval blonde et du gloss sur les lèvres.

-Ah, vous devez être SCP-2089 !

-Oui. C'est ça.

-Parfait, entrez dans la salle, il vous réclame depuis déjà une heure.

-...Pardon ?

On me pousse à l'intérieur sans plus d'explication. A ma vue, le Masque se lève. Il semble se reprendre immédiatement, et je ne vois plus aucun signe d'impatience. Seulement du désintérêt.

-Ally. Tu m'as fait attendre.

Cela sonnait comme un reproche.

-On ne peut pas obliger les gens à aller voir des personnes qu'on n'apprécie pas.

Il baisse la tête quelques instants, pensif. Il la relève aussitôt.

-Apparemment si.

Je le méprise du regard et reste éloignée de lui.

-Assieds-toi, je t'en prie.

Il me propose la chaise la plus proche.

-Non merci, je ne reste pas longtemps.

Dis-je d'une voix froide. Il avance d'un pas.

-Tu as vu le docteur.

-Oui. Il m'a guérie.

-Bien.

Dans sa phrase, j'entends un bref soupir.

-T'a-t-il donné un message à me transmettre ?

Fait-il d'un ton plus sérieux.

-Oui.

-J'écoute.

Je me concentre pour me rappeler ses paroles.

-Il a dit que... qu'il vous saluait...et que tout était en place pour le sujet SCP-96.

Il hoche la tête. Je fais mine de rejoindre la porte de sortie, déjà harassée par la conversation. Mais je sens que l'on me retient. Je me retourne et dévisage le masque, qui m'a saisi le bras.

-Lâchez-moi.

-Je t'ai dit que tu pouvais me tutoyer.

Fait-il d'une voix calme et lente.

-Je m'en fou.

Je me dégage vivement le bras, du moins, je tente. Il me tire en arrière, loin de la sortie.

-Hé !

Il se colle à moi et me chuchote à l'oreille :

-Tu seras moins rebelle lorsque ça arrivera. A ce moment-là, tu ne pourras pas lutter.

J'essaye de le gifler, mais il me repousse subitementet me fait tomber par terre. Je grimace et me précipite vers la sortie enmarmonnant des insultes. Mon bras est glacé, mais aucune trace de la substancenoire visqueuse. Pour une fois, en sortant de la salle, je ne suis pasassaillie de questions. On me propose un verre d'eau, que je bois d'une traite,et je repars dans ma cellule. Je ne sais pas ce qu'il attend de moi,probablement me manipuler. Mais la journée ne s'achève pas aussi rapidement,malheureusement. On m'a demandé de retourner voir SCP-049 pour je-ne-saisquelle raison.

SCP - Dangereuse AttiranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant