Fire & Gasoline - Tome 2 [EN COURS]

Déposition

Je suis absolument morte de trouille en franchissant la porte du commissariat où travaille l'agent Stone. J'espère qu'elle pourra me recevoir... Ou alors j'espère que non. Je ne sais pas trop. Je prends une grande inspiration avant de me diriger vers l'accueil. Un agent se tourne vers moi, me souriant aimablement:

„Mademoiselle, que puis-je pour vous?"

Je pose la carte de l'agent Stone sur le comptoir et la fait glisser vers lui, sans un mot. Il l'attrape et la lit rapidement.

„Vous voulez parler à l'agent Stone?"

Hochement de tête. Ma voix s'est totalement évaporée et j'ai la gorge aussi sèche qu'un désert de sel.

„C'est de la part de qui?"

Toujours sans un mot, je lui tend mes papiers d'identité. Il les parcoure du regard, tape quelques mots sur son clavier puis me les rend. Ma main tremble un peu.

„Un instant, je vais voir si elle est disponible."

Il décroche son téléphone et compose un numéro. Je m'agrippe au comptoir pour ne pas tomber tellement mes jambes me paraissent faibles.

„Ali'? Y a quelqu'un pour toi à l'accueil.

-...

-Axelle Lyce. Elle veut te parler.

-..."

L'homme se tourne vers moi.

„Elle arrive."

***

Je n'arrive toujours pas à parler. L'agent Stone est arrivée immédiatement à la réception et m'a serrée la main avant de m'emmener dans son bureau et de me servir une infusion que je n'ai pas eu le courage de refuser. Au moins, je peux m'occuper les mains en tournant frénétiquement la cuillère dans ma tasse. Stone sort un bloc notes, un stylo et se prépare à écrire avant de me dire:

„Bien, je vous écoute Miss Lyce."

Okey, donc là...c'est le moment où je parle. Mais rien ne vient. Ma voix est bloquée quelque part dans ma poitrine, au même niveau que cette boule d'angoisse douloureuse et étouffante. Je garde les yeux baissés.

„Miss Lyce?"

Je me force à lever la tête pour ne pas avoir l'air trop impolie. Ma bouche s'ouvre mais aucun son n'en sort. C'est foutu. Je n'y arriverai pas. C'est trop dur.

Lâche.

Heureusement, l'agent Stone ne se laisse pas décourager. Elle observe longuement mon visage, comprenant facilement que quelque chose coince. Puis elle décide de prendre la conversation en main.

„Est-ce que vous vouliez me parler de Mickael Bowen?"

Ce nom... Ma gorge se noue en l'entendant. Je baisse les yeux de nouveau avant d'acquiescer.

„Est-ce que vous voulez modifier vos réponses de notre premier entretien?"

Même réaction. Je serre la tasse de toutes mes forces pour arrêter de trembler. Peut-être que ça sera plus simple si je n'ai pas à parler.

„Bien, je vais donc vous reposer les mêmes questions. Est-ce que vous connaissez Mickael Bowen?"

Hochement de tête.

„A-t-il été engagé par vos parents pour vous garder alors que vous aviez 6 ans?"

Hochement de tête.

„A-t-il eu un comportement anormal envers vous?"

Hochement de tête.

„Cherchait-il à être seul avec vous?"