Chapitre 6

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Je réussis à me lever, malgré un mal de crâne qui m'avait paralysé pendant plus de deux heures. Je m'étais réveillé à 8 heures du matin, mais il était impossible pour moi de mettre mes pieds en dehors de mon lit. Je n'avais pas réussi à m'endormir, seulement à somnoler. Il était maintenant dix heures, et même si j'avais toujours mal à la tête, je me sentais capable de sortir de mon lit.

Quand je levai la tête de mon oreiller, il n'y avait personne à mes pieds. Le lit n'était même pas défait, et la valise n'était plus là. Mon cœur se mit à battre fort. Aurait-il démissionné à cause de mon comportement d'hier ? Il a sûrement dû en avoir marre. Il est là pour me protéger en cas de danger, mais le voilà qui me ramène à une heure du matin totalement ivre.

Je mis un tee-shirt propre, et me dirigeai vers la cuisine. Je n'entendais aucun bruit dans la maison. D'habitude, j'entends soit la télé qui est en marche, soit mon père qui fait des va et viens dans la maison pour récupérer quelque chose qu'il a oublié. Là, il n'y a rien.

Je me sens seul. Je me sens délaisser. Ne pas avoir la présence de James à mes côtés me fait mal. Il est ici depuis mercredi, et je sais que j'aurai besoin de lui pour avancer. Pour me sentir en sécurité. Je m'assis sur le canapé. Mes parents avaient raison. Ma psychiatre avait raison. Avec lui, rien ne m'effraie. Hier, je n'aurais jamais parlé avec cet inconnu. Mais j'ai réussi à lui parler, parce que je savais que James était dehors, en train de me surveiller.

Je sortis de mes pensées quand la porte d'entrée s'ouvrit. Je me précipitai à l'étage d'en dessous, et tombai nez à nez avec mon garde du corps. Cette fois-ci, il ne portait plus son costard. Un simple tee-shirt blanc, qui moulait ses biceps à la perfection, ainsi qu'un jean noir.

- Bonjour Adam.

- Bon... Bonjour.

Je lui souris, et il vint me serrer la main. Un signe d'adieux ? Il part ? Il a déjà un nouveau client ?

- Pourquoi tirez-vous cette tête, on dirait que vous avez vu un fantôme.

- Je... Hum... Vous partez ?

J'avais dit cette phrase d'une délicatesse extrême, à tel point qu'au début, je pense qu'il ne m'entendit pas, car il lui fallut quelques secondes pour me répondre.

- En effet. Vos parents ne vous l'ont pas dit ?

- Eh bien... Non.

- C'était pourtant marqué dans le contrat.

Il attrapa sa mallette qui était à côté de lui, avant de sortir un papier. Une phrase était surlignée avec un surligneur jaune, et il la lit à haute voix.

" Monsieur Brown aura le droit de quitter la résidence de monsieur et madame Pearson à partir du samedi 10h, jusqu'au dimanche, 18h".

Je me mis à rire, nerveusement. Il part simplement un jour. Il ne part pas définitivement. C'est simplement un jour de congé.

- Ah... D'accord, je ne savais pas que vous partiez le week-end.

Il reprit la feuille, l'a plia en deux, et la rangea à nouveau dans sa mallette.

- Est-ce que cela vous dérange ? Je peux très bien rester, si vous ne vous sentez pas bien.

- Oh non non non... C'est juste que... Je croyais que vous partiez pour de bons.

Il leva un sourcil, et s'avança d'un pas vers moi. Je pouvais sentir son parfum, qui venait titiller mes narines. Il sentait bon. Il ne s'était pas coiffé, mais ses cheveux dans tous les sens me faisaient craquer. Qu'est-ce qu'il est beau... Pourquoi est ce que je pense à ça ?

- Je ne quitterai jamais cette maison jusqu'à ce que ces deux kidnappeurs ne soient arrêtés. Vous pouvez me faire confiance, Adam.

Je me mis à rougir. Il me fait vraiment perdre tous mes moyens. Sa voix rauque, et à la fois douce, me donne la chair de poule.   

 - Merci... Merci pour ce que vous faites. J'espère que votre femme ne se sent pas trop seule, ou qui que ce soit, lorsque vous repartez une nouvelle semaine... 

Il se mit à sourire du bout des lèvres. Ces moments étaient rares. Le voir sourire, ou du moins, voir un semblant de sourire, me réchauffait le cœur.

- C'est mon job, et c'est comme ça.

Il me fit un clin d'œil, et reprit sa mallette, avant de se diriger dehors, vers sa voiture de fonction. Sans même m'en rendre compte, mon mal de tête était passé.

