La conversation

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Je n'ai pas pu manger, j'étais affamée. J'ai été incarcérée en cellule de développement, pour que les scientifiques aient des résultats sur le liquide corrosif qui est entré dans mon organisme. J'ai appris un peu plus tard que si je n'avais pas fait l'objet d'expériences sur le masque, j'aurais été envoyée voir un autre SCP... Et un classe-D m'a donc remplacée pour voir ce SCP, il n'est pas revenu. Ces derniers temps, je suis caractérisée par ma chance. Mais on ne peut pas dire qu'être ici est une chance. Un jour est passé, morne, ennuyeux. Puis un second, et encore un autre... Je suis restée deux semaines sans rien faire, à part des tests et des analyses. Au bout d'un moment, je me suis même mise à cracher cette substance corrosive. J'étais inquiète, mais je faisais de mon mieux pour ne pas passer au masque. Il était abject.

Finalement, on m'a proposé :

-A partir de ces deux semaines passées, ton corps a réagi normalement, mais nous avons remarqué une tension au niveau cardiaque et pulmonaire. Tu as désormais la permission de retourner voir le masque avant les deux mois passés.

-Non. Je ne veux pas retourner le voir.

-Tu n'as pas le choix. En plus, le masque ne semble pas coopératif en présence d'autres Classes-D, il les rends fous et les tue avant qu'ils aient eu le temps de parler.

-Vous pouvez dire ce que vous voulez, je ne compte pas le voir.

-Ton état de santé se détériore, Classe-D 2089. Et puis, tu es obligée d'y retourner. Nous te laissons simplement le choix de la rencontre.

J'abaissais les épaules, résignée.

-He bien... Le plus tard sera le mieux.

Le docteur a hoché la tête, l'air compréhensif, et est partit d'un pas vif. Peu après, j'ai eu la permission de me promener librement dans les couloirs, et de sortir de ma cellule. Durant ces longues semaines, je n'ai été en contact avec personne en dehors des gardes et des scientifiques. Lorsqu'est arrivé le jour fatidique, je me suis résignée à y aller docilement. On m'a conduite vers SCP-035. La salle était remplie, et dans la pièce du masque, j'ai vu un Classe-D s'approcher du SCP comme s'il était focalisé dessus. Il tendait la main et s'approchait, désireux. Puis il a saisi le masque et l'a porté à son visage sous mes yeux.

Alors que sa peau entrait en contact avec la porcelaine blanche, il a laissé échapper un long cri tortueux d'agonie qui n'en finissait pas. Puis le cri s'est éteint et le Classe-D en possession du masque a pris soudainement une posture droite et soignée. Il regardait- Le masque - autour de lui. Un garde m'a empoigné par le col et m'a vivement jeté dans la salle de confinement, face au SCP.

-Ah, ma chère Ally, comme on se retrouve !

J'avais cette même sensation de malaise, mais en plus désagréable.

-Navré pour la dernière fois, mais tu étais désobligeante, et tu m'as fait attendre deux mois. D'un autre côté, je m'attendais à ce que tu sois comme les autres Classe-D pathétiques qui tiennent à la vie... Tu aurais dû revenir plus tôt.

-Oh, je vous ai manqué ?

Dis-je, sarcastique.

-Assieds-toi.

-Je suis très bien debout, merci.

-Allons. Nous nous connaissons, maintenant. Tu peux me tutoyer.

-Je ne tutoie que les gens qui me sont proches.

Lâchais-je. Cette conversation ne mène à rien. Il fit un pas vers la table, toujours le visage tourné vers moi.

-Dis-moi, Ally. Est-ce que tu as peur ?

-De quoi devrais-je avoir peur ?

-As-tu peur de la mort ?

Je restais silencieuse, ne lui répondant pas. Avais-je peur de la mort ? Oui, certainement. Mais allais-je lui donner raison en l'avouant ? Tenterait-il une fois de plus de me manipuler ? Cette simple question était-elle... une menace ? Je relevais les yeux vers, lui, mais réprimais un cri soudain, en constatant qu'il était juste en face de moi. La tension était à son comble. J'allais m'écarter, lorsqu'il leva sa main enduite de cette substance répugnante vers moi. J'ai levé la main pour le pousser, mais il l'a attrapée au niveau du poignet avant de le serrer fortement. Je me suis retrouvée contre le mur, une main glaciale sur le cou, une autre sur le poignet, immobilisée. J'avais le souffle court, tandis que je scrutais ce masque si étrange et impressionnant. Il ne m'étranglait pas. C'était déjà cela de gagné. Il avait doucement penché la tête sur le côté. Le classe-D qu'il possédait était bien plus grand que moi, je devais lever la tête pour le fixer. Le masque susurra :

-Et maintenant... As-tu peur ?

Mes mains étaient moites, mon ventre parsemé de papillons, et j'avais des tremblements le long de la colonne vertébrale. Aucun son ne pouvait sortir de ma bouche, asséchée. J'ai sentis le froid se répandre jusque dans mes os, avant de retrouver de la chaleur. Il s'était écarté de moi, et, à mes pieds, la substance semblait me quitter. Je soupirais de soulagement en m'appuyant contre le mur le plus proche, alors que le SCP-035 s'était assis tranquillement. Le personnel n'avait rien dit et n'étais pas intervenu une seule fois. On aurait dit qu'ils avaient retenu leur souffle tous ce temps... Comme moi.

-Maintenant, pourrais-tu t'asseoir, que l'on puisse discuter tranquillement ?

J'ai hoché positivement la tête et me suis assise silencieusement. J'étais moins sur les nerfs. Le masque savait s'imposer, et attirer l'attention. On pourrait dire qu'il était maitre de la situation... Et c'était son intention, assurément.

-Qu'est-ce que tu attends de moi ?

Il se met à rire.

-Une discussion !

-Oui mais... je sais que tu es ce genre de personne qui attends quelque chose des autres. Pour ma part, je ne compte pas être ta complice d'évasion.

-Et pour la mienne, je n'envisage pas encore de partir d'ici. J'ai des projets... Mais ce n'est pas un sujet important ! Si tu es ici, avec moi, c'est pour converser.

-Mais de quoi veux-tu parler... SCP-035 ?

-De tout ! La compagnie me manque. Et puis, j'imagine que les hommes derrière cette vitre attendent avec impatience quelques-uns de mes aveux.

Je le regarde, perplexe.

-Je ne te crois pas.

Je peux le sentir sourire, mais il ne répond rien. Il est évident qu'il ment.

-Tu veux t'échapper. Tu me l'as bien fais comprendre la fois précédente.

-Toi aussi apparemment. Si cela se sait, la SCP fondation va organiser des mesures très... contraignantes pour toi. Ce serait dommage.

Susurre-t-il. Il se redresse légèrement.

-Je t'invite à aller voir SCP-049, et à revenir me voir un peu plus tard. J'aimerais vérifier quelque chose.

Je chuchote pour moi-même :

-Pour quelqu'un en manque de compagnie, il m'envoi balader rapidement.

Je sais qu'il m'a entendue. Je me redresse et part vers la sortie, libérée de la substance corrosive. Mais il peut très bien avoir mentit sur ça également. La porte se referme en un claquement derrière moi. Un scientifique avec des notes se dirige vers moi.

-Nous allons devoir vous conduire à SCP-049. La procédure exige que vous n'ayez pas de pause pour le moment.

Je suis agacée, mais me résigne. Je dis platement :

-Très bien. Montrez-le-moi qu'on en finisse...

SCP - Dangereuse AttiranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant