Chapitre 1

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  - Un garde du corps ?!

J'étais assis dans notre salon, mes parents devant moi, accompagné de deux policiers. Nous étions rentrés de la séance, il y a environ trente minutes de cela, et mes parents m'ont tout de suite informé de la chose. Enfin, ils m'ont expliqué ce qui se passait pour moi, avant de rentrer dans le vif du sujet. J'ai compris que quelque chose n'allait pas quand, une dizaine de minutes après qu'ils aient commencé à parler, deux policiers sont arrivés chez nous.

- C'est pour ton bien, et pour ta sécurité Adam, me dit ma mère tout bas.

- Mon bien ? Quelqu'un va me suivre tous les jours pour mon bien ?!

- Ta psychiatre nous a dit un bon nombre de trucs que nous ne savions pas sur toi, poursuivis mon père. D'après elle, tu vis constamment dans la peur...

- C'est faux !

- Laisse moi finir !

Il tapa du poing sur la table, et je me redressais sur le coup. Ma mère commençait à pleurer. Les policiers, eux, n'avaient toujours pas bougé.

- Peut-être qu'au fond de toi, tu ne t'en rends pas compte. Ou peut-être que tu ne veux pas te l'avouer, mais Adam. Quelque chose ne va pas. Avec ce garde du corps, tu te sentiras en sécurité. Il sera jusqu'à que... que ces deux connards soient arrêtés.

Il s'arrêta, avant de prendre ma main entre les deux siennes. Je sais qu'au fond de moi, j'ai peur. Vivre un kidnapping, c'est dur. Reprendre une vie après cela, n'en parlons pas. Mais vivre avec un homme qui me surveillera tous les jours... Ca l'est encore plus.

- Je ne suis pas d'accord avec ça. Je veux toujours vivre comme un adolescent, passer cette phase, difficile, seul. Comme un adulte.

- C'est trop tard, Adam.

Je levai un de mes sourcils en direction de ma mère, qui n'osait me regarder droit dans les yeux. Elle avait dit cette phrase d'une froideur à m'en faire froid dans le dos, retenant un sanglot.

- Comment ça ?

- Nous l'avons déjà payé. Nous avons déjà signé les papiers.

Mes yeux s'écarquillèrent. Ils avaient fait ça dans mon dos, sans même m'en avoir parler une seule seconde.

- Et bien reprenez votre argent !

- Ce n'est pas possible, monsieur Pearson.

Un des deux policiers, le plus grand, et le plus musclé, me regarda droit dans les yeux. J'avais la haine. Contre mes parents, mais aussi contre ma psychiatre. Elle m'avait promis de ne rien dire, de garder cela pour elle.

- Vos parents ont fait toutes les démarches nécessaires. Les documents ont été envoyés à l'Etat, et nous ne pouvons les arrêter. De plus, le garde du corps est en route.

- Comment ça, est en route ?!

- Il commence son travail dès ce soir.

Je me levai, faisant bousculer la chaise derrière moi. Je regardai mes parents, une larme ruisselant sur ma joue. Mon père me tenait tête. Je sais qu'ils faisaient ça pour moi, pour m'aider. Mais je n'ai besoin de personne.   

  - Ils auraient dû me crever, au lieu de me faire passer par tout ça.

Je partis en direction de ma chambre, sans même réfléchir à ce que je venais de dire. Quand j'arrivai devant celle-ci, je m'enfermai à l'intérieur à double tour, et me mis sous mes draps blancs, mon portable entre mes mains. Je hais mes parents. Je hais ce garde du corps. Je hais ma vie.

XXX

Sans m'en rendre compte, je m'étais assoupi pendant près d'une heure. Avec tous les événements qui venaient de se dérouler, j'avais juste besoin de temps pour moi, seul, avec ma musique. Quand j'émergeai d'en dessous de mes draps, il faisait nuit dehors. Je pus lire grâce à mon téléphone qu'il était près de sept heures du soir.

Ma chambre se trouvait à l'extrémité de notre salon, donc je ne pouvais savoir s'il y avait encore quelqu'un en compagnie de mes parents. Je sortis difficilement de mon lit, allumai une petite lampe, avant de sortir de ma chambre. Je traversai mon long couloir, sombre, pour finalement arriver dans mon salon.

La télévision était allumée, mais personne était devant. J'entendis quelqu'un monter les escaliers, et ma mère, quelques secondes après, se trouva à ma hauteur, suivie d'un homme. Ce n'était pas mon père, non.

- Adam ! Te voilà.

Elle me serra dans ses bras, comme ci, je ne l'avais pas vu depuis des semaines. Quand ma tête passa derrière ses épaules, j'en profitai pour relooker l'homme qui se tenait derrière la génitrice. Un homme grand, brun, musclé (normal pour un garde du corps), une barbe naissante, beaucoup de tatouage (je pouvais en distinguer un qui remontait de son cou). Il était vêtu d'un costard, une oreillette à son oreille droite. Il se tenait droit, ne laissant rien paraître. Quand ma mère me relâcha, elle fit avancer l'homme vers elle.

- Adam, je te présente James Brown, ton... garde du corps.

Il me tendit la main, qui elle aussi, était tatouée. Je lui rendis sa poigne, avant de mettre ma main dans ma poche.

- Monsieur Pearson. Ravi de vous rencontrer.

Je me mis à rire. Monsieur Pearson ? Réellement. Ma mère me regarda, les sourcils levés.

- On peut déjà mettre quelques bases, monsieur...

- Brown.

- Ouais voilà.

Je m'assis sur mon canapé, suivis de ma mère. James (oui, je vais l'appeler James, et non monsieur Brown), resta debout.

- Étant donné que je ne veux pas que vous soyez là, comme je l'ai dit, je vais poser des bases. Dans un premier temps, ne m'appeler pas Monsieur Pearson. J'ai seulement 17 ans, donc appeler moi par mon prénom.

- C'est dans mon travail de vous appeler...

- Je m'en fous. Vous voulez rester ? Alors appliquez mes règles.

- Adam !

Ma mère me fit une tape sur l'épaule, suivit d'un regard noir qui vint me donner la chair de poule.

- Ne lui parle pas comme ça ! Il est là pour t'aider, tout comme nous.

- Je suis si difficile que ça à gérer ?

Ma mère se tut, et se remit droite sur le canapé. Je reposai mon regard sur James.

- La première règle est celle-ci. Deuxièmement, même si cela n'est pas une règle, mais plutôt un renseignement, qu'est ce que vous allez faire, concrètement ?   

  Il sortit un papier, de sa poche intérieure, avant de demander de s'asseoir. Bien sûr, ma mère acquiesça, et il vint poser son fessier entre le mien et celui de ma génitrice. Il posa son papier sur la table basse en verre.

- Monsieur Pearson... Enfin... Adam. Voilà en quoi j'ai été engagé, par vos parents. Je suis ici pour vous protéger, comme garde du corps. Pour faire simple, je vous accompagnerai à l'école, et vous ramènerai chez vous. Je resterai dans ma voiture de fonction jusqu'à ce que vous sortiez de l'établissement. Si vous devez aller quelque part, il faut me tenir au courant. Par la suite, j'avertirai vos parents, pour obtenir leur accord...

- Attendez... Ca veut dire que si je veux sortir en ville avec mes amis, sortir en boite, ou autre, vous devrez m'accompagner ?!

Il me regarda, puis vint reposer ses yeux sur son papier.

- C'est exact. Du moins, je vous conduirai à l'endroit souhaité. Si vous allez dans une boite de nuit, je resterai dehors. Ou dans le bureau du gérant de la boite, pour être à côté des caméras de surveillance. Si vous allez dans un bar, je resterai dehors, à vous attendre.

- Et si je vais dormir chez un ami ?

- Dans ce cas-là, avant que vous rentriez dans la maison, je devrais fouiller cette dernière, et je resterai dans ma voiture, toute la nuit. Je ferai des rondes. Au matin, je vous ramènerai chez vous.

Je levai les yeux en l'air, avant de m'avachir sur le canapé.

- En clair, pour résumé, je n'aurais plus de vie ? On se croirait dans un épisode de NCIS. Vous savez au moins pourquoi vous êtes ici ?

Je me levai. J'en avais marre d'être assis, à ne rien faire. Sans même m'en rendre compte, mon père venait de monter les escaliers, et se trouvait juste derrière moi.

- Affirmatif, monsieur.

- Alors pourquoi êtes-vous ici ?

Il jeta un regard à mes parents. Ces derniers sortirent de la pièce un à un. Ma mère effleura sa main contre la mienne. Je ne lui jetai même pas un seul regard. James, lui, resta assis, ne laissant rien paraître sur son visage.

- Car vous vous êtes fait kidnapper, monsieur. Des personnes vous ont kidnappé pendant une semaine, et sont toujours en liberté. Même s'il y a très peu de chances qu'ils reviennent pour vous, vous avez peur. Vous faites des cauchemars. Comment je peux vous aider face à cela ? Je serai bien sûr ici si les deux individus reviennent. Mais surtout, pour apaiser votre conscience. Il y a, bien sûr, un réel danger, à l'extérieur. Mais pas le même danger si j'étais le garde du corps de Trump, par exemple.

Je me tût, regardant mes pieds. Une larme vint s'écraser sur ma joue. Il savait absolument toute ma vie. En quelques minutes, cette personne, totalement inconnue pour moi, en savait mieux sur moi que certains des membres de ma famille.

- Vous perdrez votre temps.

- Je ne pense pas. C'est mon métier. Protégez des individus. Je suis garde du corps pour une personne anodine, comme vous. Pas un garde du corps de star.

Je pris une grande inspiration, avant de lever ma tête, afin de faire face à ce dernier.

- Et si je n'obéis pas à tout cela ? Si je ne vous dis pas lorsque je dois aller quelque part ?

- Alors je pourrai démissionner. Or, vos parents ont payé pour que je sois ici. Et ce n'est pas rien. Alors faites votre choix. Soit vous décidez de perdre de l'argent, et en plus, vous perdrez moi, donc une défense. Soit vous écoutez ce que je vous ai dit, et vous essayez d'aller mieux. Les cartes sont entre vos mains, pas les miennes.   

Je réfléchis. Bien sûr que j'avais envisagé de partir sans même le prévenir. Bien sûr que j'avais envisagé de ne jamais l'écouter. Mais mes parents ont payé pour ça. Pour moi. Pour me protéger. Nous ne sommes pas riches, loin de là. Ils ont fait ça pour moi.

- Maman ? Papa ?

Ces derniers arrivèrent en quelques secondes à l'étage. Je pouvais deviner qu'il venait de nous écouter.

- Oui, mon chéri ?

Ma mère vint prendre mes doigts entre ses mains. Tout à coup, je me sentais apaisé. Même si je ne voulais pas de ce garde du corps, je dois bien avouer que je me sentais un peu plus en sécurité.

- J'ai une dernière question.

- Nous t'écoutons ?

- Il va dormir où ?

Bien sûr, je craignais la réponse. En aucun cas, je n'avais envie qu'il dorme dans ma chambre. Nous avions seulement deux chambres. Je suppliais tous les dieux pour qu'il puisse dormir sur le canapé. 

Garde du corps [BXB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant