SCP - Dangereuse Attirance

Craintes

Je sursautais alors que la voix métallique du docteur peste m'ordonnait :

-Fermez les yeux, Ally.

Je m'exécutais, mû par une crainte docile et un instinct de survie qui me poussait à obéir. De toute manière, ils avaient besoin de moi. Il était donc logique qu'ils tiennent à me garder en vie. Je sentis la créature à mi chemin entre un lézard et un humain me faire descendre de son dos, dans le noir complet. Je percevais des bruits de pas, se rapprochant dangereusement de moi, mais également des respirations, et... des sanglots étouffés ? La curiosité me prit, j'allais ouvrir les yeux, mais juste à temps, une main froide à la texture poisseuse se déposa sur mes yeux. Je retenais ma respiration. Ce contact m'étais familier. On me glissait quelque chose dans les mains, une sorte de paire de lunettes.

-Mettez ceci.

Me souffla la voix reconnaissable du masque. Je me tendais, et frissonnais à son contact froid. Je déposais les étranges et lourdes lunettes sur mes yeux, avant qu'on m'autorise finalement à les ouvrir. Je parcourais le couloir du regard, surprise de voir une silhouette se tenir auprès du masque. Mais le niveau de son visage était dissimulé par des pixels noirs, brouillant ma vue. Pourtant, je parvenais à voir le visage de mes autres interlocuteurs SCP.

-Qu'est-ce que c'est que cette chose ?

Demandais-je. Le masque, 035, se chargea de me répondre sereinement.

-Il s'agit de SCP-096. A ne pas confondre avec SCP-173 au péril de votre vie. Le regarder dans les yeux est fatal, les scientifiques ont la déplorable habitude de l'appeler par ce nom réducteur "d'homme timide".

Je frémis d'horreur en voyant comme la créature avait la peau pâle, et de longs membres. Ma gorge se serra davantage. C'était cette chose qui avait tué les agents ? Leur petite équipe de créatures semblait prendre forme, mais les bains de sang ne faisaient que commencer. L'IA ne semblait toujours pas décidée à ouvrir les autres portes, probablement par la menace que représentaient les agents. Le docteur peste prit la parole, coupant le fil de mes pensées incertaines.

-J'avais prévu un bandeau pour ses yeux. Qui nous garantit de la durabilité des lunettes ? Aux dernières nouvelles, elles étaient trafiquées pour-

-Je le sais.

L'interrompit le manipulateur.

-Mais parmi tous les "accidents", il devait bien y avoir un prototype fiable. Et c'est celui-ci. Il a fallut le tester sur plusieurs humains avant de trouver la bonne. Une chance que les O5 ne l'ait pas confisqué.

Je ne comprenais pas de quoi ils parlaient, mais j'étais rassurée de cette petite attention. Je n'étais pas dans le noir, à tâtons, et ça, c'était un minimum de réconfort comparé à la suite des évènements. Je voulais m'échapper, bien sûr ! Mais les libérer eux n'était pas dans mes intentions.

-Que fait-on maintenant ?

Questionnais-je. Ils ne me répondirent pas, se contentant de retourner sur leurs pas, à une exception près. L'IA les guidait, et je marchais avec eux docilement, pour arriver à une grande pièce aux murs rêches, et à la passerelle inexistante. Enfin, je la percevais, au fond de ce qui ressemblait à de l'eau. Mais vu la couleur, ça n'en était pas, n'est-ce pas ? Sans gêne, le lézard géant plongea la tête la première. Le geste si soudain eut pour effet d'envoyer des éclaboussures, et je me retrouvais brusquement acculée contre un mur, la taille serrée par des bras, et le visage pressé contre le corps de l'hôte du masque. Il m'avait protégé. Ma respiration se fit courte, mon cœur battant, et je détournais le regard, sentant mes joues prendre feu. Ce n'était ni le lieu, ni le moment. Je bafouillais quelques remerciements, me doutant désormais qu'il s'agissait d'un liquide semblable à de l'acide. S'il aurait pu, il aurait lancé un regard mauvais à la créature immense, qui avait déjà atteint l'autre rive. Visiblement, s'unir avec des SCP n'était pas son fort. Encore moins pour ce qui était de prendre soin d'humains.

Je ne veux pas dire, mais quand même, j'étais UTILE au groupe ! Alors son indifférence, il pouvait se le mettre là ou je pense... Ou bien que je ne pense pas, la chose n'était pas humaine, elle ne pouvait pas forcément posséder ce genre d'orifice... Mais à quoi je pense dans des moments pareils ?!

Un bruit de mécanisme s'enclencha, et la passerelle remonta vers le haut. Le docteur avait visiblement prévu le coup, et s'aventurait sans crainte sur le chemin. Je le suivais, prenant cette occasion comme une excuse pour m'écarter de ces bras froids et pourtant si... si... chaud ?

Avais-je toute ma tête ?

Plusieurs questions me tourmentaient. Comment sortir ? Avaient-ils l'habitude de passer par là pour être aussi certains d'où ils allaient ? Pourquoi me retrouvais-je à les aider ? Et surtout, pourquoi avais-je ENVIE de les aider...? Je jetais un discret coup d'œil au masque, derrière moi. Mon ventre eut une douce sensation de papillons, alors qu'une sueur froide me parcourait le dos. Je me mordais la lèvre inférieure, ramenant mon regard droit devant, mine de rien. Je jurais intérieurement. De l'attirance ? De la peur ?

Tout cela promettait d'être risqué.

Oui, autant la mission allait être périlleuse, autant cela s'avérerait être une... dangereuse attirance.