Too late

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Daryl

Mine de rien, ma dispute avec Axelle m'a mis un sacré coup au moral. J'ai l'impression de tout faire de travers : Diego est mort, Estéban m'en tient pour responsable et maintenant j'arrive à m'engueuler avec ma copine. Grand schlem ! Mais je n'arrive tout simplement pas à comprendre son besoin de mentir sans arrêt, comme si elle ne me faisait pas totalement confiance. C'est une façon de me tenir éloigné de ce qui se passe dans sa tête et je déteste ça.

T'es bien placé pour parler.

Oui, j'avoue, moi aussi je lui ai pas mal menti ces derniers temps. Mais il y a des choses qu'on ne peut pas dire, surtout aux gens à qui on tient le plus. On risquerait d'abimer l'image qu'ils ont de nous. Et la pire chose qui puisse arriver maintenant, c'est qu'elle ne veuille plus de moi. C'est juste un petit mensonge pour qu'elle continue de penser qu'elle est tombée amoureuse d'un type bien.

J'ai passé la nuit dans un hôtel premier prix franchement minable. Je crois que j'ai pas dormi plus de trois heures en tout. Je ne faisais que ressasser, réfléchir, douter et penser à tellement de trucs que j'avais envie de m'arracher le cerveau à mains nues. J'aurais voulu rentrer hier soir mais vu comment on s'est quittés, j'avais un peu peur qu'Axelle refuse d'ouvrir la porte (oui, elle l'a déjà fait) et que je me retrouve à pieuter dans un fauteuil de la réception. Et puis, avec un peu de chance, en une nuit elle aura oublié notre dispute et elle ne me posera pas de questions sur Estéban...

Compte là-dessus.

J'y crois pas une seconde, mais bon, l'espoir fait vivre. Je rentre donc de bon matin, avec des croissants, espérant l'appâter pour commencer la conversation sur une bonne note. Mais dès que j'ouvre la porte de la chambre avec ma clef, je vois tout de suite que quelque chose cloche. Les volets sont encore fermés, la pièce est plongée dans la pénombre. Le lit est défait, mais Axelle n'est pas dedans et j'entends Lazslo qui aboie dans la salle de bain. Il y a une forme, sur le sol, recroquevillée contre le mur. J'entre dans la pièce sur la pointe des pieds.

« Axelle ? »

Elle ne se retourne pas mais alors que mes yeux s'habituent à l'obscurité, je reconnais la forme de son corps agenouillé par terre, ses cheveux noirs couvrant son visage, ses mains crispées sur son ventre. J'avance vers elle, espérant la faire réagir et je pose mon sachet de croissants sur le lit avant d'appeler de nouveau :

« Axelle ! »

Elle tourne enfin la tête. Son visage est encore un peu caché par ses cheveux en fouillis mais je vois dans ses yeux que quelque chose ne va pas. Je vois les traces des larmes qui se sont incrustées dans ses joues, ses traits tirés, son air absent. Elle esquisse un sourire léger.

« T'es là ? »

Sa voix est à peine audible. On dirait qu'elle a passé la nuit à crier et qu'elle ne peut plus parler. Je hoche la tête, inquiet.

« T'as vu ? demande-t-elle, j'ai fait comme t'as dit. J'suis restée ici. »

Elle dodeline un peu de la tête, faisant valser ses cheveux. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé pour la mettre dans cet état mais c'est forcément très grave. Une simple dispute ne suffirait pas. Elle reprend d'une voix basse :

« Mais il est venu quand même... »

QUOI ?

Il est venu ? Qui ? Quand ? Comment ? Est-ce qu'elle parle de l'enfoiré qui a essayé de la tuer à l'aéroport ? Est-ce qu'il lui a fait du mal ? Terrifié, je me précipite près d'elle et me laisse tomber à genoux pour la prendre par les épaules et l'ausculter sous tous les angles. A priori, à part son état mental, tout est en ordre.

Fire & Gasoline - Tome 2 [EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant