Manigances

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Cela fait un moment que nous marchons. C'est tellement vide que j'en ai des frissons. Les couloirs se ressemblent tous, ils m'ont fait passer devant. Ça n'a aucun sens, je ne sais même pas où je vais ! Espèrent-ils que je les guides vers la sortie ? L'alarme n'a toujours pas reprit, c'est déjà une bonne chose, même si parfois on entend des agents un peu plus loin. Mais la brèche de confinement est tellement grande que nous n'avons rien à craindre.

Je sens le souffle du lézard géant derrière moi.

Rectification.

EUX, n'ont rien à craindre.

Au détour d'un des ces couloirs fades sans aucune distinction, je devine aux bruits de pas de mes charmants accompagnateurs, qui ne veulent absolument pas profiter de moi voir me tuer quand ils en aurait terminé -je dis cela, je ne dis rien- qu'ils m'ont encadrée. Je risque un regard bref à ma droite. Le docteur Peste. A gauche. Le manipulateur.

Merveilleux !

Je me retiens sans arrêt de jeter des coups d'œil suspicieux derrière moi. Les deux autres créatures ne m'inspirent pas confiance. Enfin, comme si l'un d'entre eux m'en inspirait...

Bon, je pense que ça va suffire pour l'instant avec l'ironie, hein ?

-Ally, connaissez vous votre classification ?

Dit soudain le Docteur Peste de sa voix métallique, m'arrachant un sursaut. Au vu de mon silence hébété, il le prit comme une réponse négative et continua sur sa lancée. Je le soupçonnais de vouloir faire la conversation, et d'éventuellement me tirer de mon malaise. Je ne pouvais pas lui en vouloir pour ça, à force d'être aussi crispée et sur mes gardes, j'en avait mal au bras et aux épaules.

-Vous n'êtes probablement pas une Classe-D.

Je me stoppais net, interloquée.

-Comment ça ?

Il me toisa, s'arrêtant à son tour alors que le masque et les deux autres s'évertuaient à avancer droit devant eux. Intérieurement, j'en voulais encore à 035 d'avoir tué Bastien. Il était l'un des seuls à avoir été sympa avec moi dans cet endroit de malheur... Je ne le reverrais plus jamais. Un profond sentiment de nostalgie me saisit.

-Ce que je veux dire, c'est que-

-Que vous êtes une Classe E.

L'interrompit le Masque en s'arrêtant, avec un semblant de voix... irritée ? Il était contrarié ?

-Qu'est-ce que c'est ?

-Disons simplement qu'il s'agit de la nomination du personnel particulier après avoir été en contact avec des SCP.

Je fronçais les sourcils.

-Vous pensez que... j'ai déjà été en contact avec un SCP auparavant ?

J'étais de plus en plus consternée. Le Docteur reprit la parole.

-Sans vouloir vous offenser, Ally, votre "capacité", si on peut l'appeler ainsi, n'est pas particulièrement puissante, ni intéressante. Et vous semblez bien jeune pour être une criminelle. Si on vous a intégré sur ce site de la fondation en tant que Classe-D alors que vous n'avez rien à voir avec tout ça, il y a des questions à se poser.

J'avais l'impression que mon monde s'effondrait, et ouvrait grand les yeux, bouche-bée.

Comment en était-on arrivé à une telle conclusion ? Est-ce que l'on me cachait des choses ? Mon ventre interrompit le court de mes pensées pour donner son avis par un grondement affamé. Je sentais mes joues rosir de gêne et d'embarras. Je n'avais pas mangé depuis un moment. Et comme par un coup du destin doublé d'une chance extrême, au tournant, nous nous retrouvions juste en face de la cantine pour les classes-D.

Le Masque poussa un soupir et me saisit brusquement par le bras, me tirant vers l'endroit de mes convoitises. S'il voulait que je trouve la sortie, il allait devoir me laisser manger pour éviter te retomber plusieurs fois sur cette même pièce, il avait l'air d'avoir intégré l'information. Je prenais un moment pour contempler l'immense salle au plafond aux hauteurs vertigineuses. Il n'y avait pas la moindre personne, c'était silencieux.

-Presse-toi, des Agents d'intervention de Terrain peuvent arriver à tout instant.

Le lézard Géant, SCP-682, passa par la porte et la détruisit complètement. Les gravas s'entassèrent, faisant cesser ce silence auparavant si religieux. Troublée, et incommodée avec mes lunettes, je me dirigeais à grands pas vers le bar du milieu, dans l'optique de fouiller pour voir ce que je pouvais trouver. Mine de rien, je n'avais pas remarqué qu'au moment où le Masque m'avait lâché le bras, je ne détenais plus la bague. Il tenait l'objet entre ses doigts, fourbe, et fixait ma silhouette de dos, avant de la tendre en silence au Docteur Plague.

Je ne savais pas ce qu'il se tramait.

Mais j'allais bientôt être fixée.

SCP - Dangereuse AttiranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant