Fire & Gasoline - Tome 2 [EN COURS]

Lame

J'ai du mal à réaliser...mais aujourd'hui, c'est le grand jour. Aujourd'hui, je quitte mon pays natal, les Etats-Unis, pour emménager avec Daryl à Carthagène. Aujourd'hui, j'abandonne définitivement le passé, je dis adieu à l'Axelle d'avant et bonjour à l'Axelle d'après. J'ai l'impression de débuter un nouveau chapitre dans ma vie. Je tourne officiellement la page « Julio » pour me concentrer sur mon avenir : une nouvelle vie, un nouveau pays, un nouveau départ. Et ça ne me fait plus peur, au contraire. J'ai hâte de tout reprendre à zéro et avec Daryl. De toute façon, s'il est avec moi, il ne peut rien arriver de grave. Valises en main, nous entrons dans l'aéroport grouillant de monde.

« Lazslo ! Reste tranquille ! »

Au bout de sa laisse, le chien ne cesse de se tortiller et de tirer pour aller explorer les lieux qu'il ne connaît pas. Normal, il n'a jamais pris l'avion ! J'espère que le voyage se passera bien pour lui : le vétérinaire chez qui je suis allée pour vérifier que ses vaccins sont à jour lui a prescrit quelques relaxants pour faciliter le trajet mais je ne dois pas les lui donner avant de le laisser aux employés de la compagnie aérienne pour être sûre qu'ils fassent effet au bon moment. Et en attendant, mon chien est déchaîné ! Daryl regarde rapidement son téléphone.

« On est dans les temps ? demandé-je, un peu anxieuse.

-Oui, t'en fais pas. »

Je suis toujours un peu stressée avant les voyages et avoir mon homme avec moi me rassure beaucoup. Dire qu'avec tout ce bordel, on a failli être obligés de partir séparément ! Je tire sur la laisse de Lazslo qui essaie d'aller dire bonjour à un congénère.

« Tu sais où est l'enregistrement ?

-Par là-bas, je crois. »

Nous nous frayons un chemin à travers la cohue des voyageurs qui transitent à l'aéroporte. Autour de nous, des gens se séparent ou se retrouvent avec toute l'émotion que ça implique et je me sens moyennement à l'aise au milieu de tout ce monde. Alors nous avons parcouru la moitié du trajet, Daryl se fige.

« Merde !

-Quoi ?

-On a oublié de faire le change. »

Argh !

En effet, avant d'atterrir en Colombie, il serait judicieux d'avoir quelques pesos sur nous... Je me retourne pour essayer d'apercevoir l'enseigne d'un bureau de change.

« Il y a peut-être un truc par là...

-Viens, on va voir. »

Je soupire. Franchement, je commence à en avoir ma claque de cet endroit et Lazslo n'arrange rien ! Il continue à tirer sur sa laisse, me déséquilibrant régulièrement alors que je galère déjà à porter mon gros sac de voyage. Daryl me jette un regard et lève les yeux au ciel en souriant.

« Ça va, j'ai compris. Bouge pas, je reviens. »

Je me traîne dans un coin un peu à l'écart, histoire de me mettre à l'abri du flux des voyageurs pendant qu'il fait demi-tour et disparaît au milieu de la foule. Pour m'occuper, je me mets à regarder la vitrine du magasin juste derrière moi qui propose un choix assez impressionnant d'accessoires destinés à rendre le vol plus agréable : coussin, plaids, magazines, masques pour les yeux ou boules quies, c'est une vraie caverne d'Ali Baba là-dedans ! Prévoyant de dormir un peu, je suis en train d'hésiter à entrer acheter un masque quand je remarque quelque chose dans le reflet de la vitrine : un visage, juste au-dessus de mon épaule. Un visage aux traits épais, au nez légèrement écrasé et ces yeux noirs fixés sur moi. L'homme au sweat gris.