Une semaine. Cela faisait une semaine que j'avais reçu la lettre, durant la nuit. Pendant ces sept jours, ma vie a été un réel cauchemar. Dès le matin, je suis allé voir les policiers, comme toutes personnes feraient s'ils recevaient ce genre de lettre. Ce sont enchaînés par la suite les allés retours chez les flics. Les policiers qui venaient deux fois par jour pour faire une ronde de la maison, et du voisinage. Les nuits blanches. Les pleurs. La peur. L'angoisse.
Je ne suis pas retourné à l'école. Je n'en avais pas envie, et je n'avais pas la force. Je restais simplement cloîtré dans ma chambre, seul. Anna me rendait visite tous les jours, mais je ne savais pas quoi dire. À chaque fois que je la voyais, je pleurais. J'avais peur. L'angoisse parlait à ma place. Aucun mot ne pouvait sortir de ma bouche.
Les trois premiers jours ont été les plus durs. Je sortais de ma chambre simplement pour aller aux toilettes, et pour me doucher. James ne dormait plus à côté de moi. Désormais, il faisait nuit blanche. Il restait devant ma porte, et me surveillait. La journée, il dormait, et au moins un de mes parents restaient à la maison, pour me surveiller. À partir du troisième jour, je suis sorti de ma chambre. Je recommençai à parler, essayais de reprendre un quotidien normal. Mais revoir à chaque fois les policiers faire le tour de ma maison me ramenait à dure réalité.
J'allais désormais voir ma psychiatre tous les deux jours. Elle me parlait, mais je ne l'écoutais pas. Je n'en avais pas envie. J'avais simplement envie que James me prenne dans ses bras, et me dise que tout ira bien. Qu'il sera là pour me protéger. Mais une personne manquait à l'appel. Jordan. Aucune nouvelle depuis la dernière soirée que nous avons passée ensemble. Et pour ça, avec tout ce qui a pu se passer, je lui en veux fortement.
- Adam, tu peux descendre s'il te plaît ?
Ma mère m'appela depuis la cuisine. Je laissai tomber mon téléphone à côté de moi, et m'assis d'abord sur mon lit. Il était plus de deux heures de l'après-midi, et ma génitrice s'apprêtait à se rendre au travail. Avec beaucoup d'efforts, à cause de la fatigue, je réussis à sortir de mon isolement, pour me rendre dans la cuisine. Ma mère s'y trouvait, un mug entre les mains, en train de lire un magazine de mode.
- Ah te voilà !
Elle me fit un sourire, et me prit dans les bras.
- Je vais devoir partir au boulot, comme tu peux le savoir. Et je voulais te demander quelque chose...
Elle se mordit l'intérieur de la lèvre, et posa son mug sur la table. Je levai un sourcil, intrigué par ce qu'elle allait me dire. Je lui fis signe de la tête, pour qu'elle continue.
- Grand-mère ne va pas très bien... Il y a les pompiers chez elle, et ton oncle n'est toujours pas rentré... Je me suis dit que...
- Que j'aille la voir ?
Elle releva la tête vers moi, et plongea son regard dans le mien.
- C'est comme tu veux, Adam. Si tu te sens fort. James sera là, et il y aura beaucoup de...
- Je vais me préparer.
Ma mère leva un sourcil, et sur mes mots, je me dirigeai vers ma chambre. Elle m'aurait proposé cela il y a deux jours, j'aurai directement refusé. Mais désormais, j'en ai marre de rester dans la maison, à croire que je suis un animal de cirque. Il ne peut rien m'arriver : James sera avec moi, nous allons simplement dans l'appartement de mon oncle, qui se situe en plein centre ville, et où des pompiers font leur travail. Je n'ai pas à avoir peur. Je pris les premiers vêtements qui sortaient de ma penderie, et les enfilai à la va-vite. À vrai dire, je me sentais excité de sortir, de sentir l'air. D'être normal.
Après m'être brossé les dents, je descendis les escaliers deux à deux, pour faire face à James, et ma mère à ses côtés. Ils devaient m'attendre, puisque mon garde du corps avait déjà ses clés de voiture dans sa main. Arrivée à leur hauteur, ma mère s'approcha de moi, et posa ses deux mains sur mes joues.
- Si tu as le moindre problème...
- Je t'appelle, toi ou papa. Je sais maman, ne t'inquiète pas.Elle me regarda, avant d'embrasser mon front. Je lui souris, et me rendis à l'extérieur. La rover, que je n'avais pas vu depuis plus d'une semaine, m'attendait. Je m'assis à l'intérieur, et sans plus attendre, James démarra la voiture. Nous nous dirigions à une vitesse assez élevée vers l'appartement de mon oncle, qui se trouvait dans le centre de Seattle.
- Nous allons où ?
Je tournai la tête vers James, qui était concentré sur la route. Ses traits étaient crispés, comme s'il était énervé.
- Chez mon oncle, à Seattle. J'ai mis l'adresse sur le GPS.
Mon oncle a commencé à habiter avec sa mère, dès que cette dernière est tombée malade. Étant donné que ce dernier n'a pas d'enfants, ni de femmes, il a accepté. Bien sûr, des infirmières viennent tous les jours pour voir l'état de ma grand-mère, car mon oncle travail. Mais j'essaye de m'y rendre le moins possible. Non pas parce que je n'aime pas ma grand-mère. Car je ne veux pas la voir dans l'état où elle est : elle est malade, et vit dans la souffrance.
- Très bien.
Je levai un sourcil, intrigué. James semblait énervé, et était très froid. Sans même me poser une question, je posai ma main, sur la sienne, qui était posé sur sa cuisse. Il la regarda, et l'enleva, sans même me regarder.
- Il est où le problème ?
Il rigola nerveusement, et mis quelques secondes à répondre.
- Il n'y a pas de problème.
À mon tour, je rigolai nerveusement. Rien ? Pas de problème ? C'est pour cela qu'il venait juste de me rejeter comme une merde.
- Ah ouais ? Pourtant, t'es froid.
Je vis ses mains se resserrer sur le volant. Quelque chose le tracassait, et je pouvais le voir. Sa mâchoire était crispée, et il ne me parlait pas.
- Je suis concentré, c'est différent.
- Si tu le dis.
Désormais, je l'ignorai. C'est vrai que, depuis la lettre, j'ai été distant. Depuis une semaine, nous n'avons pas échangé de baisers. Nous n'avons pas trop parlé. Mais pour la simple et bonne raison que je n'avais pas la tête à ça. Je pleurais toutes les larmes de mon corps. Je n'arrivai pas à dormir. J'étais constamment sur les nerfs. Je n'avais pas que ça à penser. Mais s'il a décidé de la jouer comme ça, moi aussi, je peux jouer au con.
Au bout de près de dix minutes, James se gara sur le bas-côté. Nous étions enfin arrivés à Seattle, et la ville grouillait de monde. Les gens faisaient les magasins, buvaient des cafés en terrasse, même s'il faisait très froid. Et si mes kidnappeurs étaient en train de me regarder, là, maintenant ? Il faut vraiment que j'arrête de penser à ça.
- Je te laisse ici, je vais...
Je ne lui laissai pas finir sa phrase, que j'ouvris la porte, pour me rendre à l'extérieur. Il était clairement énervé de mon attitude, et fit ronfler son moteur. Qu'est-ce que j'en avais à faire ? Il veut jouer à ça ? Je vais gagner.
Devant moi, se tenait un grand immeuble, beau, chic. Mon oncle habitait au troisième étage, avec ascenseur bien sûr. Je sortis les clés de l'appartement de ma poche, et me précipitai à l'intérieur du hall d'entrée. Un grand lustre illuminait la pièce. Il n'y avait personne, et j'en profitai pour prendre l'ascenseur, en toute tranquillité.
Arrivé au troisième étage, je me dirigeai vers la porte d'entrée de mon oncle, et entrai sans frapper. Ils étaient beaucoup à l'intérieur, et ne m'entendrai pas dans tous les cas. Je laissai mes chaussures devant la porte, et m'aventurai à l'intérieur. Le salon se dressait devant moi, avec deux pompiers, qui étaient assis sur les chaises d'une grande table en verre, en train de remplir des papiers. Je n'osai pas les déranger, mais je ne voulais pas passer pour un voleur. Je raclai donc ma gorge, pour leur faire comprendre de ma présence. L'un d'eux leva sa tête, et me dévisagea de haut en bas.
- Bon... Bonjour. Je suis Adam Pearson, le petit-fils de Marie. Je viens la voir, j'ai appris que les choses ne vont pas très bien.
Les deux pompiers me regardèrent. Oui, j'ai bien dit Adam Pearson, celui qui s'est fait kidnapper. J'ai l'impression d'être nu. Je levai les sourcils, en attente d'une réponse. Un des deux pompiers se leva, et s'approcha vers moi.
- Bonjour ! Oui.. Euh. Eh bien, elle a fait un malaise, toute à l'heure. Les choses n'allaient pas très bien, mais désormais elle dort. Vous pouvez aller la voir, s'il vous voulez.
- Très bien.
Je leur fis un sourire, un faux sourire, et me dirigeai vers sa chambre. L'appartement était grand, mais sa chambre petite. J'ouvris la porte avec délicatesse. À l'intérieur, ma grand-mère était allongée sur un lit médicalisé, une sonde qui partait de son bras, et qui arrivait à une petite poche au-dessus de sa tête. Une machine mesurait les battements de son cœur, qui étaient irréguliers. Je m'approchai doucement d'elle. Arrivé vers son lit, je posai ma main sur sa main droite. Au moins, je savais qu'elle ne pouvait pas me repousser.- Oh.. Grand-mère...
Une larme roula le long de ma joue, sans même que je m'en rende compte. Son état me faisait beaucoup de mal. Il y a cinq ans, je rigolai encore avec elle, tous les deux assis autour de la table, une bière à la main. Elle me racontait comment elle avait rencontré mon grand-père, et à quel point s'était un mauvais coup pour sa première fois ! Désormais, elle est couchée, incapable de marcher, ni de parler. Je n'ai pas la même personne devant mes yeux.
- Les choses ne vont pas très bien ces temps-ci, grand-mère. Mais tu sais, j'ai un copain, maintenant. Et c'est mon garde du corps ! Tu dois sûrement te demander pourquoi j'ai un garde du corps, mais ça, c'est une longue histoire. Ce qu'il faut que tu retiennes, c'est qu'il me rend heureux. Et que je me sens en sécurité avec lui. C'est l'essentiel.
Désormais, les larmes coulaient à flots. Je n'aimais pas la voir comme ça. Et je savais, qu'au fond, elle ne voulait pas me voir comme ça aussi. Faible, et malheureux. J'approchai mon visage du sien, et déposai un baiser sur son front.
- Et j'espère qu'il est doué au pieu, pas comme papi.
Je me mis à rire seule, imaginant sa réaction, puis son rire qui aurait suivi. Je savais qu'elle n'en avait pas pour longtemps, et qu'elle ne pourrait jamais le rencontrer. Je ne dis pas que, moi et James, c'est pour la vie. Mais il occupe déjà une place importante pour moi.
- Oh, Adam.
Je me retournai, pour faire face à lui, en vêtement de pompier. Sérieusement ? Jordan ? Un pompier. Je soupirai, car non seulement, il venait de casser ce moment avec ma grand-mère, mais aussi parce que j'étais énervé contre lui.
- Je ne m'attendais pas à te voir ici.
Il entra dans la chambre, et posa son casque par terre. Je ne lui souris pas, et pris mon sac à mon tour.
- Moi non plus, et ça aurait été mieux si tu n'étais pas venu.
Il leva un sourcil alors que j'essayai de sortir de la chambre.
- Je faisais mon travail.
Je soupirai d'énervement.
- Je ne te parle pas de ça, débile. Que tu sois là, maintenant, devant moi.
Encore une fois, il leva le sourcil. J'essayai de partir, mais il me bloquait complètement la porte. Je n'avais pas envie de parler avec lui, et encore moins avec ma grand-mère à côté. Je sais qu'elle peut nous entendre.
- De quoi tu parles ?
Je laissai tomber mon sac par terre, avant de plonge mon regard dans le sien.
- "Je serai toujours là pour toi Adam", et bla bla bla. Et t'étais où, pendant presque deux semaines ?! Et t'étais quand tu as entendu les infos, qui parlaient que de moi ?!
Il baissa les yeux, honteux. Je sais ce que je disais, et son comportement m'avait fait beaucoup de mal, et m'avait aussi beaucoup déçu. Il prit une grande inspiration avant de reprendre.
- Je bossais, je voulais t'envoyer un message, mais...
Je le coupai net, et repris mon sac qui était posé par terre.
- Toi et tes excuses bidon, allez vous faire foutre. Tes promesses à deux balles, tu les gardes pour toi si tu ne sais pas les tenir. Maintenant, tu t'occupes de ma grand-mère et c'est tout. Sur ce, bonne journée.
Je le poussai, même s'il était beaucoup plus fort que moi, et m'aventurai dans le couloir. Désormais, James se tenait devant moi, accoudé contre le mur du couloir, surpris de me voir. Il devait sûrement nous écouter, et ça, depuis quelques minutes.
- Sérieusement ? J'essaye d'être gentil avec toi, tu me repousses, mais en plus, tu écoutes aux portes ?!
J'avais envie de le gifler, de le taper, mais me ravisais. Je cognai simplement son épaule en passant, et partis de l'appartement, énervé. C'était une très mauvaise idée de venir là.

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Garde du corps [BXB]
Storie d'amoreTout semble aller pour le mieux dans la petite vie d'Adam, 17 ans, jeune adolescent dynamique, aimé par ses parents, et par le peu d'amis qu'il possède. Jusqu'au soir où sa vie d'adolescent normal bascule dans l'enfer, lorsque ce dernier est kidnapp...