Explosif

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Je lançais plusieurs coups d'œils vers les SCP derrière moi. C'était peut être moi mais j'avais l'impression qu'ils se faisaient des messes basses. J'ouvris un placard pour découvrir un paquet de biscuits caché derrière quelques conserves. Sans doute la réserve secrète des cantiniers, ou un truc du genre. Dans tous les cas, c'était une chance d'être tombé dessus, parce qu'à part les boissons, je ne trouvais rien de concrètement comestible, et les autres n'auraient pas la patience d'attendre que je parvienne à ouvrir une de ces boites de conserves. Je me redressais en brandissant le paquet en l'air d'un air triomphant. Je devais avoir l'air maligne, face à un lézard géant qui me regardait comme si j'étais un insecte à écraser, une créature dont je ne voyais pas le visage, un Docteur qui tuait les gens et un masque vivant.

Mais je commençais malgré tout à les connaître. Et ils m'avaient sauvé la vie un nombre incalculable de fois ici. Je trottinais rapidement vers eux pour les rejoindre, une bouteille d'eau à la main, et tendait le paquet au Docteur.

-Vous en voulez ?

Le Docteur me toisa silencieusement, avant que le masque, dans un geste sec, ne me saisisse le bras et ne le ramène vers lui.

-Ne le touchez plus. Il semblerait que vous ayez perdu votre bague. S'il vous touche, nous perdons notre meilleur atout de libération.

Interloquée, je regardais mon doigt en constatant que, en effet, la bague n'y était plus. Mais ce qui me secouais vraiment était sans doute la pointe de jalousie que j'avais cru percevoir dans la voix du masque. SCP 035 daigna me lâcher la main en lançant un regard appuyé au Docteur, significatif sans doute. De quoi avaient-ils parlé dans mon dos ? Je soupirais et grignotais toute seule ma trouvaille avec appétit.

-J'ai l'impression qu'on tourne en rond.

Commentais-je.

-Essayez de trouver un ascenseur spécifique. 682 fera le reste, pendant que notre "Homme timide" nous débarrassera des indésirables. La rupture de confinement dure déjà depuis un moment, je ne serais pas étonné d'apprendre que d'autres sites ont envoyé leur équipe spéciale d'intervention mobile. Notre IA ne pourra pas les retenir indéfiniment.

J'acquiesçais aux dires du masque, et notre petit groupe reprit sa marche. Mais nous fûmes arrêtés inévitablement. La principale porte venait de se fermer d'un coup sec juste devant nous. Le docteur prit la parole.

-Il semblerait qu'il y ai un soucis.

-L'IA ne nous laisse pas passer ?

-Non. Et pour cause, j'entends des pas derrière. Nous sommes d'ores et déjà encerclés. 682, mettez l'humaine à l'abri.

Je pâlis, et protestais à peine lorsque la bête inhumaine me plaqua contre son ventre, comme une maman kangourou le ferait. Ses longues griffes me provoquèrent des sueurs froides. Je veux rentrer à la maison... Pensais-je désespérée. Je penchais la tête sur le côté en entendant deux fois plus de bruit. Des agents venaient de débarquer de toute part, organisés, il y avait des sniper en haut, des types armés en bas, jaillissant de portes défoncées. Bien sûr, 682 pourrait les exterminer aisément de sa taille de monstre, mais il restait là, à me protéger. C'était surréaliste. Les agents ne semblaient même pas se soucier de ma présence ou de me tuer, je n'étais qu'une banale classe D... Ou classe E, a leurs yeux. Des détonations retentirent, et une bombe fut lancée dans notre direction, atterrissant... entre les pattes du monstre. J'écarquillais les yeux, paralysée par la peur.

Une sourde explosion retentit, et je me sentis projetée contre un mur. Le choc fut brutal, et je sentis quelque chose de poisseux couler le long de ma tempe. Mes oreilles sifflaient, j'avais du mal à entendre les sons. Ma vue était trouble. Mon cœur battait comme jamais auparavant. J'avais peur. Peur de mourir.

Je vis une main noire se tendre vers moi, je n'hésitais pas à la saisir dans un geste accablé. Deux bras me serrèrent fermement, j'avais envie de dormir, mais les explosions autour de moi, et des cris inhumains , m'en empêchaient. Je voulais savoir ce qu'il se passait. Je voyais du rouge. Beaucoup de rouge. Du rouge à perte de vue. Je me raccrochais à celui qui me tenait comme le ferait un naufragé à une bouée de sauvetage.

-Je... J'ai peur...

Couinais-je en entendant à peine ma propre voix. Une voix familière et rassurante me répondit.

-Tout va bien. Je suis là.

SCP - Dangereuse AttiranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant