Fire & Gasoline - Tome 2 [EN COURS]

Je peux te faire confiance?

Je suis rentrée chez moi sans vraiment d'entrain, avec la sensation d'avoir vécu trois jours en un seul. Ça doit venir de cette sensation d'abriter plusieurs personnes en un seul corps, la fatigue est démultipliée. Psychologiquement, je suis exténuée. Comme si on m'avait drainée de toute mon énergie, au point de ne plus pouvoir aligner deux pensées cohérentes. J'entre dans l'appartement en mode automatique, ne rêvant que d'une douche et de mon lit alors qu'il n'est que 17h. Lazslo se met à aboyer mais ne se précipite pas sur moi. En pénétrant dans le salon, je le trouve allongé sur le canapé, sa tête posée sur les genoux de Daryl qui joue aux jeux vidéo. Celui-ci m'adresse à peine un regard.

Aïe.

Il est contrarié, ça se voit. Et je serais probablement capable de comprendre pourquoi si mon cerveau voulait bien se remettre à fonctionner correctement. Mais j'ai l'impression de réfléchir au ralenti. Faute de mieux, je lâche un « salut » las. Daryl ne me répond pas.

« Ça va ? »

Toujours rien. Dépitée, je me contente d'enlever ma veste et mes chaussures, puis je passe dans la salle de bain pour vider mon sac de sport et mettre mes affaires au sale. J'ai très envie de prendre une douche mais avant, j'aimerais que mon homme daigne s'apercevoir de ma présence, je retourne donc dans le salon et je reste plantée là, debout, à le regarder. Une minute passe pendant laquelle on n'entend que le bruit de son jeu. J'hésite à me coller devant la télé pour l'obliger à me parler.

« T'as pas répondu à mes messages. »

Miracle !

Il parle ! Sans me regarder, certes, mais au moins il a desserré les mâchoires. Rapidement, je me remémore les quelques moments de ma journée où je me suis aperçue que j'avais reçu un message de lui et que j'ai préféré ignorer. Si je compte bien, il y en a eu... 5. Je me mords la lèvre en baissant les yeux. Après avoir laissé passer un nouveau silence aussi gênant que culpabilisant, Daryl reprend :

« Je me suis inquiété. »

Ouais...évidemment.

5 messages en une journée juste pour avoir des nouvelles, c'est beaucoup trop pour lui. Et il savait que ma matinée allait être compliquée. Il a dû se faire un sang d'encre même s'il minimise les choses.

« Je...j'étais à la salle. »

Ça passe non ? J'étais à la salle. Mon téléphone était dans les vestiaires. J'ai pas vu ses messages. Ça passe. Il me jette un regard noir.

Non, ça passe pas.

Bien sûr que j'ai vu ses messages. A moins d'avoir perdu mon téléphone, il n'y a aucun scénario dans lequel j'aurais pu ne pas les voir. La vérité, c'est que je les ai ignorés parce que... Parce que quoi, au fait ? Je baisse la tête, honteuse.

« Désolée. »

Pourquoi j'ai décidé de ne pas répondre ? Sur le moment ça paraissait tellement logique. Mais si je l'ai ressenti ainsi, c'est qu'il y avait une raison. C'était juste...plus facile. Ne pas répondre pour ne pas y penser. Et maintenant je me retrouve à devoir assumer comme un enfant qui s'est enfermé dans sa chambre pour éviter la punition et se retrouve à devoir en sortir pour ne pas mourir de faim. Je marmonne :

« Je pensais que ça serait plus simple de te raconter en face à face.

-Et tu pouvais pas me dire ça par texto ? »

Bien sûr que si. Je dois me rendre à l'évidence, je n'ai aucune excuse crédible. Même si je voulais dire la vérité, je ne suis pas sûre de me comprendre moi-même. Sur le moment, ça me semblait la meilleure chose à faire. C'est tout. Daryl prend une grande inspiration avant de reprendre :