Garde du corps [BXB]

Chapitre 13

  À vrai dire, je n'aurais pas pensé que cela aurait été si difficile. Cela faisait près de vingt minutes que je marchai, et je ne sentais même plus mes pieds. Le froid me frappait le corps à chaque pas. Il était 11:30pm, et je devais être à la maison avant minuit. Si j'arrivai en retard, mes parents m'interdisaient de sortir en boite de nuit le lendemain. Il me restait plus de trente minutes de marche. Je ne serais jamais chez moi à temps.

À vrai dire, je n'en veux pas à Anna. Elle n'a pas vraiment pris partit, et à essayer de nous séparer. Elle est rentrée avec lui, certes, me laissant seul, dans la neige, dans le froid. C'est surtout ça qui me gêne. Me laisser pour un parfait inconnu. Et s'il la violait ? Et s'il lui faisait du mal ? Je savais qu'au fond, ce mec n'était pas dangereux, mais quand même.

Grâce aux lampadaires, je pouvais voir la route qui se dessinait devant moi. Une longue route devenue blanche à cause de la neige. Une longue route que j'avais empruntée beaucoup de fois, pour aller à l'école, en vacances, en course... Cette route, c'est un peu le résumé de ma vie. Au début, tout va bien. Mais au bout d'un moment, il y a un virage. Un virage dangereux. Si nous ne savons pas comment prendre ce virage, nous faisons un accident. Je n'ai pas su comment me défendre cette nuit-là, et on m'a kidnappé. Cette route, c'est ma vie.

Le futur, me réservait-il quelque chose de bon ? D'un côté, je pense que oui. J'ai rencontré James, Jordan. Même si ce dernier est en fait une ordure. J'ai toujours mes parents qui m'accompagnent dans les moments difficiles. Mais parfois, je me demande si j'arriverai à surmonter tout ça. Parfois, j'ai qu'une envie. Partir. Mettre un terme à tout ça. Me laisser voler, là-haut, où je pourrai veiller tranquillement sur ceux que j'aime. Mais je n'en ai pas la force. Je n'ai pas la force de dire au revoir pour de bons à mes parents.

Je vis une voiture s'approcher, au loin. Cela me rassurait, mais m'angoissai aussi. Pour la simple et bonne raison que, depuis mon départ du bowling, aucune voiture n'était passée. Aucune. Seulement moi, sur une route déserte. À ma hauteur, la voiture ralentit, puis repartit de plus belle. Je suis si beau que ça ?

Pour essayer de me changer les idées, et pour essayer de me réchauffer, je me chantai une chanson, en arrière-plan, dans ma tête. Chanter. Personne ne le sait, mais oui, je chante. Parfois. Sous la douche, devant un miroir. Je ne suis pas le meilleur des chanteurs, mais je me débrouille. Sans m'en rendre compte, les paroles quittaient ma bouche. J'étais seul. C'était mon moment.

- I wish that I could I let you love, Wish that I could let you love me ( Je voudrais pouvoir te laisser, voudrais pouvoir te laisser m'aimer )

Au fond, cette musique, je la dédiai plus ou moins à James. Je savais qu'entre nous, il n'y avait pas simplement que le rôle du garde du corps et de la victime. Il y a avait bien plus. Mais je me mettais des bâtons dans les roues. Même si je suis de nature timide, quand je veux quelque chose, je fais tout pour l'avoir.

- Say what's the matter, what's the matter with me? What's the matter with me? Oh, I wish that I could I let you love, wish that I could let you love me now ( Je dis quel est le souci, qu'est-ce qui cloche avec moi? Qu'est-ce qui cloche avec moi? Oh je voudrais pouvoir te laisser, voudrais pouvoir te laisser m'aimer à présent )

Est-ce que c'est réciproque ? Est ce que lui aussi ressent des choses pour moi ? Je ne sais pas, et je ne le saurai jamais. Pour la simple et bonne raison que je n'avance pas du bon côté. Que je cherche trop compliqué. Que je n'arrive pas à être heureux.

Je sortis de mes pensées quand la voiture, que j'avais il y a quelques minutes maintenant, se trouvait à mes côtés, et roulait à la même allure que moi. Autrement dit, très lentement. Mon corps commençait à battre à toute allure. Je dirigeai mon regard vers cette dernière, et mon cœur se mit à battre plus lentement. Qu'est-ce qu'il fout là ?

- Casse toi, je ne veux pas te voir.

Je pouvais l'entendre soupirer à l'intérieur de la voiture, car il avait baissé la fenêtre côté passager. Pourquoi est ce qu'il était revenu ? Je pouvais déduire qu'il avait ramené Anna, car elle n'était plus dans la voiture.

- Adam, je suis...

- Désolé, je sais. Mais les excuses, je n'en peux plus. Je m'en contre fou de tes excuses bidon ! Tu as agi, comme un connard, c'est tout.

Il baissa la tête, honteux. Des larmes de fatigues, ainsi que de tristesse, commencèrent à venir s'écraser le long de ma joue. Pourquoi les gens sont-ils obligés d'agir comme des cons ?

- Tu peux au moins me laisser parler ?

- Je n'en ai pas envie.