- S'il vous arrive quoi que ce soit, vous avez mon numéro, Adam. Alors n'hésitez pas à me contacter.

- D'accord.

Il ouvrit sa portière, et s'assit à sa place.

- Attendez !

J'accourus à sa fenêtre, avant de toquer à cette dernière. Il l'abaissa, et leva un sourcil.

- Vous avez déjà un problème ?

Je me mis à rire.

- Non... Je... Je voulais juste vous remercier pour hier. Pour ce que vous avez fait. Vous n'aviez pas du tout à le faire, et malgré ça...

Il posa sa main, sur la mienne. Je la regardai. Il venait de poser sa main droite, sur ma main gauche. Il venait d'établir un contact entre nous. Certes, cela ne veut rien dire. Mais je ne pus m'empêcher de rougir comme une tomate.

- Vous n'avez pas à me remercier. Je vous l'ai dit, et je vous le redis, c'est mon travail. Être là pour vous. Même si cela n'avait rien avoir avec l'affaire qui a lieu, je ne pouvais vous laisser dans cet état. Sur ce, je vous souhaite un très bon week-end, Adam.

Il enleva sa main de la mienne, et partit de mon terrain. Je restai là, un long moment sur le terrain, quand je sentis mon téléphone vibrer dans ma poche. Je le sortis, et posai mon regard sur l'écran.

De : Inconnu.

Bonjour Adam. Je ne sais pas si tu es réveillé, mais je voulais simplement m'excuser pour hier. Je ne voulais en aucun t'offenser. Sincèrement. Jordan.

Je ne répondis pas. La seule chose que je voulais maintenant, était de me rendormir, pour calmer ce mal de tête qui était revenu, lorsque James avait commencé à rouler hors de ma vue.

XXX

- Tu te rends compte, Adam ?!

Mes parents m'avaient réveillé, en hurlant. Mon père m'avait tiré de mon lit. Nous étions maintenant dans la salle à manger, tous les trois assis autour de la table ronde. La veine frontale de mon père était apparente, ce qui prouvait qu'il était énervé. Ses muscles étaient tendus. Ma mère, elle, était à son deuxième café depuis que nous avions commencé à parler.

- Tu te rends compte de ce qui aurait pu se passer si James n'était pas là ?!

Ma mère ne faisait que crier, ce qui empirait mon mal de tête. Mon père ne parlait pas, tapait simplement du pied par terre. J'imagine que James leur avait dit par rapport à hier.

- Eh bien, Anna m'aurait ramené, tout simplement.

Mon père tapa du poing sur la table, me faisant sursauter. Une goutte du café de ma génitrice s'écrasa sur la table en bois de ma grand-mère. C'est vrai qu'elle est belle, comme table.  

- Arrête tes conneries maintenant, d'accord ?! Tu étais totalement ivre ! Ton garde du corps a dû te ramener avec je ne sais combien de grammes dans le sang ! Ce n'est pas son travail ! Il est ici pour te protéger, pas pour te...

- Je me suis excusé ce matin, ok ?! Il m'a dit qu'il était là pour moi, pour n'importe quelles situations ! Alors certes, hier, j'ai franchement abusé ! Mais laissez-moi vivre ma vie d'adolescent ! Osez me dire que vous ne vous êtes jamais pris une seule cuite de votre putain de vie. Laissez moi tranquille !

Sans m'en rendre compte, j'étais en train de pleurer. Même mes parents ne me laissaient pas vivre ma vie. J'ai abusé, mais je me suis excusé. Je sais que j'ai merdé, mais j'ai juste cherché à tout oublier seulement pour une soirée. Pour me sentir bien. Je quittai la table, et me rendis directement dans ma chambre. Cette dernière faisait vide, sans James. Son odeur régnait dans celle-ci, et je me jetai sur mon lit, le téléphone entre mes mains.

Les larmes continuaient de couler, quand je me rendis compte que je n'avais toujours pas répondu à ce fameux inconnu. À ce Jordan.

A : Jordan

Bonjour Jordan. Je suis désolé d'avoir réagi ainsi hier. L'alcool y était pour beaucoup. Je n'aime simplement pas parler de ce sujet, qui est encore trop fragile pour moi. En espérant te revoir dans tes temps plus agréables.

Je jetai mon téléphone à l'autre bout de mon lit, avant de fermer les yeux. Je n'avais pas forcément envie de dormir, mais la fatigue me frappa une nouvelle fois. Je fermais les yeux, en ayant James dans ma tête. Sa main sur la mienne. Son petit bout de sourire qui avait laissé apparaître des petites fossettes. Cette personne qui me faisait sentir en sécurité.   

Garde du corps [BXB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant