O5-13

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Je fronçais les sourcils, plus que perplexe. Il y avait définitivement quelque chose qui ne tournait pas rond ici. Mais ça ne me surprenait même plus. Je secouais la main en soupirant lourdement, dans un geste de désintérêt.

-Oubliez ça. Allons voir le 05-8. Je ne veux plus perdre de temps. Je dois savoir où sont les autres. Où est le docteur et le masque.

-Ces informations sont cl-

-Classées top secrètes ?

Interrompis-je la femme. Cette dernière me toisa de bas en haut, tâchant de reprendre un air plus professionnel. C'était certain, j'avais gagné plus confiance en moi par rapport au jour de mon arrivée. Elle sortit un petit appareil et appuya sur le bouton du centre, déclenchant des mécanismes internes. Une porte que je pensais être un mur s'ouvrit sous mon regard blasé. Je n'avais pas de temps à perdre. J'avais besoin d'eux, et eux avaient besoin de moi.
Je menais la marche, bien que je n'ai aucune fichue idée d'où me rendre. Je marchais vite, pressée, et la femme semblait avoir du mal à me suivre. L'étrange homme invisible à ses yeux nous suivait en gardant son sourire flippant. En fait, c'était même lui que je suivais. Il traversa une porte blindée et je m'arrêtais devant, tandis que la femme semblait reprendre son souffle derrière moi. Un éclat de surprise traversa son regard, mais elle ne posa pas de questions sur comment j'avais trouvé la bonne porte. Enfin, j'espérais que ce soit le cas. Ça serait un peu gênant si c'était le placard à balais.

Ces types étaient capable de faire des placards à balais pourvus des portes blindées, je n'en doutais pas.

Elle me fit m'écarter de la porte poliment, afin de faire glisser son badge sur un petit cadran en verre. Ce dernier émit un bip aiguë qui semblait s'exclamer "Oui" ! La porte s'ouvrit ensuite vers le haut dans un son métallique, et lorsque nous passâmes, se referma aussi sec. Un autre long couloir nous attendait, et au bout, un ascenseur... Sans murs. Pas très sécuritaire tout ça. Je prit soin de rester bien au centre pour ne pas tomber. Ça aurait été débile de mourir pour si peu après tout ça, non ?

Je vous passe le trajet silencieux et l'absence de vie dans les couloirs. Je ne savais même pas si nous avions déjà emprunté ce couloir, je la soupçonnais de vouloir brouiller les pistes. Mais notre petit voyage prit fin lorsque nous entrâmes dans un... Bureau. Un vrai bureau, aux airs normaux. J'en aurait presque été émue de voir des porte-documents ! Un homme se tenait installé dans le fauteuil au centre de la pièce, penché devant de son écran. Il avait des airs néerlandais, je dirais. Il ne réagit pas à notre entrée, se contentant d'attraper un café chaud au bord de son bureau. Je remarquais être la seule à être entrée dans le bureau. La porte se referma d'elle-même, et l'O5 daigna enfin pivoter sa chaise dans ma direction, en joignant les mains avec un air indescriptible. Il n'était pas là pour plaisanter, et sa prestance me fit déglutir.

-Je savais que nous nous rencontrerions, mais pas dans un tel contexte. Je suis O5-8, on m'appelle plus couramment "le Sobre". C'est un plaisir de vous revoir.

Me revoir ? Je ne pense pas l'avoir déjà vu...

-...Vous n'avez pas un nom plus... Adéquat ? Je veux dire, un vrai nom ?

-Êtes-vous venue pour parler prénoms ?

Rétorqua-t-il aussitôt en arquant un sourcil. Je secouais activement la tête de droite à gauche.

-Je veux des réponses !

-On veut tous des réponses.

-Dites moi où ils sont.

Il resta immobile à me fixer, avant de se redresser subtilement, et ouvrir un tiroir. Je m'attendais à ce qu'il sorte une quelconque arme, mais à ma grande surprise, ce fut... Une simple barre de céréales. Identique à la toute première que j'avais mangé dans cet endroit, lorsqu'un scientifique étourdit avait égaré un dossier. Il la jeta, et je la rattrapais de justesse entre mes mains, avant de simplement l'ouvrir pour la manger.

Quoi ? 'Me jugez pas, j'avais faim !

-Ce ne sont pas les bonnes questions.

Répondit-il finalement. Je fronçais les sourcils, sans comprendre. Quelles autres question devais-je poser, au juste ?

-A quoi pouvez-vous répondre ?

-A tout et rien.

D'accord, c'était très vague comme réponse, ça. Je mordais de plus belle dans la friandise sucrée, avant de prendre une chaise pour m'installer, sous son regard attentif.

-...N'êtes-vous pas curieuse de ce que vous êtes ?

Je m'arrêtais de manger et redressais la tête, clairement intéressée. Ni le masque, ni le docteur n'avaient su le déterminer. Et on m'offrait la réponse ? Juste comme ça ?

-Dites-moi.

-Vous risquez d'avoir un choc. Mais quelqu'un doit vous le dire, et le temps nous est compté de toute manière.

Il marqua un temps de pause et se tourna vers moi avec un air des plus sérieux. Je finissais ma barre de céréales, perplexe. Je ne comprenais pas pourquoi il avait un air si grave. Mais l'attente commençait à m'être pénible.

-Eh bien ?! Crachez le morceau !

-Bon retour parmi nous, O5-13.

Déclara-t-il simplement en gardant un air plutôt désintéressé. J'étais sur le point de lui poser davantage de questions, mais il ne m'en laissa pas l'occasion. Il ajouta un nom qui me donna l'impression que la réalité autour de moi se brisait en un millier de fragments.

-"La chanceuse".

Il me laissa avec ma mine perdue. J'étais... Bouche-bée. Qu'est-ce que cela signifiait ? Mon regard se posa sur le papier de la barre de céréales, comme si elle renfermait un sombre secret. Un étrange flash back me revint. Le visage du scientifique qui avait oublié son dossier ce jour là...Il me revenait. Ça n'était pas un scientifique. Je le connaissais... Mais d'où ? Et comment pouvais-je m'en rappeler ? Et... Ces gens autour de moi... Bastien...! Comment avais-je pu oublier Bastien ?! Et... C'était le masque qui l'avait tué...! A quel putain de moment avais-je pu tomber sous le charme d'un manipulateur monstrueux ?! Et pourquoi ces lieux me semblaient soudain si familier ?! Est-ce que j'étais déjà venue avant ? Était-ce pour ça que le masque voulait que je leur serve de guide ? Parce qu'ils pensaient que je connaissais le chemin ?! Ils m'avaient caché des choses ? Pourquoi tout le monde semblait savoir, et pas moi ?! Prise d'une brusque crise de colère, je me redressais et renversais la table. Je me tournais vers l'homme à mes côtés, qui ne semblait pas plus inquiet que ça.

-QU'EST-CE QUE C'EST ?!! QU'EST-CE QUI SE PASSE MERDE ?!!

L'homme ne se départit pas de son calme.

-Ce qu'il se passe ? Tu le sais déjà, Aude.

-MON NOM C'EST ALLY !

-Non. C'est l'identité qui t'a été attribuée quand tu as obtenu la permission de vivre en dehors du site de la Fondation. Puis un accident est arrivé. L'administrateur regrette beaucoup ce qu'il t'est arrivé, surtout que tu n'es pas un membre remplaçable. Peu importe. Je vois que les souvenirs commencent enfin à revenir, alors je vais prévenir les autres. Tu regagneras ton poste lorsque tu seras complètement rétablie.

-C...C'est FAUX ! Je ne peux pas avoir travaillé ici, je n'ai que 18 ans !

-La fontaine de jouvence fait des miracles, n'est-ce pas ?

-Qu-...

Je le fixais, abasourdie.

Qu'est-ce qu'il se passait ici, bordel ?

SCP - Dangereuse AttiranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant