SCP - Dangereuse Attirance

Remarque-moi

Je savais pertinemment que j'avais perdu connaissance. Je le savais, puisque j'étais entourée d'obscurité. Mais ma prise de conscience sembla dissiper toute cette pénombre inquiétante pour de la lumière. Je me risquais à ouvrir un œil, avant de le refermer aussitôt. Il faisait trop lumineux pour moi, la lumière m'avait agressé la rétine. Je sentais mon corps courbaturé pulser de douleur. J'avais des fourmilles dans les jambes, un sérieux torticolis, et un genre de brûlure quelque part au ventre. Je dirais... Sur le flanc gauche. Ça faisait diablement mal.

-Hmm...

Je portais ma mains à mon front, d'une part pour me réfugier de cette lumière abondante, et d'autre part à cause du mal qui me vrillait la tête. J'entendais d'autres respirations autour de moi. Où étais-je ? Combien de temps était passé ?

J'avais des vertiges, le bruit de pas réguliers, cette sensation désagréable de me faire balancer, fini par avoir raison de moi et je me forçais à redresser légèrement la tête. Je ne sentais rien sous mes jambes, et l'espace d'un instant, j'eus terriblement peur de faire une chute libre, avant que mon regard ne se pose sur un masque blanc familier, et souillé de liquide noirâtre. Je poussais une exclamation de douleur en me tortillant. Il abaissa le regard vers moi, puis continua à avancer dans un couloir blanc qui agressait ma rétine. La marche se fit silencieuse, bien trop silencieuse en comparaison aux explosions de l'attaque précédente. Mon cœur s'emballa de sa proximité.

-Qu...Qu'est-ce qui s'est passé...?

Je n'obtins aucun réponse. J'insistais.

-Ou sont les autres ?

Je n'avais plus les lunettes incommodantes sur mes yeux. Il ne me répondit toujours pas, et cela m'inquiéta. J'esquissais un mouvement pour poser les pieds au sol, mais sa prise se fit plus ferme. Je poussais un soupir et abandonnait rapidement, posant ma tête contre son bras. Il avait changé d'hôte, non ? Je posais mon regard sur la douleur vive de mon ventre.

-Ne regarde pas, Ally.

Je relevais les yeux vers lui, surprise. Je ne savais pas ce qui me déstabilisait le plus. Son comportement ? Le fait qu'il me tutoie ? Ou alors le ton de sa voix ? Je portais malgré tout mes yeux vers mon corps, avant de découvrir une blessure absolument horrible. Je manquais de paniquer. C'était moi qui perdait tout ce sang ? J'avais un éclat métallique planté dans le flanc. Mon souffle s'accéléra. Je serrais fort la manche de 035.

-Où a-allons-n-nous ?

Balbutiais-je. Il garda un calme imperméable et impénétrable.

-Tout va bien. Je vais trouver un moyen d'arrêter les saignements. Nous sommes à l'étage A2 de la fondation aménagé spécialement pour le personnel autorisé, il doit y avoir une infirmerie. La blessure est moins grave qu'il n'y parait. Dis-moi si tu souffres.

Pas très rassurant, mais prévenant.

-Je me sens capable de marcher... Dépose-moi s'il-te-plaît.

Il se contenta de m'ignorer à nouveau. Je me pinçais les lèvres, avant de demander :

-C'est Docteur Plague qui va me soigner ?

Je le sentis se tendre imperceptiblement.

-Non.

Il continua de marcher en silence, dans une ambiance mortuaire. Puis il s'arrêta devant une porte au symbole familier. Une infirmerie. Quelle chance... Oui, bon, vous m'avez compris. Il entra, l'ouverture des portes se fit automatiquement. Une caméra était placée dans l'angle, mais elle semblait active.

-L'IA ne nous couvre plus ?

-SCP-079 ? Non, il n'a pas accès à cet étage. Nous passons sous les caméras, les O5 nous ont probablement d'ores et déjà repérés. Mais l'étage est vide. Et les FIM sont bien trop occupés pour faire attention à nous...

-Les FIM ?

-J'oubliais que vous n'étiez pas habituée aux langages courants ici. Je parlais des forces d'interventions mobiles.

Il me déposa délicatement sur une table d'opération, et commença à fouiller patiemment dans les placards.

-035 ?

-Qu'y a-t-il ?

-A quoi sont-ils occupés ? Où sont les autres ?

Il referma les placards d'un geste sec, me faisant sursauter.

-Tu devrais économiser tes forces.

Il changeait encore de sujet sous prétexte que j'étais blessée... Mais c'était mon seul moyen de ne pas penser à la douleur constante. Je soupirais et fixais le plafond blanc aux raies régulières. Je le sentis se rapprocher et palper les contours de ma blessure. Surprise, je grimaçais de douleur et poussais un couinement, avant de lui saisir le bras, crispée.

-P...Prévenez...Préviens-moi avant de faire ça...!

Je me mordis la lèvre inférieure, la douleur s'était réveillée, plus forte, j'en avais les larmes aux yeux. Je pris un air confus alors qu'il se pencha doucement vers moi en me caressant le bras dans un geste lascif qui me fit frissonner. Ma respiration se coupa alors qu'il se plaçait près de mon oreille, l'effleurant à peine. Il me dit sur un ton plus doux :

-T'aurais-je fais mal ? Je ferais plus attention à l'avenir.

Des papillons se mirent à voleter dans mon ventre, inexplicablement, et je me retrouvais hébété alors qu'il se redressait pour saisir du matériel. Il sortit une pince inquiétante, mais constatant ma nervosité croissante et mon état de détresse, il déclara :

-Ally. Tu me fais confiance ?

-Je... Je... Oui...

-Bien. Je vais te bander les yeux.

-D'accord...

Ma voix se mit à trembler, alors qu'il déchirait une veste pour venir me nouer le bout de tissu sur les yeux. J'inspirais, tremblante et fébrile.

-Je vais commencer. Inspire.

-ATTENDS !

Criais-je, à fleur de peau. Il suspendit sûrement son geste, attendant silencieusement que je parle. Je triturais mes mains, angoissée. Je lui demandais timidement :

-Je... peux tenir ta main...?

Un long silence persista, durant plusieurs secondes, si bien que je commençais à me demander s'il était toujours là ou qu'il n'en avait pas profité pour m'abandonner ici. A cette pensée, ma gorge se noua, et j'eus envie de pleurer. Mais je sursautais au contact froid de sa main posée sur la mienne.

-C'est une demande singulière.

Fit-il remarquer. Immédiatement, toute ma tristesse s'évapora, et mon cœur fit des bonds dans ma cage thoracique. Je sentis mes joues chauffer.

-Est-ce que ça va faire mal ?

-Un petit peu. Mais ce n'est qu'un mauvais moment à passer.

J'acquiesçais en serrant sa main dans la sienne. J'avais déjà envie que le plus dur soit passé, mais ce n'était que le début. Je ne lui apportais que des problèmes, alors pourquoi continuait-il de me protéger ? Pensait-il réellement que je pouvais l'aider à sortir d'ici ? Est-ce que... J'avais de l'importance à ses yeux...? Je me faisait des idées, sans doute, mais je ne pouvais pas m'empêcher d'espérer. Il était un manipulateur. Un menteur charismatique. J'en avais fait l'expérience plus tôt, à mon arrivée sur le site. Il voulait simplement m'utiliser comme un objet, et quand il aurait obtenu ce qu'il voulait, il se débarrasserait de moi. Mais malgré tout... J'avais envie de l'aider. J'avais envie qu'il soit fier de moi. Je voulais obtenir son attention, qu'il me remarque. Pas être la faible à la traîne. Tout ce que je ressentais avec lui... C'était comme si... Comme s'il m'attirait irrésistiblement.